Voile Magazine

Le First 210 : sablage, traitement et ragréage du lest

Après l’état des lieux, place à l’action avec trois gros chantiers au programme. Le déquillage, le sablage et le traitement du lest. Au travail !

- Texte : Cécile Hoynant. Photos : Jakez.

LA RENOVATION

complète du lest, c’est du lourd ! Notre First 210 a un âge vénérable et souffre de quelques misères de vieillesse. L’état des lieux réalisé par le chantier Rolland Yachting (cf. numéro précédent), était sans appel. La quille relevable, qui a nettement souffert de la corrosion, avait besoin d’être déposée pour être mise à nu. Jean-Pierre Le Couteur avait quelques inquiétude­s à ce sujet, ayant déjà eu affaire à des lests récalcitra­nts qui refusent de se séparer de leur coque. Dans le cas où la quille refuse de coopérer, il faut recourir à la force mais sans tout casser ! Une astuce consiste à soulever légèrement le bateau dans les sangles et à placer une cale entre la coque et le bord de fuite du lest. Quand on repose délicateme­nt le bateau, la cale sert de levier et décolle les pattes de fifixation. En démontant ces dernières, Jean-Pierre et Eric ont eu une bonne surprise : elles sont comme neuves ! Comme le bateau a été déquillé à une époque relativeme­nt récente, cette opération n’a pas posé de problème. Deuxième bonne nouvelle : le trou à travers lequel passe l’axe de quille n’est pas ovalisé. C’est pourtant la maladie chronique des First 210 : le contact entre l’axe en acier inoxydable et la fonte crée de l’électrolys­e et à ce jeu, la fonte est toujours perdante. Une fois le lest déposé, le chantier a fait appel à un sableur pour le mettre à nu. Si la fonte n’avait pas été trop « attaquée », il aurait été possible de procéder à un simple meulage avec un disque adapté. Mais lorsque les cratères sont trop nombreux et profonds, le sablage est la seule technique effificace pour retirer la rouille qui s’y niche.

UNE QUILLE SECHE POUR GAGNER DU TEMPS

Une fois sablée, la quille doit sécher pendant plusieurs semaines pour que l’humidité puisse s’évacuer de la fonte. Nous n’avons pas eu à patienter si longtemps puisque notre First 210 vivait une retraite solitaire mais saine à terre. La possibilit­é de sauter cette étape nous a permis d’appliquer le traitement époxy anti-corrosion dans la foulée. Il n’a pas fallu traîner car l’oxydation de surface du métal se met à l’oeuvre dès que la fonte est à nu. De toute façon nous étions pressés de mettre le lest à l’abri, Jean-Pierre ayant profifité, non pas d’une fenêtre, mais d’une « lucarne » météo pour faire intervenir le sableur entre deux épisodes pluvieux. L’applicatio­n d’un primaire époxy bi-composant, une peinture étanche de qualité plus solide qu’un revêtement mono-composant, permet de protéger la fonte de la corrosion. Pour une bonne protection, il est nécessaire d’appliquer plusieurs couches (au moins trois) afifin d’obtenir une épaisseur suffifisan­te. L’idéal est de surcoucher en respectant le temps de séchage minimum et maximum entre deux couches. Celui-ci est spécifié sur la fifiche technique du produit (ici du VC TAR2 de la marque Internatio­nal, voir encadré ci-contre). Il en est de même pour les proportion­s du mélange entre les deux composants de la peinture. Celles-ci sont souvent exprimées en volume. Les technicien­s du chantier Rolland Yachting préfèrent travailler avec une balance électroniq­ue qui permet de réaliser les dosages avec une précision quasi chirurgica­le. Pour ne pas risquer les erreurs de calcul, un tableau est affiché au-dessus de l’établi indiquant le poids

de durcisseur à ajouter en fonction de celui de la base. Plutôt que de gaspiller des produits ou de travailler en hâte avant que la peinture change de texture, il est conseillé de faire plusieurs mélanges en quantité raisonnabl­e. Si tous les outils, récipients et consommabl­es sont à portée de main sur un plan de travail ordonné, refaire un mélange n’est qu’une formalité. L’applicatio­n de la peinture époxy sur la quille n’appelle pas de compétence­s artistique­s particuliè­res. Il faut néanmoins être attentif à bien garnir tous les cratères. Le ragréage de la quille est en revanche plus technique. Cette opération consiste à combler les trous formés par la corrosion en les bouchant avec un enduit. Ce serait facile si l’on pouvait tout reboucher en une seule fois « à la truelle », sans se soucier de faire des pâtés. Mais pour ne pas créer de bulles d’air, il faut s’armer de patience et faire plusieurs passes en essayant de garder une surface la plus lisse possible. Sinon il faudra payer l’addition à l’étape suivante, c’est-à-dire au ponçage, une opération que nous aborderons au prochain épisode... Et du ponçage, il y en aura puisqu’il faudra aussi mettre à nu les oeuvres mortes. On risque d’y passer un bon stock de papier de verre…

 ??  ?? Le ragréage, destiné à combler les cratères de corrosion dans la fonte du lest, doit se faire en plusieurs fois pour ne pas créer de bulles d’air.
Le ragréage, destiné à combler les cratères de corrosion dans la fonte du lest, doit se faire en plusieurs fois pour ne pas créer de bulles d’air.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? 1
Le déquillage nécessite de bien caler le bateau et le lest, ici avec une structure en bois. La quille pourra être désolidari­sée du bateau tout en restant stable sur sa palette.
1 Le déquillage nécessite de bien caler le bateau et le lest, ici avec une structure en bois. La quille pourra être désolidari­sée du bateau tout en restant stable sur sa palette.
 ??  ?? 2 Bonne nouvelle, les pattes de fifixation de la quille ne sont pas d’origine, elles sont en parfait état. Gros gain de temps en vue...
2 Bonne nouvelle, les pattes de fifixation de la quille ne sont pas d’origine, elles sont en parfait état. Gros gain de temps en vue...

Newspapers in French

Newspapers from France