Voile Magazine

Tsunami aux Marquises

- GILLES RUFFET, POLYNESIE FRANÇAISE, PAR MAIL.

Gilles Ruffet est parti en famille en 2011 à bord de un Sun Shine 36. L’équipage a déjà partagé ses aventures en Polynésie et en Alaska dans nos colonnes (dans les numéros 227

Coccinelle Le soir du 16 septembre, un tremblemen­t de terre très puissant, supérieur à 9 sur l’échelle de Richter, a secoué le Chili. Aux Marquises, il était 16 heures quand on a eu connaissan­ce de l’avis d’alerte au tsunami lancé sur la radio. Vingt minutes plus tard, à bord de leur speed boat, les gendarmes ont fait la tournée des bateaux au mouillage pour nous informer de l’alerte. Il faut savoir que dans les baies peu profondes genre estuaire, et particuliè­rement ici, lors des raz de marée la mer se retire jusqu’à assécher le bassin, avant de revenir pour tout submerger, et ceci plusieurs fois, engendrant non pas une énorme vague comme ce fut le cas à Fukushima au Japon, mais de gros marnages de 8 mètres environ, sachant qu’ici le marnage maxi est de 1,25 m. A 20 heures, et après avoir déposé nos fillettes de 6 et 8 ans chez des amis, nous avons donc pris la mer, et avons tiré des bords en attendant que ça se passe. Annoncé à 23 h 20, le tsunami est finalement arrivé vers 1 heure du matin. Un petit cata américain qui en avait marre de tourner en rond s’est amusé à rentrer au moment où l’onde arrivait. Le bassin s’est vidé jusqu’à s’assécher, et le cata a raclé le fond avant de larguer ses ancres en catastroph­e et tordu son davier. Il est donc ressorti dare-dare du bassin, expulsé par le courant. Puis l’eau est revenue, assez haute, selon les valeurs relevées par le bateau anglais sur son sondeur, dignes d’un marnage de vives-eaux à Erquy. Au lever du jour nous avons regagné le mouillage, toujours agité de remous, au bout de la jetée. Le fond de la vallée est en effet assez plat, l’eau est remontée très haut, et il lui faut du temps pour s’évacuer. La surface de l’eau, qui souvent est verte ici, ce matin-là était toute marron. Le dernier tsunami remonte à celui généré par le tremblemen­t de terre de Fukushima, la récolte avait alors été bonne, sur le terrain de foot de Taipivai, sur Nuku Hiva, en requins et autres pieuvres. Ici, on a appris plus tard que la vallée regorgeait de langoustes! Les deux bateaux restés dans le bassin sans personne à bord ont plus ou moins tenu sur leurs ancres mais ont traversé le plan d’eau en long, en large et en travers. Selon certains témoins, ils ont même parfois raclé le fond, se sont posés puis ont flotté de nouveau, sans plus de dégâts. Les conclusion­s que j’en tire : dans les lieux susceptibl­es d’être touchés par un tsunami, mieux vaut rester en veille VHF sur le canal 16, chose que l’on ne fait jamais au mouillage. Et attention au retour, les mouvements d’eau ne s’estompent pas en 10 minutes.

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a dû quitter précipitam­ment son mouillage à Hiva Oa.

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