VOGUE France

FOLAMI, SO CHIC

Elle s’est fait connaître comme choriste de CHIC, mais FOLAMI EST CHIC TOUT COURT. De sa voix de velours, bientôt en solo, à son style aussi seventies glamour que sa musique.

- Par Olivier Nicklaus.

Elle s’est fait connaître comme choriste de Chic, mais Folami est chic tout court. De sa voix de velours, bientôt en solo, à son style aussi seventies glamour que sa musique. Par Olivier Nicklaus

Avant de l’interviewe­r, on enchaîne les vidéos pour l’entendre chanter sur scène, principale­ment lors de prestation­s du groupe Chic (rebaptisé «Nile Rodgers and Chic» depuis le retour en grâce de Nile Rodgers, avec le Get Lucky des Daft Punk en 2013) : sa voix est puissante, claire, cristallin­e même. Une voix parfaite pour la disco, et on en oublie les heures à revisiter ainsi la cascade de tubes «Chic» qui ont enchanté les dancefloor­s à la fin des années 70 : Everybody Dance, I Want your Love, Good Times, Le Freak, etc.

Et puis, quand arrive l’interview, on est surpris. Ce n’est pas la même voix: plus douce, plus réservée, moins haute. Nous voilà prévenus: la Folami au quotidien est un bonbon suave qui se transforme sur scène en raz-de-marée vocal, même si la demoiselle n’y perd jamais le contrôle, maîtrisant ses chorégraph­ies au millimètre.

Un tel métier ne s’improvise pas. Folami a fait ses classes vocales dès sa naissance dans la baie de San Francisco. Son père est à la tête d’un groupe funk et lui fait chanter le Black National Anthem à l’occasion du «Black History Month» à l’université de Stanford dès l’âge de trois ans. À partir de là, Folami ne cessera plus de chanter, surtout dans les registres jazz et r’n’b. Du coup, qu’on vienne la chercher, un jour d’avril 2008, pour soutenir vocalement les tournées de Chic a tout d’une évidence.

«Sans m’en rendre compte, je suis alors partie pour un long voyage qui continue encore aujourd’hui, raconte-t-elle. Non seulement la disco est une musique que j’adore chanter. Mais la grande révélation de mes tournées avec Chic, c’est de réaliser à quel point cette musique rend les gens heureux. Il y a quelque chose de sacré là-dedans.» Spirituell­e, Folami salue tout ce qui lui est arrivé et tous ceux, stars ou pas, dont elle a croisé la route. Inutile d’espérer d’elle un peu moins d’enthousias­me sur l’un ou l’autre. Après tout, son prénom, d’origine yoruba, signifie «Respecte-moi et honore-moi» et c’est ainsi qu’elle entend traiter tous ses interlocut­eurs.

Une reine yoruba au port impression­nant. Car Folami n’est pas qu’une voix, c’est aussi un physique, aussi disco que ses cordes vocales : peau mate, petit nez droit surplomban­t une bouche sublime, frange rideau, cuisses satinées. Un physique qu’on verrait bien un jour dans un remake par Quentin Tarantino d’un de ces films «blaxploita­tion» des seventies, comme il l’avait fait avec Pam Grier dans Jackie Brown. Sauf qu’aujourd’hui, les temps ont changé, aussi bien pour les Noirs que pour les femmes, qui entendent désormais maîtriser leur destin. Ce qui nous amène évidemment à la question de la carrière solo pour Folami.

«J’ai sorti un premier single, Four to the Floor, il y a un an et demi, produit par mon boyfriend Lester Shaw. On a voulu retrouver la sonorité des tubes dance du début des années 80 comme Material Girl ou Like a Virgin de Madonna, produits d’ailleurs par un certain Nile Rodgers ! Dès que j’aurai un peu de temps, on va continuer à bosser sur mon premier album.»

Lester Shaw: le nom est lâché. Ceux qui ont vu Folami et Lester ensemble savent ce que le mot glamour veut dire : elle en robe longue dos-nu orange avec une pochette fuchsia, lui chemise beige près du corps, veste moutarde, pantalon carotte marron, barbe taillée avec soin, tous deux affublés d’énormes lunettes de soleil vintage. À chaque fois, c’est une apparition et aussi un voyage dans la machine à remonter le temps. Et pour ceux qui n’ont pas vu, ils peuvent se rendre compte puisque sur son compte Instagram, Folami n’est pas avare de leurs leçons de style vintage. «Lester a un look très Marvin Gaye qui s’accorde très bien, c’est vrai, à mon style seventies. Il a une carrière solo de son côté. On est tellement amoureux, on ne se lâche tellement jamais que j’apparais, seulement physiqueme­nt, dans son dernier clip, Sweet Tender. Beaucoup d’amis m’ont dit “Mais on pensait que tu allais te mettre à chanter à un moment donné!” Du coup, on se dit qu’en effet, il serait peut-être temps de préparer un duo, un peu dans le registre de ceux, mythiques, de Diana Ross et Marvin Gaye, justement.»

Sur la question du duo, Folami pourra toujours demander conseil à une autre camarade de scène, Cher, qui a commencé en duo dans les années 60 avec Sonny Bono. En effet, quand elle n’est pas choriste de Chic, Folami est choriste de Cher: «J’apprends aussi beaucoup avec Cher. Elle m’a confié que pendant longtemps, elle ne s’était pas crue suffisamme­nt intéressan­te ou même assez bonne pour faire une carrière solo. Et puis finalement, elle a pris confiance en elle. Son parcours m’inspire forcément. Quand vous la voyez arriver sur scène, du haut de ses 73 ans, avec sa peau de bébé, ses tenues et ses perruques totalement dingues, vous ne pouvez qu’être inspiré.» Sur le style, Folami n’a pas seulement profité des conseils de Cher. «Je suis la plus jeune d’une fratrie de cinq, et on était quatre filles. J’ai donc passé mon enfance à essayer les vêtements de mes soeurs aînées, qui avaient toutes un style différent. Je pense que ça m’a aidée à trouver mon propre style. Plus grande, j’ai écumé les boutiques vintage : ça tombe bien, il y en a beaucoup à San Francisco. J’ai été influencée par Cher mais aussi par Grace Jones, qui a toujours su se réinventer elle aussi. Je suis sensible à tous ceux et toutes celles qui cherchent à cerner leur personnali­té à travers leur style. Au fil du temps, je me suis concentrée sur la période du milieu des années 70 jusqu’à la fin des années 80. Une période qui elle-même se réfère souvent aux années 40. Dès que c’est un peu oversized, sensuel, ou avec des sequins, c’est pour moi. J’aime bien arriver dans une pièce et avoir un style différent. Je porte à 90 % du vintage. Je suis ravie quand je trouve une pièce d’Halston, de Fiorucci ou de Bob Mackie.»

Une passion si dévorante pour la sape, Folami ne pouvait la garder que pour elle. Voilà qu’elle se met en effet à commercial­iser ses propres vêtements. «Oh, ça a commencé très modestemen­t par des T-shirts d’inspiratio­n seventies-eighties que je vendais dans le merchandis­ing des concerts. Et puis comme ça a bien pris, je suis en train de réfléchir à étendre la gamme à des pièces plus ambitieuse­s.»

Prolixe quand on parle style, Folami se montre plus réservée pour aborder la politique. «Non, je n’ai même pas envie de parler de Donald Trump.» Pourtant, elle admet qu’un des plus beaux jours de sa vie, c’est quand elle s’est retrouvée à chanter devant le couple Obama, le jour du départ de l’ancien président de la Maison Blanche : «Je tremblais. Quand on est arrivés, Lester m’a dit : “Je ne parlerai à personne avant de lui parler à lui.” Et alors qu’il y avait une énorme file d’attente pour le saluer, Barack Obama est venu spontanéme­nt vers nous et a commencé à discuter très simplement. Dès qu’il a ouvert la bouche, j’ai arrêté de trembler. Je me suis sentie hyper à l’aise, comme avec un oncle. Mais le mieux, ça a été la soirée qui a suivi. Michelle et lui ont mis le feu à la Maison Blanche ! On ne les arrêtait plus : ils dansaient comme des dingues. Ce soir-là, ils m’ont présentée à Stevie Wonder, et là, j’ai carrément fondu en larmes. Quand on est partis à 4 heures du matin, les Obama dansaient encore.» Il faut dire qu’avec Folami, Obama ou pas, Everybody dance.

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 ??  ?? Passionnée de vintage, Folami affiche en toute occasion un style très étudié emprunté aux seventies et eighties. Un look qui s’accorde parfaiteme­nt à celui de son compagnon, Lester Shaw, ci-dessous. En concert, en bas, aux Pays-Bas, en 2018, la chanteuse aime s’inspirer de ses idoles, Cher ou Grace Jones.
Passionnée de vintage, Folami affiche en toute occasion un style très étudié emprunté aux seventies et eighties. Un look qui s’accorde parfaiteme­nt à celui de son compagnon, Lester Shaw, ci-dessous. En concert, en bas, aux Pays-Bas, en 2018, la chanteuse aime s’inspirer de ses idoles, Cher ou Grace Jones.
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