«Je t’aime… moi non plus»
« Je l’ai interprétée par jalousie. Je me souviens que Serge faisait écouter la version avec Bardot qu’il n’avait jamais sortie à une équipe de télévision et il y avait une très jolie fille en jupe écossaise allongée sur le divan. Quand j’ai vu sa fierté de faire écouter ça aux journalistes et la fille sur le canapé, j’ai compris qu’il fallait que ce soit moi qui la chante. D’autant que d’autres comédiennes rôdaient, Mireille Darc lui demandait : “Alors Sergeou, elle devient quoi cette petite chanson ?” Je ne voulais pas qu’il se retrouve avec une beauté dans une cabine téléphonique à enregistrer à nouveau “Je t’aime… moi non plus” comme il l’avait fait avec Bardot. Quand il me l’a proposée, j’ai immédiatement accepté. On s’est retrouvé dans un énorme studio à Marbella, deux prises et l’affaire était pliée. Quand on est rentré à Paris, nous sommes allés dîner dans les caves à vins de l’hôtel des beaux–arts. Serge, sans rien dire, a joué le morceau sur le pick–up et tout à coup tous les couples se sont arrêtés de parler, fourchettes et couteaux suspendus en l’air. Serge m’a pincé en me disant : “I think we’ve got a hit record.” On n’imaginait pas une seconde que cette chanson allait représenter un tel symbole de liberté, et ce dans le monde entier. De l’espagne à l’argentine on l’écoutait en cachette, le pape l’a bannie, la BBC aussi, le patron de Phonogram Records a été jeté en prison en Italie. Je tournais encore un mauvais film à Oxford et tous les jours on voyait “Je t’aime… moi non plus” grimper dans les charts. C’était fou. »
Avec Joe Dallesandro dans Je t’aime moi non plus, en 1976 (ci–dessous). Dans Playboy, en novembre 1970 (ci–contre).