MILLION DOLLAR NELLIE
À 39 ans, en plus d’un parcours sans faute qui l’a amenée à monter Partow, sa ligne de basiques cinq étoiles, Nellie Partow, New-Yorkaise d’adoption, peut se targuer d’ être championne de boxe.
Qui est Nellie Partow, la Californienne boxeuse à la tête d’une ligne de basiques cinq étoiles ?
’est devant sa famille, ses amis et les équipes de Calvin Klein, où elle officiait alors, qu’il y a quelques années Nellie Partow a remporté le championnat des Golden Gloves. Avant elle, il y eut Mohamed Ali, pour ne citer que le plus mythique détenteur du titre. Depuis, elle n’a pas raccroché les gants et combat plusieurs fois par semaine. Boxer est la condition sine qua non de sa clairvoyance, l’un des nombreux volets de sa vie bien remplie.
La Californienne passée par la Parsons School of Design à New York a fait ses armes chez DKNY et poursuivi son apprentissage chez Calvin Klein. Deux marques établies. Fascinée depuis l’enfance par cette dernière, mais aussi par Yves Saint Laurent ou Azzedine Alaïa, elle n’imaginait pas d’autre itinéraire possible. L’écouter, comme lors du TedX qu’elle a donné en 2014, c’est prendre une bouffée de volonté. Inspirante et inspirée, elle a la persévérance chevillée au corps.
Sans être militante, Nellie Partow n’en est pas moins féministe ou, confie-t-elle, plus largement humaniste. Parmi ses croyances, il y a celles de ne jamais se laisser dicter ses choix et de considérer les vertus de l’échec. C’est de cette détermination d’airain qu’est né l’esprit Partow, si français dans ses lignes, sa sobriété, son inclination pour les silhouettes à la fois architecturales et dégingandées. Mais avec, point d’orgue d’une maison consciente, une fabrication italienne et new-yorkaise. Last but not least, l’engagement se poursuit au plus loin du parcours du vêtement : «Le niveau de déchets dans la mode est invraisemblable, que ce soit dans le cursus du développement ou lorsque l’on jette les vêtements car d’autres les remplacent. C’est pourquoi notre taux de chute au développement est inférieur à 5 %, quand d’autres conservent une moyenne de 50 à 70%.» Résistant à l’épreuve du temps, abordable, inscrite dans une histoire : voilà trois points qui synthétisent Partow. Et si l’on s’en tient aux matières utilisées, naturelles (laine, cachemire, soie, coton, lin), aux coupes claires, aux couleurs comme des émanations du ciel, de la mer, de la terre, si l’on s’en tient au vestiaire qui emprunte à l’homme tout en ceinturant ses trenchs jusqu’à l’extravagance, on obtient une garderobe intemporelle pour une femme lancée sans entrave dans l’existence. Enfin, pièce déjà culte: le pull en cachemire peint, résultat d’une centaine d’heures de travail, finit de composer le tableau déjà idéal de Partow. Au premier plan : les muses Tasha Tilberg ou Karen Elson, 40 ans.
Flâner sur l’Instagram de Partow, c’est comprendre un peu mieux Nellie. On y rencontre Mika, son mini-husky, on croise des constellations, de Charlotte Rampling à Françoise Hardy en passant par le sculpteur basque Eduardo Chillida. «Je suis née à Laguna Beach, une partie de la Californie où le surf, les palmiers, les couchers de soleil à se damner et les arts sont légion. La région de mon enfance m’inspire.» Les racines, la famille et la sérénité du Pacifique sont toujours proches. Pourtant, l’Europe prime, et la France surtout, qui souffle beaucoup de son attitude à chaque pièce. L’avenir de Partow, Nellie le voit dans un savant équilibre entre une progression cohérente avec ses valeurs et la tentation d’évoluer un peu à contre-courant d’une industrie souvent impatiente. On la compare à Phoebe Philo, on l’annonce comme la créatrice à suivre, le nouveau nom du minimalisme. Et la fille de la West Coast continue de croire au voyage, à l’instinct et à ses rêves. À la mode, comme un sport de combat.