VAGUE AUSTRALE
Jusqu’à présent, la marque Zimmermann restait méconnue des Européennes, à l’exception de celles qui avaient passé leurs vacances en Australie, où elle est une institution. Derrière l’étiquette, deux soeurs, leur vision poético-fun de la mode et une volonté d’expansion qui vient de les mener jusqu’à Saint-Tropez. Par Théodora Aspart
Jusqu’à présent, la marque Zimmermann restait méconnue des Européennes, à l’exception de celles qui avaient passé leurs vacances en Australie, où elle est une institution. Derrière l’étiquette, deux soeurs, leur vision poético-fun de la mode et une volonté d’expansion qui vient de les mener jusqu’à Saint-Tropez.
commençons par la collection automne 2018, présentée à New York en février dernier : le podium est fleuri, tout en bleu pastel et rose poudré bien doucereux, mais contrairement à ce qu’on pourrait craindre, ce qui déboule dessus n’a rien de nunuche. Romantique, oui, nunuche, non. Voilà un essaim de cavalières dont le look semble résulter de la rencontre de l’époque victorienne et des années 80. Il y a bien du corset, du volant, de la soierie drapée et de la manche ballon, mais il y a aussi de la veste en cuir déstructurée, de la santiag, de la peau retournée, de la minirobe zippée, du décolleté à filer le vertige... Le défilé s’intitule «Unbridled», soit «Débridé(es)», tu m’étonnes. Et tout l’art de Zimmermann est là, dans cet exercice d’équilibrisme entre un esprit jeunes filles en fleurs rafraîchissant comme tout et une modernité un brin sauvage. 17 000 kilomètres nous ont longtemps séparés de cette marque créée en 1991, devenue une référence de la mode australienne. Zimmermann est évidemment un nom de famille, celui de deux soeurs, Nicky et Simone. Au commencement, Nicky,
diplômée d’une école de mode, influencée par une mère et une tante qui cousent elles-mêmes leur garderobe in extenso, confectionne des robes dans le garage de ses parents toute la semaine pour les vendre à Paddington Markets à Sydney le week-end. Long story short… Deux pages dans Vogue Australia et quelques commandes de boutiques plus tard, voilà que Simone, branchée marketing et finances, entre dans la danse. Le deal étant que chacune reste dans sa chambre : «On est très différentes et on a des compétences complémentaires, dixit Nicky. Simone n’intervient jamais sur le design et je la laisse faire ce qu’elle a à faire pour amener Zimmermann plus loin. Au début, on ne connaissait rien au business de la mode. On n’avait aucune idée de la manière de développer une marque, d’autant qu’on ne peut pas dire que l’Australie ait une histoire très riche de ce point de vue-là. On n’avait pas grand-monde à qui parler de nos ambitions. Du coup, on a navigué à notre manière, on a simplement essayé de prendre les bonnes décisions, à l’instinct.» L’une des meilleures étant de fusionner prêt-à-porter et swimwear, ce dont personne n’avait eu l’idée auparavant, à Sydney. «À l’époque, les designers de mode ne s’intéressaient pas aux maillots de bain et les marques de maillots proposaient des choses très fonctionnelles, dixit Nicky (employant, on croit comprendre, le mot “fonctionnelles” comme une alternative pudique à “moches”). C’est lors de la première fashion week australienne qu’on a songé à mélanger les deux et on n’a pas cessé depuis.» Pour définir le style Zimmermann, elle utilise trois mots : «frais, féminin et optimiste – et je crois que cet optimisme est vraiment quelque chose de très australien». En près de trente ans, la marque est devenue un étendard de la mode locale, Nicky Zimmermann a reçu divers prix et des boutiques ont éclos non seulement en Australie (où l’on en compte une vingtaine), mais aussi aux États-Unis (New York, Los Angeles…), à Londres et, tout récemment, à Saint-Tropez. Aka le spot de villégiature parfait, inoxydablement trendy et huppé, où règne un esprit léger qui tombe à pic. «J’aime l’idée que ma mode soit liée à une notion de plaisir et de fun, conclut la créatrice. Ce qui me plaît, c’est que vous portiez du Zimmermann à la fête à laquelle vous êtes invitée ce week-end ou pendant les vacances que vous prévoyez avec votre boyfriend pour l’été...»
Pour définir le style Zimmermann, Nicky utilise trois mots : «frais, féminin et optimiste – et cet optimisme est vraiment très australien».