VOGUE France

Gabriela Sabatini, le charme entre les lignes

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gabriela sabatini possède une telle grâce que tout semblait facile. Elle n’a pas 16 ans quand elle rend fou d’amour le public de RolandGarr­os (en 1985) et d’ailleurs. Une diva latine aux yeux noirs, dont l’éclat et la finesse rayonnent dans un circuit dominé par les combats à la vie à la mort entre Chris Evert et Martina Navratilov­a. Sa jupe taille haute, ses jambes brunes semblent annoncer un nouvel âge du tennis, et ses gestes les plus déliés se chargent d’un érotisme venu d’ailleurs. À Wimbledon, l’Argentine gagne peu de parties sur le gazon, trop rapide pour elle, mais un poète anglais, Clive James, lui crie sa flamme : «Apportez-moi la sueur de Gabriel Sabatini / car elle a maintenant le goût de l’eau des montagnes / qui faisait fondre la pierre des reins de Michel-Ange / comme le soleil sur la neige au printemps.» On regarde jouer Gaby pour la lumière qu’elle diffuse entre les lignes, on rêve de la voir s’élever et on souffre pour elle. Car son charme la rend timide, les regards la gênent, elle perd souvent. Elle perd toujours. Tout près du but. Elle perd contre ses aînées, Chris ou Martina, et elle s’incline à n’en plus finir contre une nouvelle venue, Steffi Graf, qui va devenir sa meilleure ennemie. Plus tard, elle dira qu’elle calait en demi-finale pour ne pas avoir à affronter les médias. Elle souffre de ne rien pouvoir bousculer. Elle n’ose pas se libérer et quand elle le fait, en 1990, dans l’humidité électrique de Flushing Meadows, elle gagne enfin. Le tournoi de sa vie. À New York. Quatre ans plus tard, elle prend sa retraite, à 26 ans. On la dit recluse. Il ne reste d’elle qu’une ligne de parfums à son nom dont les appellatio­ns font le tour d’une vie: «Magnétique», «Dévotion», «Tempéramen­t»...

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