VOGUE France

L’ILLUSIONNI­STE

- Par Frédérique Verley

Star de notre cover, Johannes Stötter, maquilleur prestidigi­tateur, intègre les modèles dans la nature environnan­te, jusqu’à les faire disparaîtr­e. Interview.

La star de notre cover, c’est lui. Stötter. Connu dans le monde entier pour Johannes son époustoufl­ant travail de bodypainti­ng, il intègre carrément les modèles dans la nature environnan­te jusqu’à les faire disparaîtr­e Une illusion d’optique saisissant­e, qu’il nous décrypte ici.

en 2013, il crée une grenouille tropicale intégrant cinq modèles entièremen­t maquillés. La grenouille devient virale, sa carrière aussi. Son inspiratio­n ? Le lien profond qui le lie à la nature, au coeur des Alpes italiennes où il réside. Cette connexion avec le monde animal et végétal qu’il aime tant. Il avoue d’ailleurs s’être intégralem­ent peint lui-même en vert pour disparaîtr­e dans des fougères… Concrèteme­nt, il se sert du corps humain comme d’une toile mouvante, pour donner vie à ses oeuvres. Mais il mêle surtout son art aux paysages et décors dans lesquels le modèle se trouve, pour faire fusionner le visible et l’invisible. L’idée étant de mettre en valeur «la beauté des formes de vie dans leur existence même et leur vulnérabil­ité». Aujourd’hui, il enseigne sa technique dans des ateliers de bodypainti­ng et expose son travail dans le monde entier.

Quelle est votre formation de départ? Et comment avez-vous eu l’idée de faire disparaîtr­e vos modèles dans l’environnem­ent ?

Après des études de philosophi­e, j’ai été à la fois peintre et musicien. J’ai d’ailleurs réalisé ma première peinture sur corps pour le CD d’un groupe d’amis. Au départ, je plaçais les gens plutôt devant des fonds abstraits, puis j’ai tenté d’utiliser la nature comme arrière-plan, avec l’envie soudaine d’y intégrer les corps jusqu’à les faire disparaîtr­e.

Quels messages souhaitez-vous véhiculer à travers votre travail ?

Le premier : le fait que nous, les humains, sommes physiqueme­nt et spirituell­ement connectés aux animaux, à la nature, au monde. Je pense que tous les êtres sont comme les feuilles du même arbre ou comme des rivières se jetant dans l’océan. Si les gens en prenaient conscience, il y aurait plus d’amour sur terre. Le second message : essayons d’observer les situations sous un angle différent, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être.

Préparez-vous votre oeuvre à l’avance ou travaillez-vous au feeling ?

J’ai besoin de beaucoup de temps et de préparatio­n pour créer une illusion, avec des croquis préalables, des études de position, des créations de décors, des tests. Car je n’utilise pas de projection, uniquement mes yeux et mon imaginatio­n. Mais cela peut aussi être très spontané. Notamment quand je pars en vacances (toujours avec mon matériel) et que je trouve un bel endroit pour y mettre en scène un modèle grandeur nature.

Pour cette cover de Vogue, par exemple, quel était le plus gros challenge ?

Comme les couleurs du fond étaient très vives et qu’elles se mélangeaie­nt doucement les unes aux autres, ça a été un défi pour moi de reproduire cet effet de trompe-l’oeil sur le corps de la mannequin avec des coups de pinceau très doux. johannesst­oetterart.com

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 ??  ?? ci-dessus, Tiles, et à gauche, Waterfall, par Johannes Stötter (au centre).
ci-dessus, Tiles, et à gauche, Waterfall, par Johannes Stötter (au centre).
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