Brexit : l’inquiétude des pêcheurs
Les pêcheurs de France se sont réunis à Quimper mi-septembre, inquiets des répercussions du Brexit qui menace leur activité. Les acteurs halieutiques veulent peser dans les décisions du divorce européen. La sécession britannique menace en effet l’horizon jusqu’ici dégagé de la pêche française, qui se porte mieux après des années très difficiles. Les stocks sont revenus à des niveaux qui permettent une exploitation durable, la demande en produits de la mer est très soutenue. Les cours grimpent avec un prix du gasoil très bas, et certains ont pu profiter de cette éclaircie économique pour renouveler leur flotte vieillissante. Mais, selon les contours qu’il adoptera, le Brexit pourrait laisser à quai de nombreux armements. Les captures dans les eaux britanniques représentent en moyenne 30% du total des captures de la pêche française. Un chiffre qui peut grimper très vite, jusqu’à plus du double dans les régions les plus septentrionales, comme pour les fileyeurs de Dunkerque ou Calais. Dans leur cas, c’est 75% de leur chiffre d’affaires. « On doit défendre l’accès aux eaux pour la pêche artisanale et la pêche côtière (...) sans quoi il n’y a plus de pêche », expliquait à Bruxelles, en juillet, Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture. Les Britanniques avaient annoncé deux semaines plus tôt qu’ils quitteraient la Convention de Londres sur la pêche de 1964 (soit avant l’adhésion du Royaume-Uni à l’UE en 1973) pour retrouver le contrôle exclusif des droits de pêche à proximité des côtes britanniques. Le signal d’une volonté de négocier un Brexit dur pour certains, un simple bluff pour d’autres. « Les Anglais pêchent aussi dans les eaux européennes », rappelle à juste titre le patron du port de Lorient, Maurice Benoish.