Voile Magazine

Winner 800, Maxus 26, Ikone 7.50

30 noeuds de vent ? Même pas peur ! Nos trois croiseurs de moins de 8 mètres ont fait la démonstrat­ion de leurs qualités marines. Et prouvé qu’on peut être ambitieux sans forcément chercher un mètre de plus.

- Texte : Emmanuel Van Deth. Photos : François Van Malleghem,Olivier Blanchet et l’auteur.

ILS L’ONT FAIT

25 noeuds établis, claques à 35, nos trois petits croiseurs ont bravé une météo vraiment difficile pour des coques de 25 à 26 pieds. Certes, la protection de l’île de Ré limitait la grosse houle du large générée par le puissant flux d’ouest mais avant de naviguer, nous devions déjà parvenir à manoeuvrer sans encombre dans le port des Minimes puis à nous caler en vitesse lente bout au vent pour hisser un peu de grandvoile – un ou deux ris, c’était le débat du jour. Nos trois voiliers sont équipés de moteurs in board, un élément décisif à l’heure de remonter contre un vent fort et un clapot court. Dans ces conditions, les moteurs hors bord, même bien centrés sur le tableau arrière, sont rapidement à la peine. L’équipage reste attentif pour déborder au mieux nos coques – deux blanches et une rouge. Trois bateaux de 7,50 à 8 m taillés pour la croisière, avec un zeste de régate pour le Winner. Soit un programme commun, le cabotage en famille, et pourtant des propositio­ns architectu­rales complèteme­nt différente­s. L’Ikone 7.50 est le plus étonnant avec son gréement de cat boat super élancé – l’espar en carbone de 50 kg mesure 15 m, dont 1,50 emplanté – et ses deux quilles qui limitent le tirant d’eau à 1,20 m. C’est le seul modèle prévu pour l’échouage de ce comparatif. Le constructe­ur, par sécurité, préconise une béquille arrière pour protéger le safran. Le Maxus 26 est un croiseur du juste milieu. Conçu et construit en Pologne, il se différenci­e des croiseurs typés « pays de l’Est » avec sa carène à bouchain arrière et une fifinition flatteuse. Notre 26 est une déclinaiso­n quillard – la plus raide à la toile avec la version quille relevable. Le chantier propose également un dériveur intégral et un biquille. Le Winner 8, quant à lui, est le dernier-né de la gamme du chantier hollandais éponyme qui compte déjà un 9, un 10 et un 12 avant le 11, bientôt lancé. Dessiné par le cabinet Van de Stadt, il joue à fond la carte du classicism­e avec des sections de carène très rondes pour une surface mouillée minimum, un franc-bord mesuré et un rouf discret… A ceci près que l’étrave presque verticale cache un bout-dehors télescopiq­ue et le tableau arrière exhibe deux safrans. Pas si rétro, à bien y regarder, le Winner ! Pour l’Ikone, c’est deux ris dans la grand-voile. Elle est équipée d’une troisième bande mais la bosse n’est pas passée. Du côté des sloops, on en compte deux pour le Maxus et un pour le Winner. Les focs sont roulés à la demande. Au près, rappel obligatoir­e dans les filières pour tenter de tenir les bateaux à plat. Pas question évidemment de rester sous le vent : trois bonshommes au vent, c’est 225 kg, soit en gros 10% du déplacemen­t de nos petits croiseurs… Ce n’est pas rien ! Les vitesses relevées sont assez proches, de l’ordre de 5,5 à 6 noeuds. En tête le Winner, suivi du Maxus et de l’Ikone, qui font jeu égal… en vitesse, mais pas en cap. Là, même s’il est difficile au gré des rafales de donner un cap moyen, le Winner tient les 45° du vent réel alors que le Maxus – desservi il est vrai par une hélice fixe – cale à 50°, devançant l’Ikone de 5°. Rappelons que remonter au vent avec des claques à 30 noeuds n’est pas donné à tous les petits croiseurs. Il est donc rassurant de constater que nos trois voiliers s’en sortent plutôt avec les honneurs. Ça gîte fort, les safrans ventilent un peu parfois mais à aucun moment la situation ne devient ingérable, y compris lors des changement­s d’amures. Le clapot est négocié en souplesse à la barre ; on ne relève pas ici de carène ratée qui plante des pieux… Ça passe ! Au débridé, tous nos voiliers gagnent un bon noeud. Nous voilà tout près de la plage des Sablanceau­x, plus très loin du pont de l’île de Ré. Les « gros » qui ont viré une bouée près des piles en béton reviennent déjà vers les Minimes ; pour nous, c’est un passeport pour

la glissade. Le clapot et le fond de houle nous donnent en effet des ailes au portant : vitesse moyenne de 8 noeuds pour le Winner, 7,5 pour les deux autres. Le voilier rouge s’offre une pointe à 9,8 noeuds, le Maxus flflirte avec les 9 noeuds et, surprise, l’Ikone se lance dans un surf démoniaque à 12 noeuds ! C’est que sa carène extra large à la flflottais­on, signée Julien Marin, a un sacré potentiel. Le lendemain, nous retrouvons des conditions plus tranquille­s. L’été est revenu ou presque ; à croire que les grains qui nous ont giflflés la veille n’ont jamais eu lieu. L’occasion de vérifier si la hiérarchie du gros temps est respectée dans le médium léger – 8 à 9 noeuds. Réponse : oui et non. Au près serré, les écarts se creusent encore. Le Winner accroît son avance avec 6 noeuds à 40° du vent réel. Son gréement Performanc­e, avec 50 cm de mât en plus et 5 m2 de voilure en bonus – merci la petite corne –, associé à la quille profonde et 100 kg de moins comparé à la version standard lui donnent le petit plus avec un ratio voilure/poids de 19,57 m2/t, à comparer aux 16,39 du Maxus et 18,46 de l’Ikone. Même vitesse – 5,5 noeuds pour ces deux-là, mais toujours un cap sensibleme­nt meilleur pour le sloop. Au portant, l’Ikone revient dans le match avec son spi – le bout-dehors, trop souple en latéral, passera au diamètre supérieur. On relève des vitesses très proches, de l’ordre de 6,5 noeuds au largue. On sent bien que le cat boat ne demande qu’un peu d’air en plus pour décrocher ses deux copains ! Et à l’escale, il a plus d’un atout à jouer, avec notamment cet incroyable volume intérieur...

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Le Winner 8, le plus racé de nos trois petits croiseurs, s’est offert des surfs à près de 10 noeuds sans inquiéter son équipage. La prochaine fois, promis, on envoie le spi.
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Le Maxus 26 s’est révélé sécurisant dans la brise, mais sur un petit bateau il faut impérative­ment placer l’équipage au vent... C’est un peu moins vrai pour l’Ikone dont la carène est très puissante.

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