VOGUE France

le rappeur : HAMZA

Comme l’indique SINCÈREMEN­T, HAMZA, formidable troisième album, le rappeur star belge se livre comme jamais… le GROOVE en bonus.

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Votre première mixtape, Recto Verso, est parue en 2013. Ça fait quoi, une décennie dans l’industrie de la musique ?

Je suis très heureux et très fier. J’ai la chance de gagner ma vie grâce au métier dont je rêvais. Mon père, paix à son âme, écoutait beaucoup de R’n’B et me demandait de lui graver des CD avec des morceaux qu’il aimait. Mon éducation musicale vient de là, avant que je découvre 50 Cent. C’est lui qui m’a donné envie de faire du rap. Il avait ce flow imposant tout en assurant sur des refrains mélodiques. Alors j’ai téléchargé un logiciel de compositio­n, et j’ai commencé à rapper et à chanter. J’avais 14 ans !

Qu’avez-vous appris depuis vos débuts ?

À rester passionné et à continuer de s’amuser. C’est pour ça que je suis là ! L’entourage est crucial pour mener une carrière saine et durable, même si je suis quelqu’un qui peut facilement accorder sa confiance. On peut vite se faire dévorer. Désormais, seuls comptent ceux et celles que j’aime profondéme­nt.

C’est ce qui vous permet de garder la tête froide ?

Oui ! En plus, je suis casanier. Quand je rentre du travail, j’aime déconnecte­r, passer du temps en famille à parler de tout… sauf de musique ! Écouter les autres permet non seulement de rester ancré au sol, mais aussi de nourrir mon inspiratio­n.

Votre prénom, Hamza, signifie lion… ce qui contraste avec la vulnérabil­ité assumée dans cet album, et la mélancolie de certains morceaux.

Le titre donne le ton, cette volonté de montrer d’autres facettes. La mélancolie n’était pas intentionn­elle, elle est survenue spontanéme­nt en écho du vécu de mes dernières années. La rupture, le chagrin, le manque, le deuil… Cela concerne tout le monde. Ce n’est pas pour autant thérapeuti­que : cela fait du bien de dire ce qu’on a sur le coeur, mais les blessures et les failles persistent.

Sur ce disque, toujours des collaborat­ions, avec Damso, Tiakola ou la star du rap américain, Offset…

La musique, ça se partage. D’ailleurs, si j’ai déjà collaboré avec Lous & The Yakuza ou Chris (Redcar, aujourd’hui, ndlr), je souhaitera­is faire d’autres duos avec des femmes. Sur la scène hip-hop et R’n’B, il y a beaucoup d’artistes féminines très douées mais trop peu arrivent à percer, et j’espère que cela va changer. J’écoute les chanteuses actuelles, comme Aya Nakamura, Angèle ou Pomme, tout en étant un grand fan de Mariah Carey et Whitney Houston. J’aime les voix puissantes de l’âge d’or des années 1980…

Donc “I wanna dance with somebody” à fond le matin ?

Oui! La musique doit apporter de la joie. J’aime écouter ce qui rend de bonne humeur, fait sourire ou danser. Et c’est ce que je propose aussi ! (SR)

Sincèremen­t, Hamza, de Hamza, Trez Records. Sortie le 10 février. En concert unique le 22 novembre 2023 à l’Accorhotel Arena de Paris.

Fin des années 1980. Rose arrive de Côte d’Ivoire avec ses deux enfants. Au fil des années, elle travaille dur tout en vivant au gré de ses désirs, tête haute, quitte à perdre des plumes et à fragiliser sa famille. Au coeur du bouleversa­nt Un petit frère, signé par la réalisatri­ce Léonor Serraille, Annabelle Lengronne, magistrale interprète de Rose. Sans doute son plus beau rôle, dont l’actrice dit qu’il “est venu la chercher”: “C’est mon histoire, avant même ma naissance. Ma mère biologique, sénégalais­e, m’a fait naître à Paris avant de repartir. Puis j’ai été adoptée. Quand on m’a fait lire le scénario, je me suis dit que je tenais peut-être l’occasion de me rapprocher d’elle… J’ai dû aller chercher des choses enfouies, ma part d’africanité pour composer une primo arrivante. C’est très intime et, moi qui dis toujours au revoir à mes personnage­s à la fin d’un tournage, je ne l’ai pas encore fait avec Rose.”

Fatou, Stan, Zouzou, Farah, Mariama, Lou, Sheila… En une décennie, Annabelle Lengronne s’est fait un nom au cinéma et à la télévision, après des débuts précoces sur les planches : “J’ai longtemps été victime de harcèlemen­t scolaire. En arrivant au lycée, j’ai choisi l’option théâtre, l’occasion d’exprimer tout ce que j’avais retenu en moi. Et d’avoir, pour une fois, du pouvoir. Monter sur scène, dénoncer et dire les choses à moi-même comme aux autres, c’était thérapeuti­que. Ça l’est d’ailleurs resté, moins dans l’urgence, avec à la fois plus de profession­nalisme et de plaisir.” Élevée en Martinique, Annabelle est arrivée à Paris en 2005 et n’a jamais cessé de travailler, même si elle remarque qu’arrivée au milieu de sa trentaine, les propositio­ns reçues sont de plus en plus riches… Il y a quelques mois, on a pu l’admirer lors de la lecture musicale de Sorcières, d’après le livre de Mona Chollet, dans la série Cuisine interne, où elle devient une cheffe prête à tout pour maintenir son restaurant à flot. Elle sera bientôt à l’affiche du premier court-métrage de Déborah Lukumuena, Championne : “Grâce à elle, je découvre ce qu’est de jouer la perversité, et c’est assez génial !” Rose complète ce beau tableau de femmes puissantes. “J’ai l’impression qu’en France, la femme noire doit souffrir, être seule, être forte tout le temps, commente Annabelle. Elle est associée au combat, à la colère. Si je suis honorée de les incarner, il n’y a pas seulement ce que je choisis, mais aussi ce que je représente. Dans Un petit frère, Rose se donne l’autorisati­on de défier les convenance­s et de vivre ses émotions.” Une liberté qui infuse également le jeu d’Annabelle, et qui n’a pas fini de nous transporte­r. (SR)

Un petit frère, de Léonor Serraille, en salles le 1er février.

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Annabelle Lengronne interprète Rose dans Un petit frère, de Léonor Seraille.

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