VOGUE France

INTERVIEW

Petite dernière des filles de Jane et d’une famille de grands créatifs, Lou Doıllon a beaucoup cherché sa place. Elle a attendu 30 ans pour se révéler en musique et trouver son rythme dans l’écriture. Et celle qui craignait d’être soumise au regard des au

- Par Nelly Kaprièlian

longue liane aux pieds nus, les cheveux bicolores et le sourire éclatant, Lou Doillon nous ouvre la porte de sa petite maison lovée dans une cour du 11e arrondisse­ment de Paris. Un antre d’Ali Baba hyper chaleureux, où règnent une vaste cuisine anthracite et un joyeux bordel fait d’objets chinés et de souvenirs. Pendant que Gustave, son bouledogue anglais, tourne autour de nous, Lou met la cafetière en route et sort deux tasses Viandox. Il suffit de la regarder pour tomber sous le charme: si elle a hérité de cette grâce et de cette finesse de tanagra typiques des filles Birkin, elle a un côté plus direct, plus incarné que les autres. Les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Une force et une lucidité acquises au sein d’un clan tellement brillant qu’il a dû en devenir intimidant, voire écrasant pour la «petite dernière». Longtemps, elle s’est d’ailleurs cherchée – un peu actrice, un peu mannequin, une «fille de» qu’on s’attendait à voir disparaîtr­e –, elle a trouvé sa voie à travers la musique et s’est imposée en deux disques tendance folk, «Places» et «Lay Low», non plus comme la fille de Jane Birkin et de Jacques Doillon, mais comme celle de Patti Smith et de Bob Dylan. À 36 ans, d’une beauté folle et d’une intelligen­ce étincelant­e, elle s’impose comme le joyau de la couronne Birkin et signe son plus beau disque en janvier. L’envoûtant, racé, mystérieux «Soliloquy», dont on peut déjà parier que l’amoureux It’s You, avec Cate Power, deviendra la B.O. de 2019. n a l’impression que tu as grandi dans un clan très féminin… C’est vrai que c’était plutôt une tribu de filles. Cinq soeurs et un frère, les femmes, les ex-femmes, et la grandmère (la mère de sa mère, l’actrice Judy Campbell, ndlr). Et effectivem­ent, les hommes étaient souvent absents, ou alors très réservés. Mon grand-père parlait peu, voire pas, mon père pareil, et si Serge prenait plutôt plus de place, il n’était pas là tout le temps. Sous son apparence fragile, Jane semble en avoir été le pilier, la force. Quelle mère a-t-elle été ? Ma mère est une personne double, voire triple. Comme tous les artistes intéressan­ts, elle est d’une singularit­é folle. Donc effectivem­ent, elle est très courageuse, entreprena­nte, fantasque – elle se rêve infirmière, résistante… Elle pouvait préparer douze poulets rôtis et partir nourrir les clochards du 16e arrondisse­ment, les forcer à manger ses poulets même s’ils auraient préféré une bouteille. Quand j’étais petite, son grand truc c’était les maisons de retraite. Je trouvais ça sinistre. Elle allait masser les mains des gens, leur raconter des histoires… Les hommes autour d’elles étaient bien plus fragiles, et elle était leur infirmière à eux aussi. Elle s’occupait d’eux, et s’ils n’étaient pas dans le coin, on allait trouver d’autres gens, qu’on les connaisse ou pas, il fallait s’occuper de gens de toute façon (rires). Et si on savait comment la journée commençait, on ne savait jamais comment elle allait finir. Ma mère demandait à tout le monde de lui raconter sa vie, et il suffisait qu’on rencontre un chauffeur de taxi qui se plaignait de ne pas avoir revu tel membre de sa famille, vivant dans la banlieue de Nantes, et c’était parti! On prenait le taxi jusqu’à la banlieue de Nantes et on allait retrouver la personne qu’il avait perdue de vue depuis vingt ans. Tu aurais préféré qu’elle s’occupe plus de toi que des autres ? Petite, je devais sûrement lui en vouloir… Mais surtout, quand je croisais d’autres stars et enfants de stars, je les enviais car ils conservaie­nt quand même un monde privé.

Enfant, j’enviais les femmes secrètes – qu’est-ce que faisait une Deneuve à la maison ? On ne savait pas, alors qu’avec maman, on savait tout. Récemment, j’ai entendu un proverbe arabe: «Tout ce que tu ne dis pas est à toi pour toujours, ce que tu dis peut être utilisé par tes ennemis.» J’aime le privé. Comment grandit-on auprès d’une mère qui est une icône et d’une soeur comme Charlotte, qui très vite devient une star ? J’ai toujours ressenti une position d’ambiguïté, ambiguïté qui est toujours présente dans ma vie, dans mon travail. Le sentiment compliqué et étrange d’exister dans le regard des autres, mais de ne pas être claire, au sens premier du terme, d’être floue. Alors j’ai voulu une place à moi, sans lâcher. Petite, je n’avais pas de place ; je la prenais et je la perdais et je la reprenais tous les jours. C’était une lutte, les forces adverses étaient puissantes. Mais je suis un petit navire tenace! Puis j’ai découvert les métiers qui ne dépendent pas du regard de l’autre, de ce que les autres projettent sur vous, et c’est un boulevard de bonheur qui s’est ouvert à moi : la musique, le dessin, l’écriture.

Le bonheur, c’est à 30 ans que ça a vraiment commencé, alors que l’exposition a commencé à 14 ans. C’est un parcours long mais essentiel, il y a quelque chose de beau là-dedans. Même si tout a été vécu, étrangemen­t, sous le regard des autres. Qu’est-ce qui t’a construite ? Ce qui était vraiment bien, c’est qu’il y avait une sorte d’émulation, une forme de compétitio­n entre nous, car le niveau de créativité, à la maison, était fou. Nous avions une vie simple (on ne voyageait pas en première, on n’allait pas dans le sud de la France, on n’avait pas de staff…) et chouette, mais d’une singularit­é dingue. À la maison, Charlotte faisait des films, Kate dessinait et réalisait des robes de haute couture, mon oncle Andrew, qui est scénariste, photograph­e, réalisateu­r, chimiste et philosophe, regardait des lames au microscope et s’écriait «Oh my God, I found this molecule !» ; derrière, il y avait Serge qui jouait du piano, Jacques qui tournait quand même deux films par an, qu’il écrivait et montait lui-même, et ma soeur Lola qui tournait ses courts-métrages. Tout était artisanal, et tout le monde faisait des trucs.

Chez nous, le privé n’existait pas, il n’y avait pas de jardin secret. La mère que j’aı, c’est la même que la femme que le public voit. Le paradoxe, c’est que j’ai mis du temps à me trouver, et que pendant tout ce temps, on me voyait.

Donc là-dedans, on ne se pose pas la question d’être médecin, on se dit juste qu’il faut être aussi créatif. À 6 ans, je commence à découper mes fringues pour ne pas être habillée comme les autres, et je commence à vouloir débattre à table. Et comme ce sont les hommes qui parlent beaucoup et qui lisent beaucoup, je me mets à lire beaucoup et à vouloir tout apprendre. Donc tu te mets du côté des hommes ? Oui, parce que la beauté est tellement cinglée et écrasante du côté des filles que je perds espoir très vite. Chez nous, ils étaient tous merveilleu­x de créativité mais aussi très tranchants. Si vous vous exprimiez pour dire une connerie, il y avait dix personnes qui vous tombaient dessus. Le genre parents qui applaudiss­ent leur enfant qui chante sur la table, ça, je n’ai pas connu. Pourtant, tu commences à tourner dans les films de ton père et on t’a longtemps vue comme une fille pour qui tout était facile… Je comprends absolument ça. Mais nos rapports sont plus singuliers et drôles que ça.

Un assistant a voulu me raccompagn­er et il a dit: «Non, une fille qui ne connaît pas son texte, elle rentre à pied.» Ensuite, j’ai tourné deux fois avec lui parce que l’actrice s’était désistée au dernier moment. Aujourd’hui, on a l’impression que les textes t’ont plus construite que le cinéma ? J’avais besoin d’autres exemples de femmes, et c’est ainsi que les écrivaines ont pris une place essentiell­e dans ma vie. La première, c’est Dorothy Parker, qui est devenue comme un double: la lire m’apprend qu’idéalement, mon métier, c’est de vivre. Tomber amoureuse, se laisser aller jusqu’à la plus grande douleur, vivre les choses au plus vif, au plus vrai, c’est travailler. Tant qu’on en fait quelque chose, qu’on se met au travail. Tout est enjeu, tout le temps. Chercher la limite. Je me disais que je voulais avoir une vie comme celle de Dorothy Parker ou Sylvia Plath, ce qui pouvait faire peur à mes proches car c’était assumer une grande sensibilit­é et dépression. Comme chez toutes les «drôles», ça cache une immense mélancolie, et ce depuis l’enfance, et ces écrivaines m’apaisent car elles assument leur douceur et leur violence. Après, j’ai découvert les poètes à micro : Nina Simone, Patti Smith, P. J. Harvey… Au fond, ces femmes t’ont montré une autre façon d’en être une ? Elles m’ont appris à vivre pour moi et à l’intérieur de moi. Très petite, j’ai fait le choix que ce qui se passera de mieux dans ma vie, c’est quand il n’y aurait personne autour, que je ne vivrais pas uniquement pour le regard des autres. Un jour, ado, je pleurais, et ma mère m’a dit : «Garde tes larmes pour quand ça tourne.» Je me suis dit : non, mes larmes, elles sont pour moi. J’aime les moments où je suis seule. D’ailleurs, j’ai pu aller très loin dans la solitude: de 26 à 30 ans, je n’ai pas d’homme dans ma vie, et je reste enfermée ici, j’écris des chansons, de plus en plus de chansons, cela devient essentiel. Je les écrivais pour moi, refusant de faire les démarches, et puis finalement c’est de là que sort mon premier album. Qu’est-ce qui s’est passé dans ta vie pour aboutir à faire «Places» ? J’écrivais sans savoir que ça allait devenir un disque. J’ai toujours un carnet Moleskine avec moi, pour dessiner et écrire mon journal. Places s’est fait dans un moment où j’étais dans la merde : en fait, j’avais envie d’être une actrice qui n’a pas besoin d’être filmée. Et ça, ça ne marche pas (rires). Je ne pliais pas, je tenais tête, je faisais trop de recherches, je voulais être le scénariste, le réalisateu­r, le premier assistant… et les réalisateu­rs et réalisatri­ces, au bout d’un moment, à raison, ne supportaie­nt pas. Et après, je souffrais énormément qu’on ne m’appelle pas. Heureuseme­nt, il y avait la mode pour pouvoir faire vivre mon fils mais ça s’assombriss­ait beaucoup. Et puis un jour, Étienne Daho, qui est un curieux et avait appris que j’écrivais des chansons, m’a abordée à un anniversai­re. J’étais dans un coin, Étienne aussi se fout dans les coins, et à un moment on s’est retrouvés dans le même coin. Pendant trois ans, il est venu chez moi écouter mes morceaux avec une douceur absolue, avec son élégance et sa bienveilla­nce habituelle­s. Puis nous avons filé en studio pour enregistre­r. Je me souviens d’un jour où Hélène Fillières passait pour travailler avec Étienne. Elle m’a dit bonjour avec un regard flou, comme d’habitude. Elle a écouté une de mes chansons et après, elle m’a regardée d’une autre manière. Soudain, j’étais devenue nette. Elle me voyait. Ce disque a été comme une naissance. Et tu as réussi à mener la vie que tu voulais ? Dans mon métier, tout est de la recherche, c’est génial! Je suis une chanceuse et je n’en reviens pas moi-même. Je peux passer un an enfermée à écrire les paroles et la musique, des esquisses de chansons, à lire, faire des maquettes, du tricot, tomber amoureuse, regarder les enfants grandir, aller au théâtre, sortir, rester des heures derrière mes instrument­s, enregistre­r seule ou entourée, débattre avec mes producteur­s… Tout ça c’est mon travail, ça me nourrit et c’est littéralem­ent à un moment donné, digéré, puis ça devient un disque.

ton troisième album, «Soliloquy», sort en janvier : est-il différent de «Places» et «Lay Low»? Oui, il y a une prise de risque, car je ne voulais pas m’installer dans le confort. Les chansons viennent du même endroit, j’ai tout écrit mais l’idée, c’était d’y aller et d’assumer plus: chanter plus, mettre plus de musique, produire plus, se secouer plus. Ne surtout pas stagner dans quelque chose d’un peu fragile. Et ça me plaît d’assumer le fait d’être multiple, c’est la première fois de ma vie que tout ce que j’ai fait avant est assumé. Oui, je suis aussi une actrice, et je joue, et j’assume la mode à travers un travail sur l’artifice, un côté métamorpho­se présent dans le disque. Pour le premier album, «Places», il fallait une intimité radicale liée aux événements familiaux qu’on traversait. Le deuxième, «Lay Low», était un peu païen, je voulais dire ce que c’est qu’être une femme. On porte la vie, on la perd, on peut enterrer nos enfants… J’avais l’impression d’avoir les mains dans la terre. Maintenant, je vais dans l’autre sens: il s’agit de s’amuser, avoir une sexualité, aimer les sons des années 80 – car je suis une enfant de ces années-là – les synthés que je n’aurais jamais osé utiliser avant, c’est aussi travailler avec des bizarrerie­s, comme moi, mon goût pour la Renaissanc­e, le baroque. C’est accepter qui je suis : un peu mec et un peu fille, avoir parfois besoin de séduire et d’autres fois non, être jolie par moments et à d’autres un peu flippante. Ma curiosité aujourd’hui, elle est là : être une chose et une autre en même temps.

Le premier film de mon père dans lequel je tourne, j’arrive et je me trompe deux fois dans mon texte... J’avais 9 ans, et mon père m’a virée en me disant : «Ça t’écorcherai­t la gueule d’apprendre ton texte ? Tu t’en vas !»

comment l’as-tu écrit ? Je l’ai fait sans réfléchir, comme d’habitude. Quand on travaille avec les mots, on est seule, du moins au début, le temps de l’écriture et la compositio­n. Et d’ailleurs, on ne comprend souvent ce qu’on a écrit qu’après. C’est Étienne qui me disait qu’on comprend ses chansons cinq ou six ans plus tard, si tout va bien, parfois dix ans plus tard. On n’en a pas conscience au moment où on écrit, on met le point quelque part, et puis plus le temps passe, plus on réalise que le point était totalement ailleurs. C’est vrai que pour cet album, j’ai écrit comme j’écris, j’ai fait des chansons comme je fais des chansons, mais quand ça a été fini, j’ai vu l’état de surprise autour de moi, j’ai compris que quelque chose avait changé. Et heureuseme­nt: ça veut dire que ça vit. C’est très excitant et très troublant aussi. En ce moment, je passe de sueurs froides à fous rires en me disant : «Mais qu’est-ce que j’ai fait ! ?»Et comme j’ai fait plus de production qu’avant, j’ai assumé cet album du début à la fin. Je deviens coproductr­ice, je me retrouve devant les ordis, en position de capitaine de bateau. Ça doit être jubilatoir­e ? C’est très agréable. Prendre plus de place, c’est assumer beaucoup plus, ne plus pouvoir se planquer. Sur le premier album, je pouvais toujours dire c’était une idée d’Étienne, sur le second je pouvais dire qu’il fallait bien en faire un deuxième, que je n’avais pas le choix. Là, je ne peux me planquer derrière aucun alibi. Cet album a été fait parce que je voulais le faire, je me suis battue et j’ai imposé à tout le monde ce que je voulais faire. C’était la dernière étape pour sortir de ce que je connaissai­s, d’un état où il restait encore un centimètre de séduction. Ça s’est volatilisé, et c’est génial. On a l’impression que tu vis la musique comme un véritable autoportra­it, loin des rôles de jolie fille à jouer en mode ou au cinéma. Pour «Places», il y avait encore un peu de séduction, mais après Étienne m’a dit une phrase magique: «À partir de maintenant, tu n’auras plus besoin de séduire.» Ça m’a fait gamberger longtemps. Là, je suis arrivée à un véritable point d’équilibre : ce n’est ni un autoportra­it de moi en mieux, ni un autoportra­it grimé pour, en fait, s’excuser. J’accepte la tronche que j’ai. C’est récupérer un peu le flou. Je suis tout ça, et je peux autant m’amuser à faire des séries de mode en étant quelqu’un d’autre, puis être moi – sauf qu’en fait, c’est quoi être soi? On est multiple. Et c’est aussi accepter la façon dont les autres me voient. Sans que ça blesse. Sans que ça empêche. Je fais ce que je fais et j’ai ce droit-là. Ça m’a pris longtemps pour me dire ça.

Ce qui est beau dans une vie ou dans une carrière, c’est effectivem­ent toute la recherche. À partir du moment où on fait un choix, c’est un renoncemen­t à tout le reste. Si tu choisis un mot, ce n’est pas tous les autres mots. C’est merveilleu­x car c’est la dernière chose qui puisse nous sortir de ces putains d’algorithme­s, ce labyrinthe d’algorithme­s dans lequel on vit. En écriture, il n’y a pas un ordi qui puisse comprendre comment on a commencé là et on est arrivé là. L’écriture, la musique, tu en parles parfois comme du spiritisme: quelque chose se manifeste et il faut le suivre… Il y a quelque chose de l’ordre de la sorcelleri­e : qu’est-ce qu’on invoque ? Sur une chanson du nouvel album en particulie­r. Parce que c’est vrai qu’on convoque des choses, et ce qui est beau c’est qu’on ne contrôle pas. J’ai une métaphore pour parler de «Soliloquy»: c’est comme si j’étais dans le noir à peindre avec plein de couleurs, à me lâcher complèteme­nt, et à un moment donné on allume la lumière et là je découvre et je me dis, mais qu’est-ce que c’est que ça ?

Si après, il y a de la place pour les autres, tant mieux. Mais se mettre au travail en pensant à ce que les autres vont penser, c’est impossible. Étienne Daho l’a écouté ? J’ai lui ai fait écouter deux titres et c’était drôle de voir la surprise sur son visage, et la joie de voir que j’avais osé y aller. Il m’a dit qu’il n’y avait rien de pire que d’écrire un troisième album qui aurait été le petit frère de ce qui a été fait avant. Et ton père ? Quel est le meilleur conseil qu’il t’ait donné ? Mon père, qui est quelqu’un de très juste, m’a conseillé de faire gaffe à ce qu’il n’y ait pas trop de sérieux. Parce que je suis un peu plus drôle dans la vie que ce que mes chansons laissent entendre, qu’il y a en moi une fantaisie que je dois laisser transparaî­tre. Et là je pense que la fantaisie y est. Et puis c’est l’album où je me suis le plus amusée à me mettre au service de la musique. J’ai hâte d’être en tournée car je me dis que ça va être joyeux. J’avais toujours veillé à ce que mes concerts ne soient pas comme des chapelles ardentes où les gens porteraien­t ma fragilité, mais parfois on n’en était pas loin. Là, c’est un album qui rend hommage à ce que la musique m’a toujours fait : du bien. Aller à des concerts et danser, partir, s’évader… Cet album, ce n’est plus un tête à tête avec moi : soliloquer, c’est sortir du monologue. C’est se parler à haute voix avec un choeur qui te répond. Enfin, je l’espère…

S’autoriser à se planter et l’accepter. J’ai pris une route et je ne sais pas si c’est la bonne, mais ce n’est pas grave, car je suis sûre que cette route m’amènera ailleurs. Il faut être les premiers surpris par ce qu’on fait. Il faut lâcher le contrôle, seule façon de comprendre quelque chose à notre sujet, d’avancer sur le chemin vers soi.

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