Voile Magazine

Quel bateau pour 30 000 € ?

A l’heure où les voiliers proposés par la plupart des chantiers sont toujours plus grands et plus chers, la plaisance serait-elle devenue un loisir de privilégié­s ? Notre réponse, c’est non ! Démonstrat­ion.

- Texte : Emmanuel van Deth.

TROP CHER, LE VOILIER ?

Oui, si vous considérez l’offre globale du marché, naviguer, ce n’est pas donné… Depuis bientôt dix ans, on note de nouvelles évolutions : les voiliers neufs de taille petite et moyenne se vendent moins alors que les plus grands s’en sortent plutôt bien, multicoque­s en tête. Du coup, l’offre se concentre logiquemen­t sur les unités plus grandes – Jeanneau démarre sa gamme avec le Sun Odyssey 349. Les voiliers les plus petits, les moins chers évidemment, deviennent la chasse gardée des petits chantiers et des constructe­urs de l’Europe de l’Est. Alors on n’est pas loin de conclure que les voiliers coûtent bien plus cher qu’avant, pendant les seventies et la décennie suivante. Eh bien non ! Prenez un Love Love, un best-seller de Jeanneau. En 1973, il coûtait 26 000 F, ce qui correspond à 24 828 € soit, à 113 € près, au prix d’un Blue Djinn (24 715 €). Double constat : la valeur est pratiqueme­nt la même, et surtout, les prix sont étonnammen­t stables ! Quid des unités plus grandes ? En 1980, un First 35 coûtait 282 828 F, soit 134 344 € aujourd’hui. Prix de l’Océanis 35.1 : 112 800 € contre 175 142 € pour un First 35 en 2014 (avant la version Carbon de l’an dernier). Plus grand encore ? En 1980, un Express 44 coûtait 520 000 F, soit 247 002 € ; un Océanis 45 coûte 250 680 €. Soyons honnêtes : ces tarifs sont ceux d’un voilier sorti de chantier. Le transport, les équipement­s, les options, et la note peut vite grimper de 15 à 50%, voire plus. Ça n’est pas nouveau ; bref, les prix n’ont pas bougé… Pourtant, l’industrial­isation des grands chantiers est passée par là. Bavaria a fait bouger les lignes dans les années 1990, suivi par Bénéteau et Jeanneau, et ce fut le début de la guerre des coûts et son corollaire, une politique d’achats sans merci, qui permet aujourd’hui à un chantier comme Bénéteau de proposer des tarifs imbattable­s. Mais tout se passe comme si la hausse générale du coût de la vie avait compensé ces économies d’échelle. Le plaisancie­r, pour sa part, semble plutôt consacrer un moindre budget qu’auparavant. Reste que des voiliers neufs à moins de 30 000 €, il en reste. Certes, ne comptez pas sur eux pour traverser les océans, mais pour caboter voire régater, ils sont parfaits. Acheter neuf, c’est choisir une unité moderne, garantie, dont tous les composants n’ont pas été « usés » par un autre propriétai­re. C’est s’offrir un voilier personnali­sé de la couleur des coussins à la marque de l’électroniq­ue...

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