Plaisancier et planctonaute
Tout navigateur, petit ou grand, ne devrait pas ignorer que les écosystèmes planctoniques génèrent 50% de l’oxygène planétaire. Par ailleurs, l’océan absorbe 93% de la chaleur et 30% du CO générés par nos sociétés. Il est donc crucial de mieux connaître le plancton. Mais la tâche s’annonce faramineuse : dans un litre d’eau de mer, grouillent entre 10 et 100… milliards d’organismes. Sans parler du coût journalier d’un bateau de recherche océanographique estimé à plus de 30 000 dollars. D’où l’idée de profiter des 5 à 10 000 voiliers qui naviguent et de faire de ces plaisanciers des préleveurs de terrain. Le but est de contribuer à l’échantillonnage du plancton en affectant un code-barres à chacune des espèces qui le compose pour cerner la dynamique d’évolution et de créer ainsi « une mémoire des océans ». C’est tout le sens du projet Plankton Planet (P2) en faveur d’une « océanographie 2.0, à la voile, citoyenne, pour prendre le pouls de la biodiversité et de la santé de nos océans ». Le modus operandi est simple : pas besoin d’être un expert en biologie marine. La condition préalable est de posséder un bateau d’environ 10 mètres minimum, mono ou multicoque. Pas besoin d’y consacrer un espace dédié dans le carré. L’idée est de chaluter du plancton pendant une dizaine de minutes avec un fifilet composé de mailles de vingt microns en l’immergeant entre un et trois mètres de profondeur, à une vitesse de 2 noeuds. Après avoir filtré le tout, on fait chauffer dans une poêle, à feu doux, cette soupe de plancton pour obtenir une fine galette que l’on envoie ensuite au CNRS de Roscoff. Les promoteurs du projet dispensent une formation de trois heures afifin de se familiariser aux manipulations et fournissent un kit qui tient dans une mallette. Celui-ci comprend tous les ustensiles requis (sauf la poêle). Soutenus par l’association Tara Expéditions, ils recherchent des volontaires qui iraient naviguer à proximité des pôles en 2016 mais aussi des plaisanciers décidés à traverser l’Atlantique Nord à l’horizon 2017. Renseignements et contact sur leur site : www.planktonplanet.org.