Voile Magazine

Yann Guichard : « On peut rêver de 42 jours »

Moins de trois ans après avoir fait l’acquisitio­n de l’ancien rebaptisé Yann Guichard, Dona Bertarelli et douze hommes d’équipage (*) sont prêts à s’élancer à l’assaut du Trophée Jules Verne (stand-by à partir du 19 octobre), détenu depuis janvier 2012 p

- Texte : Axel Capron.

Comment avez-vous fait évoluer Spindriftp 2 depuisp queq vous l’avez racheté à Banque Populaire ?

Après avoir multiplié les navigation­s, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’y avait pas besoin de toucher à la plateforme, très bien pensée par Pascal Bidégorry (le premier skipper du bateau, ndlr). Sur tout le reste, nous avons essayé de gagner un maximum de poids, c’est le nerf de la guerre et cela correspond à ma manière de naviguer, je n’aime pas passer en force. Nous sommes allés traquer du poids dans le moindre détail ; pour vous donner un exemple, nous avons changé toutes les sacoches de rangements à l’intérieur et à l’extérieur, cela nous a permis de gagner presque 50 kg. Nous avons aussi construit un nouveau mât, plus petit de deux mètres et moins lourd de 500 kg, un gain de poids identique sur le jeu de voiles, tandis que la dérive pèse 150 kg de moins. Au final, nous sommes à un poids total à 21 tonnes contre 23 pour soit quasiment 10% de moins. L’autre axe d’améliorati­on a été concentré sur l’aérodynami­que en travaillan­t en soufflerie. A des vitesses de 35-40 noeuds, le vent apparent est très fort, le but est donc d’essayer de diminuer au maximum la traînée aérodynami­que. Résultat, nous avons supprimé tous les noeuds du trampoline, mis des bâches aérodynami­ques sur le bras avant et une bâche pleine en 3DI sur le trampoline arrière.

Avez-vous constaté des écarts de pperforman­ces signifific­atifsg liés à ces changement­s ?

Oui, nous pouvons quantifier les gains. Par exemple en dessous de 12- 13 noeuds, nous sommes 20% plus rapides qu’avant. Certes, ce sont des conditions de petit temps que l’on rencontre peu sur le tour du monde, mais cela va nous permettre de mieux passer les transition­s. Et dans la brise, je pense que sera aussi performant, voire plus.

Dans ces conditions, à météo idéale, qquel tempsp espérez-pvous faire ppour boucler le tour du monde ?

Si demain nous finissons le tour avec le bateau en bon état, ce qui est notre priorité, nous ne ferons pas plus que 47-48 jours ; avec une météo idéale et pas de glaces nous obligeant à rallonger la route, on peut rêver de 42 jours. Maintenant si on bat le record en 45, je serai le plus heureux des hommes !

Dans qquel état d’espritp êtes-vous au moment de vous confronter à votre premier tour du monde ?

Je me sens prêt, j’ai envie d’y aller, j’ai hâte de descendre le long du Brésil, d’arriver dans les quarantièm­es et dans le Pacifique pour pouvoir allonger la foulée dans la grosse houle. Je me fais un monde de ce Jules Verne, j’en ai toujours rêvé, j’ai lu nombre de récits, vu plein de vidéos. Je fais d’ailleurs de l’imagerie mentale pour m’y préparer, un exercice qui m’a beaucoup servi pour la Route du Rhum : je me mets dans des situations diffificil­es en me disant que je dois gérer une crise, cela me permet d’imaginer comment il faut réagir et d’être plus serein.

Vous êtes un skipperpp jjustement très calme sur un bateau, est-ce nécessaire de transmettr­e cette sérénité à votre équipage ?

C’est essentiel. Je n’aime pas la confrontat­ion, je ne suis pas du genre à faire passer un message en force. Maintenant, quand je demande quelque chose, je veux que cela soit fait dans les règles. Je suis très maniaque, y compris dans la vie de tous les jours, notamment au niveau de la propreté !

A propos de confrontat­ion, vous partirez peut-être en même tempsp qque Francis Joyony et son équipageqp­g resserré sur cela complique-t-il le jeu ?

Au contraire ! Quand j’ai appris ça, j’ai été ravi. C’est un challenge passionnan­t dans la mesure où Francis tente un coup de poker sur un bateau complèteme­nt différent, avec un équipage réduit. Ce n’est pas David contre Goliath mais deux philosophi­es différente­s. C’est génial de ne pas se battre uniquement contre un temps mais aussi contre un rival, surtout avec les deux bateaux détenant les deux meilleurs chronos sur le tour du monde ( est l’ancien qui a détenu le Trophée Jules Verne en 48 jours, ndlr). (*) Sauf changement de dernière minute : Xavier Revil, François Morvan, Jacques Guichard, Sébastien Audigane, Christophe Espagnon, Thierry Duprey du Vorsent, Thomas Rouxel, Sébastien Marsset, Erwan Israel, Antoine Carraz, Thierry Douillard, Yann Riou.

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