VOGUE France

Pâtisserie­s healthy gourmandis­e, meilleurs pour la santé, plaisir.

Associées depuis toujours à l’idée de pure les pâtisserie­s changent de cap sous l’impulsion de grands chefs qui prônent des desserts plus éco-friendly. Le tout, sans faire l’impasse sur le

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Par MÉLANIE NAUCHE.

Et si l’idée d’une

Le dessert, nouveau vecteur de bien-être cuisine healthy bien ancrée sur la carte salée des grands chefs, jusqu’au Guide Michelin qui décerne désormais des étoiles vertes, était en train de gagner les desserts? «C’est une prise de conscience globale : nous sommes passés d’une alimentati­on trop grasse, trop riche, néfaste sur le plan diététique, à une volonté de consommer plus sain. Les chefs pâtissiers sont totalement dans cet état d’esprit, en remettant au goût du jour l’artisanat des métiers de bouche, les petits producteur­s et le respect des saisons», confirme Olivier Courtin-Clarins, auteur de Belle dans mes recettes (éditions Cherche Midi). Une tendance à ne surtout pas confondre avec une cuisine light restrictiv­e, pauvre en calories. L’expert explique : «Un dessert “healthy” réunit plusieurs critères : goût et plaisir, bien sûr, mais aussi qualité, traçabilit­é, mode de culture et saisonnali­té des ingrédient­s. Le type de cuisson entre aussi en jeu pour préserver au mieux ses qualités nutritionn­elles.» La preuve qu’un dessert peut être source de vitamines et de bons nutriments, soit un vrai un atout pour l’organisme, et pas seulement une bombe calorique.

Face à ce constat, nombreux sont les

Retour au naturel profession­nels qui prennent le parti d’une pâtisserie plus raisonnée. «C’est un exercice de style : le pâtissier devient chimiste et doit repenser ses recettes en associant de nouveaux ingrédient­s, tout en conservant goûts et textures», confie Anne Debbasch, à la tête du site Le chocolat dans tous nos états. Avant de poursuivre : «Selon moi, les végétalien­s ont ouvert la marche en montrant qu’il est possible de manger équilibré et savoureux, en consommant des produits locavores issus du monde végétal.» Par exemple : choisir des farines et des sucres complets, favoriser les épices et les herbes aromatique­s pour souligner le goût, remplacer le beurre par l’eau de pois chiche, le sucre par le sirop d’agave ou le miel de châtaigne… Un retour à l’essentiel directemen­t lié à l’environnem­ent, point crucial en matière d’alimentati­on : «Nous avons un double défi: arriver à nourrir la population en croissance constante tout en protégeant la planète. Et bien sûr, toujours se préoccuper du bien-être animal. Autant de raisons pour lesquelles, selon moi, nous allons continuer à tout mettre en oeuvre pour développer le “manger sain” au cours des prochaines années», conclut Olivier Courtin-Clarins.

La gourmandis­e raisonnée de Pierre Hermé, chef pâtissierc­hocolatier.

«Il y a quelques années, imaginer des recettes

healthy m’apparaissa­it comme une contrainte. Et puis, un jour, on m’a demandé de réaliser un buffet pour des enfants diabétique­s, sans sucre donc. En assistant à leur joie, j’ai vraiment réalisé l’utilité de travailler de façon différente, et les pistes de créativité que cela ouvre. Pour le dessert du menu My Blend de Clarins au Royal Monceau, je me suis inspiré du marron, pourtant réputé comme plutôt lourd, qui gagne clairement en légèreté une fois associé au café. Se focaliser uniquement sur le sucre est inutile : il faut avant tout travailler de façon consciente, en réfléchiss­ant aux aliments, aux techniques… Je ne pense pas qu’on élimine un jour la pâtisserie traditionn­elle, culturelle­ment très forte. Mais ce qui est intéressan­t avec la gourmandis­e raisonnée, c’est qu’elle fait partie d’une offre, au même titre que la cuisine vegan ou sans gluten. C’est cette diversité qui est passionnan­te. Concevoir des desserts healthy influe sur la forme mais pas sur le fond : mon envie de partager le plaisir, et le goût.»

Sa recette fétiche : la tarte au marron, sarrasin et café du menu My Blend de Clarins au Royal Monceau, à découvrir sur vogue.fr

Les desserts conscients d’Alexandra Beauvais, cheffe

«En France, nous avons cette vision très ancrée d’une bien-être

pâtisserie traditionn­elle mise sur un piédestal. Mais les mentalités évoluent, nous ressentons davantage la nécessité de nous aligner sur les besoins de notre corps et de la planète. D’où l’obligation d’imaginer des recettes plus saines, pour contrer les problèmes dus au lobby du sucre (maladies cardio-vasculaire­s, diabète de type 2, hausse de l’obésité…). L’idée est de concevoir des desserts en pleine conscience, comme un peintre qui sent les couleurs s’harmoniser. La nature nous offre des matières premières qui se suffisent à elles-mêmes: inutile d’utiliser du sucre quand on choisit des fruits bien mûrs naturellem­ent gorgés de saveurs… Le tout est de trouver le juste équilibre. Par exemple, ne pas utiliser l’huile de coco ou l’avocat de façon systématiq­ue sous prétexte qu’ils sont plus sains, car leur empreinte carbone est catastroph­ique…»

Sa recette fétiche: la bouchée grenade, à découvrir sur vogue.fr

La pâtisserie éthique de Benoît Castel, boulanger-pâtissier «Selon moi, cuisiner healthy ne doit pas être un challenge mais une évidence, une normalité pour tous les chefs. Je pense d’ailleurs que la génération qui arrive sera encore plus attentive à cette démarche. C’est une façon globale de penser et de vivre, différente de la tendance “light” très forte il y a quelques années, aujourd’hui un peu démodée, désuète. Quand on pense “light”, il y a l’idée sous-jacente de tout supprimer qui n’est pas forcément la meilleure alternativ­e, car on a tendance à compenser le manque de sucre par des produits encore moins bons. En réalité, plus on utilise des matières premières de qualité pour réaliser un dessert, plus il sera sain. Par exemple, dans mon coffee-shop, rue Sorbier, j’utilise des farines de blé ancien pleines de bons nutriments pour réaliser mes pancakes. Je pense qu’il est essentiel de choisir des ingrédient­s contenant les valeurs nutritives dont notre corps à besoin. Sa recette fétiche: le yaourt granola et compotée de mangue, à découvrir sur vogue.fr

Les délices naturels de Jennifer Hart-Smith, pâtissière­naturopath­e.

«Tout passe par la réappropri­ation de la nature,

on y trouve tous les équivalent­s nécessaire­s. L’aspérule odorante, par exemple, considérée comme une mauvaise herbe, est pourtant connue pour être “la vanille du pauvre”. On revient de plus en plus aux fondamenta­ux, preuve que les anciennes génération­s avaient tout compris. 1) En privilégia­nt des ingrédient­s locaux: sarrasin, graines de chanvre, amarante, caroube… Très faciles à trouver en France. 2) En suivant le cycle des saisons, on minimise ainsi illico notre empreinte carbone. Et enfin 3), en renouant avec des aliments nobles et complets : leur biodisponi­bilité est bien plus intéressan­te pour l’organisme que celle du sucre blanc par exemple, qui nécessite un effort pour être métabolisé. Aujourd’hui, même une discipline comme la pâtisserie, qui semble a priori éloignée de ce genre de considérat­ion, se doit de tenir compte de l’environnem­ent.» Sa recette fétiche: le sablé aux graines de chanvre, à découvrir sur vogue.fr

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