Un gréement qui évolue au fil des ans
L’adoption du gréement de goélette avec l’utilisation d’un wishbone pour établir deux types de misaine, l’une lattée pour le près, l’autre immense pour le débridé et le portant, ne relève pas du hasard. Après sa Transat victorieuse de 1964, Eric Tabarly avait déjà procédé à de nombreux essais sur Pen Duick II et conçu, en 1966, en vue de participer à la Course des Bermudes, un plan de voilure très proche de celui de goélette avec une misaine à wishbone. Avec Pen Duick III, Eric va exploiter un « trou » de la jauge du RORC, celle qui régit les bateaux de course de l’époque. Le fait que, pour les goélettes, la surface de voilure entre les deux mâts n’est pas prise en compte. D’où ce mur de voiles que Pen Duick III peut porter au portant et qui lui permet de planer – une grande première – dans la brise. En 1968, coup de théâtre qui ne relève pas du hasard non plus. Le RORC modifie les règles de jauge s’appliquant aux goélettes, incitant Eric à changer le plan de voilure de Pen Duick III pour passer à celui de ketch, puis de sloop en 1971 pour disputer la Middle Sea Race et en Floride les courses du SORC. En 1977, Pen Duick III retrouve son gréement de ketch. Rebaptisé Gauloises II il remporte, mené par Eric Loizeau, deux étapes de la Whitbread. Puis, grâce à l’appui de Michel Etévenon, organisateur emblématique de la Route du Rhum, c’est sous le nom de Saint-Malo Pointe-à-Pitre que Philippe Poupon le mène en solitaire, puis en double l’année suivante avec Patrick Tabarly dans la Transat Lorient-Les BermudesLorient. Au terme de longues années en école de croisière sous le nom de Cacharel, il court le premier Vendée Globe en 1989-1990 aux mains de Jean-François Costes. Aujourd’hui, et depuis 2010 grâce à l’Association Eric Tabarly, Pen Duick III a retrouvé son gréement originel.