Voile Magazine

Sébastien Josse et Charles Caudrelier : qui aime bien navigue bien

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Deux ans après avoir remporté la Transat Jacques Vabre en MOD70, Sébastien Josse et Charles Caudrelier remettent le couvert, cette fois en Imoca, sur Edmond de Rothschild, 60 pieds flambant neuf équipé des fameuses dérives à foils. « J’avais des propositio­ns pour courir la Jacques Vabre en Ultim, mais avant d’y répondre, j’ai demandé à Seb s’il comptait sur moi, explique le second. Ma priorité était en effet d’être fidèle à Gitana, d’abord parce que j’ai pris beaucoup de plaisir il y a deux ans, ensuite parce que je m’entends bien avec Seb, grâce à qui j’ai eu mon poste de skipper sur la Volvo Ocean Race sur Dongfeng (sollicité par les Chinois, Sébastien Josse avait refusé mais suggéré le nom de Charles Caudrelier), enfin parce qu’il y a de beaux projets au sein du Team. » La réponse fut immédiatem­ent positive, coulant de source selon « Jojo » : « Vu le timing assez court entre la mise à l’eau (7 août) et la transat, c’était important de cocher d’entrée la case connaissan­ce du coéquipier. » La bonne expérience de 2013 et une complicité dépassant le simple cadre de la vie profession­nelle (passion partagée pour le kitesurf ou la chasse…) ont fait le reste. Faut-il pour autant forcément bien s’entendre à terre pour former un couple performant en mer ? « Personnell­ement, j’aurais du mal à faire une transat avec un mec avec lequel je n’ai pas d’affinités, mais si c’est celui qui permet de gagner, je le ferais. Sur des projets tels que les nôtres, on ne vient pas pour passer un bon moment entre potes » répond Sébastien Josse, tandis que Charles Caudrelier, qui se souvient d’un début de Volvo Ocean Race houleux sur Groupama, modère : « Quand on s’entend bien, on se respecte davantage. J’ai une confiance absolue en Sébastien, je ne la remettrai pas en cause à la première erreur. Et je pense que notre bonne entente fait qu’en mer, nous sommes plus attentifs l’un à l’autre. » Ce respect mutuel, les deux hommes l’ont également acquis au gré de leurs parcours parallèles très similaires, entre Figaro, IMOCA, grands multicoque­s et Volvo Ocean Race. « Cela nous permet d’avoir les mêmes critères en termes de réglages, de performanc­es et de dépassemen­t de soi, c’est plus facile », souligne Josse. Est-ce du coup la recette miracle pour bien vivre à deux ? « Je ne suis pas sûr qu’il y en ait, répond Christian Le Pape, qui connaît bien le duo, fidèle du centre d’entraîneme­nt de Port-laForêt. On se pose souvent la question de savoir si les marins doivent être très complément­aires ou clonés. Là, nous sommes dans le cas de figure de deux hommes ayant la même approche, optimisée et pertinente, force est de constater que ça marche plutôt bien. » En résulte à bord une organisati­on bien réglée, notamment lors des manoeuvres : là où nombre de marins se partagent les tâches à tour de rôle, sur Edmond de Rothschild Sébastien Josse est partisan de la spécialisa­tion : « Je préfère que nous soyons hyper pointus, donc exercés à faire toujours les mêmes gestes au centimètre près, plutôt que de diluer la performanc­e ». Et si cette fameuse performanc­e n’était pas finalement l’ingrédient clé d’une vie de couple réussie ? « Plus tu es aux avant-postes, plus tu es stimulé et meilleure est l’ambiance », acquiesce Jojo, avec un sourire en coin à l’évocation de cette Jacques Vabre 2015 qu’il aborde avec une grosse ambition, en dépit d’un temps de préparatio­n très court : « Je ne peux pas arriver avec un bateau neuf à 4 millions d’euros en disant que je viens pour voir. Je suis là pour le « fight », ce bateau est fait pour gagner, pas pour participer. » Compris, Charles ?

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Charles Caudrelier et Sébastien Josse, une associatio­n qui a déjà fait ses preuves...

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