Voile Magazine

Django 980 contre Azuree 33

Deux carènes planantes, un bouchain marqué à ras de la flottaison… Ces deux croiseurs de 10 mètres sont bel et bien taillés pour bouffer du mille. Véloces et agréables à mener, ils ont fait étalage de leur puissance par bonne brise…

- Texte : Emmanuel Van Deth. Photos : François Van Malleghem, Olivier Blanchet et l’auteur.

LE POINT COMMUN

de ces deux 10 mètres ? Une carène ultra tendue « en coin », dont les lignes de pont ne se referment pratiqueme­nt pas sur le tableau arrière et un bouchain marqué qui court depuis l’étrave, droite bien sûr… Pour le reste, l’Azuree, construit en Turquie, joue la carte de la modularité avec des emménageme­nts et des couleurs personnali­sables à l’envi. Et mise également sur un spectre de programmes assez large – sortie à la journée, week-end et croisière semi-hauturière. Voilà qui nous rappelle la philosophi­e des Océanis 35 et 38… A ceci près que l’Azuree n’écarte pas la régate non plus. Pour être tout à fait honnêtes, signalons que le 33 n’est pas une nouveauté à 100/100 : le bateau existe depuis trois ans ; seuls le rouf et le cockpit ont été redessinés. Du côté du Django en revanche, tout est bien nouveau, à commencer par le vocable 980 qui tranche avec les 770 et 670 de mise jusqu’ici. Ne demandez pas pourquoi à Serge Calvez, le patron du chantier Marée Haute, il ne le sait pas lui-même ! Le plan Rolland reste en tout cas bien dans la lignée – très réussie – de ses petits frères (le 770 a été élu Voilier de l’année en 2011, excusez du peu). Son programme est donc la croisière hauturière rapide. L’expérience des minis – encore et toujours un dada du chantier – a apporté au constructe­ur un acquis colossal en matière d’ergonomie, de facilité de manoeuvre et de choix d’accastilla­ge. L’héritage de la course en solitaire au service de la croisière, en quelque sorte… Dès la mise en route du moteur, on peut constater que l’insonorisa­tion est plus soignée chez l’Azuree qu’à bord du Django. Surprise à bord du 33 : face à la mer, la carène cogne sèchement dans le clapot court. Mais on est là pour naviguer sous voiles, non ? Pour notre première journée d’essai particuliè­rement musclée, l’Azuree navigue avec un ris et quatre tours dans le génois. Le Django capelle l’étai de trinquette : le génois reste roulé et le foc de brise est endraillé, à l’ancienne. Cette dernière configurat­ion est favorable à un meilleur écoulement laminaire – surtout quand le génois roulé est sous le vent, perturbant l’extrado. Et les voiles vieillisse­nt mieux. Nos deux voiliers supportent aisément les 22 noeuds de vent moyen et les grosses claques qui précèdent les grains – on ne les a pas comptés…

DES CARENES ULTRA-PUISSANTES

L’Azuree, gîté, ne tape plus et déboule à 6,5 noeuds à 45° du vent réel. Le Django fait un peu mieux en vitesse, même cap. Le quillard aurait sans doute assuré un cap plus pointu de 3 à 5°. On sent bien, à la barre, que ces carènes extra larges, associées à deux safrans, procurent une stabilité de forme, une puissance et un contrôle de la trajectoir­e presque parfait – seules les plus fortes bouffes nous mettent au tas si on ne choque pas la grand-voile à temps. Au débridé, le Django met subitement le turbo : 8,5 noeuds contre 7,5 pour l’Azuree. Pourquoi ? Très certaineme­nt an raison de son poids plume. Avec 3 400 kg au peson contre 5 160, y’a pas photo ! Le premier joue dans la cour

d’un Océanis 35. Pourtant, tous deux profifiten­t d’une constructi­on très soignée en sandwich mousse/polyester réalisée selon le procédé de l’infusion. A nos calculette­s : le rapport voilure/poids est de notre biquille est de 20 m2/t (22,5 pour le quillard avec la grand-voile à corne) contre 12,8 pour l’Azuree (14,16 pour la version FC). Il n’y a donc pas vraiment de suspense à l’heure de débrider les écoutes… Et pour enfoncer le clou, le rapport de lest est très favorable au Django : 43% contre 30. Le plan Rolland, sans surprise, s’envole au portant à plus de 10 noeuds de moyenne – pointes à 12 alors que l’Azuree part bien plus tard au planing, avec un maximum relevé de 9,2 noeuds. Le lendemain, par temps médium, l’Azuree s’en sort plutôt bien avec des moyennes relevées de l’ordre de 8 noeuds – proches de celle du Django. Mais notre biquille se relance beaucoup plus vite ! Verdict ? Avantage au Django pour ses performanc­es hors normes. Notre biquille dame le pion à l’Azuree grâce à son déplacemen­t bien plus léger. Idem pour le cockpit, où les solutions simples et effificace­s proposées par le Django font mouche, même si la plate-forme de bain de l’Azuree change la vie au mouillage. Côté confort, égalité : nos deux voiliers sont agréables en mer comme au port. Pour la fifinition, l’Azuree est bien mieux traité que le plan Rolland – le chantier a manqué de temps. Au fifinal, les tarifs sont très proches mais le Django vous en donne peut-être un peu plus... Après, c’est aussi une question de design et de goût.

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 ??  ?? Difficile de croire qu’on navigue sur un biquille tant notre Django 980 est véloce ! On a hâte de voir ce que donneront les versions quillard et quille relevable.
Difficile de croire qu’on navigue sur un biquille tant notre Django 980 est véloce ! On a hâte de voir ce que donneront les versions quillard et quille relevable.
 ??  ?? Notre version C – comme croisière – manque un peu de chevaux par petit temps : on aurait préféré découvrir la version Fast Cruiser de l’Azuree 33.
Notre version C – comme croisière – manque un peu de chevaux par petit temps : on aurait préféré découvrir la version Fast Cruiser de l’Azuree 33.
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mais programme plus typé grand large pour le Django.
Deux carènes aux dimensions très proches, mais programme plus typé grand large pour le Django.

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