Quel bateau pour 30 000 € ?
A l’heure où les voiliers proposés par la plupart des chantiers sont toujours plus grands et plus chers, la plaisance serait-elle devenue un loisir de privilégiés ? Notre réponse, c’est non ! Démonstration.
TROP CHER, LE VOILIER ?
Oui, si vous considérez l’offre globale du marché, naviguer, ce n’est pas donné… Depuis bientôt dix ans, on note de nouvelles évolutions : les voiliers neufs de taille petite et moyenne se vendent moins alors que les plus grands s’en sortent plutôt bien, multicoques en tête. Du coup, l’offre se concentre logiquement sur les unités plus grandes – Jeanneau démarre sa gamme avec le Sun Odyssey 349. Les voiliers les plus petits, les moins chers évidemment, deviennent la chasse gardée des petits chantiers et des constructeurs de l’Europe de l’Est. Alors on n’est pas loin de conclure que les voiliers coûtent bien plus cher qu’avant, pendant les seventies et la décennie suivante. Eh bien non ! Prenez un Love Love, un best-seller de Jeanneau. En 1973, il coûtait 26 000 F, ce qui correspond à 24 828 € soit, à 113 € près, au prix d’un Blue Djinn (24 715 €). Double constat : la valeur est pratiquement la même, et surtout, les prix sont étonnamment stables ! Quid des unités plus grandes ? En 1980, un First 35 coûtait 282 828 F, soit 134 344 € aujourd’hui. Prix de l’Océanis 35.1 : 112 800 € contre 175 142 € pour un First 35 en 2014 (avant la version Carbon de l’an dernier). Plus grand encore ? En 1980, un Express 44 coûtait 520 000 F, soit 247 002 € ; un Océanis 45 coûte 250 680 €. Soyons honnêtes : ces tarifs sont ceux d’un voilier sorti de chantier. Le transport, les équipements, les options, et la note peut vite grimper de 15 à 50%, voire plus. Ça n’est pas nouveau ; bref, les prix n’ont pas bougé… Pourtant, l’industrialisation des grands chantiers est passée par là. Bavaria a fait bouger les lignes dans les années 1990, suivi par Bénéteau et Jeanneau, et ce fut le début de la guerre des coûts et son corollaire, une politique d’achats sans merci, qui permet aujourd’hui à un chantier comme Bénéteau de proposer des tarifs imbattables. Mais tout se passe comme si la hausse générale du coût de la vie avait compensé ces économies d’échelle. Le plaisancier, pour sa part, semble plutôt consacrer un moindre budget qu’auparavant. Reste que des voiliers neufs à moins de 30 000 €, il en reste. Certes, ne comptez pas sur eux pour traverser les océans, mais pour caboter voire régater, ils sont parfaits. Acheter neuf, c’est choisir une unité moderne, garantie, dont tous les composants n’ont pas été « usés » par un autre propriétaire. C’est s’offrir un voilier personnalisé de la couleur des coussins à la marque de l’électronique...