Jean-Luc Van den Heede : « Retour à l’humain »
Jean-Luc Van den Heede est de retour autour du monde ! Après deux Boc Challenge, autant de Vendée Globe puis un tour du monde à l’envers en 2004 (record à la clé), l’ancien prof de maths prendra le départ, le 14 juin 2018 à Falmouth, de la Golden Globe Ra
Pourquoiq avez-vous décidé de pparticiper à ce remake du Golden Globe ?
J’ai appris l’organisation de cette course en avril dernier, j’ai tout de suite trouvé l’idée extraordinaire parce que le Golden Globe a représenté toute ma jeunesse. Je garde en mémoire les histoires incroyables autour de cette première, celles de Donald Crowhurst, de Nigel Tetley, de Bernard Moitessier bien sûr, je me rappelle très bien de cette aventure, la transmission des photos, les unes de Paris-Match… Je connaissais en plus à l’époque Loïck Fougeron, l’un des deux Français à prendre le départ avec Moitessier, que je croisais souvent à Lorient. C’est évidemment la course qui m’a donné envie de naviguer autour du monde. Je n’avais pas suffisamment d’expérience à l’époque pour me lancer là-dedans, mais si j’ai disputé plus tard le Boc Challenge puis le Vendée Globe, c’est « à cause » du Golden Globe. Cinquante ans plus tard, je me suis de nouveau posé la question de savoir si je me sentais capable de faire cette course, parce que j’ai un certain âge (il aura 73 ans en 2018, ndlr), la réponse est positive, si bien que je me suis inscrit, comme 24 autres participants. Ensuite, j’ai regardé la liste des bateaux homologués, pas si faciles à trouver sachant qu’il faut avoir une quille longue et un safran derrière la quille. J’ai déniché un Rustler 36 que je me suis acheté après avoir fait un emprunt à la banque. Il me reste à trouver un partenaire, mais vu que ce projet nécessite un tout petit budget (environ 200 000 euros, ndlr), je suis persuadé d’en avoir un d’ici le départ.
N’avez-vous ppas d’appréhensionpp à l’idée de vous lancer dans un tour du monde à l’ancienne, avec les mêmes instruments qu’en 1968 ?
Bien sûr qu’il y a un peu d’appréhension. Le fait de courir un tour du monde au sextant veut dire que lorsqu’il n’y a pas de visibilité dehors, on n’est plus qu’à l’estime, on ne sait pas où on se trouve ! Mais j’ai déjà traversé l’Atlantique dans ces conditions, ce sera une bonne piqûre de rappel. Pareil en ce qui concerne le pilote automatique : nous ferons tout au régulateur d’allure, cela ne fonctionne pas du tout de la même façon, il faut attendre que le bateau dévie pour rétablir sa route, cela nous fait avancer en lacets ! Mais c’est cet aspect qui m’a motivé, cette course est un retour à l’humain, nous allons nous débrouiller avec rien du tout. Je ne serais par exemple pas reparti sur un Vendée Globe qui nécessite un investissement et une motivation énormes. J’ai fait quatre tours du monde sur un 60 pieds dans le « bon » sens, cela me suffit. Alors que là, je suis extrêmement motivé à l’idée de participer à cette réplique du Golden Globe, d’autant que j’aime bien prendre part aux premières éditions (il a couru les premières de la Mini-Transat en 1977 et du Vendée Globe en 1989, ndlr). Le côté aventure et nouveauté me plaît.
Aborderez-vous ce tour du monde avec un espritp de compétition et quel temps pensez-vous mettre ?
Evidemment ! Si j’ai fait un podium à chaque tour du monde, ce n’est pas pour arriver dernier sur cette course ! Même si je suis conscient que je ne serai pas le plus jeune, à partir du moment où je prends un départ, j’ai envie d’arriver placé. Cette année, j’ai par exemple beaucoup régaté sur mon autre bateau, un Feeling. Nous terminons en tête du classement Osiris Atlantique, ce sera encore mon objectif l’année prochaine, la motivation et la passion sont intactes ! Et je ne pense pas que j’emprunterai la « longue route » de Moitessier, mais sait-on jamais ? (rires). Quant au temps, j’estime que nous pouvons mettre un ou deux mois de moins que Robin Knox-Johnston, je dirais entre 250 et 280 jours.