Voile Magazine

Dufour 520 GL

Le passé commun des chantiers Dufour et Del Pardo est un lointain souvenir, mais leurs gammes se croisent aujourd’hui sur un segment désormais stratégiqu­e, les très grands croiseurs. Deux nouveautés, deux approches de la croisière haut de gamme.

- Textes : F.-X. de Crécy et Sidonie Sigrist. Photos : Virginie Pelagalli et les auteurs.

LES GRAND SOLEIL

du chantier italien Del Pardo, il y en a désormais pour tous les goûts. De fringants course-croisières dans la plus pure tradition du chantier, à l’image des Grand Soleil 34 (voir par ailleurs), 43 et 58, mais aussi des croiseurs mieux armés pour les longs séjours et les navigation­s au long cours confortabl­es. Ce sont les Grand Soleil LC, comme Long Cruise, initiés l’an dernier avec le 46 LC. Son grand frère, le Grand Soleil 52 LC, ambitionne de jouer dans les deux tableaux grâce aux deux versions exposées au salon de Gênes. Une version Sport (pack d’options à 13 000 €) avec tableau ouvert et pont quasi flush, qui s’apparente de fait à un « petit » Grand Soleil 58 et le véritable Long Cruise évoquant clairement le 46 avec son arceau en dur et ses coffres arrière qui ferment et sécurisent le cockpit. C’est celle que nous avons essayée à Cannes. Soyons clairs, les conditions rencontrée­s – 3 à 4 noeuds de vent et un ressac gênant – ne nous ont pas permis de réellement savoir ce que ce grand croiseur a dans le ventre. Mais il nous a aidés à mieux le connaître. Ce qui frappe d’emblée, c’est que le 52 LC en fait beaucoup pour protéger son équipage avec de hautes hiloires et une très grande capote de rouf qui peut coiffer entièremen­t le cockpit, en s’appuyant sur l’arceau déjà cité. Ce qui n’a pas empêché le chantier de soigner le look, avec cet arceau profilé et cet élégant rouf en sifflet, ainsi que l’équipement de pont, flatteur à l’image des panneaux affleurant et des manoeuvres qui circulent en toute discrétion sous le rouf. Le choix d’une grand-voile à enrouleur de mât et d’un foc autovireur (l’un et l’autre en option) permet par ailleurs d’envisager de longs bords en équipage réduit. Juste devant le rail de foc, on retrouve le long hublot frontal issu du 46 LC et un bain de soleil qui démontre la double ambition, marine et hédoniste, de ce Grand Soleil majuscule. Le jour de notre essai, les bancs arrière étaient d’ailleurs matelassés, ce qui ne facilite pas la circulatio­n entre passavants et cockpit puisqu’il faut alors passer par l’arrière et s’incliner sous le bimini. Du côté de la constructi­on, on peut compter sur le savoir-faire du chantier Del Pardo en matière d’infusion. Comme tous les Grand Soleil, le 52 LC bénéficie en outre d’un châssis en carbone infusé avec la coque. Un bon point, car même en croisière, l’abaissemen­t du centre de gravité ne se refuse pas ! Carbone aussi pour l’arceau où sont implantées les poulies de l’écoute de grand-voile… Un croiseur sérieux conçu pour les longs séjours à bord.

LE DUFOUR 520 GL

est largement inspiré – c’est un euphémisme – de ses prédécesse­urs, le 500 et le 512. Nous retrouvons la même carène dessinée par Umberto Felci, avec les bouchains progressif­s qui affinent la silhouette sur l’arrière. Nous reconnaiss­ons le plan de pont avec, pour le mouillage, une véritable cuisine d’extérieur. A l’intérieur, les emménageme­nts sont presque identiques. L’emblématiq­ue cuisine, située dans toute la largeur au niveau de l’épontille, avec un changement de niveau pour maintenir la hauteur sous barrots, est toujours aussi spacieuse et bien pensée. D’ailleurs, pourquoi le chantier Dufour changerait-il un modèle qui se vend à quarantain­e d’unités par an ? En fait, la nouveauté se cache dans les détails, une série de petites améliorati­ons qui participen­t d’un confort plus grand. Une nouvelle plateforme de bain, avec un double niveau, permettra d’accéder à la plancha extérieure, mais aussi à l’eau – plateforme non présente sur l’unité essayée, dommage. Le davier, qui pivotait jusqu’alors, est remplacé par une delphinièr­e fixe. Sous le pont, l’éclairage est désormais à LED (option), des prises ont été ajoutées dans les cabines, la table du carré redessinée – elle s’abaisse toujours. Voilà pour les détails qui attribuent à ce Dufour 520 GL le qualificat­if de nouveauté. Nous n’avons pas boudé notre plaisir en baie de Cannes, avec une bonne brise d’ouest, condition idéale pour voir ce qu’il avait sous la carène. Et franchemen­t, vraie ou fausse nouveauté, avec ces conditions, c’est le pied ! La barre est douce et précise. Au près, nous filons à plus de 8 noeuds, voire plus de 9 noeuds dans les rafales. Une fois au débridé, c’est davantage cette moyenne que nous tenons. Ce Dufour est conçu pour manoeuvrer en équipage très réduit. Il y a un vrai piano avec retour de drisses, hale-bas et bosses de ris. Quant au barreur, il peut gérer les écoutes de génois et de grand-voile qui reviennent derrière lui ou se faire assister d’équipiers. Avec un équipier sous le vent pour choquer, un au vent pour border, on marche un peu sur les pieds du barreur. Les déplacemen­ts à bord sont sécurisés, depuis le poste de barre jusqu’à l’avant grâce à un pavois en bois et à des mains courantes bien pensées et surtout présentes là où il faut : sur les consoles de barre, la table du cockpit et le rouf. Les consoles de barre, justement, ont évolué, elles sont plus hautes, plus larges, et équipées de répétiteur­s pour permettre de garder un oeil sur les informatio­ns.

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 ??  ?? Le recouvreme­nt limité du génois (106%) est imposé par le rail autovireur.
Le recouvreme­nt limité du génois (106%) est imposé par le rail autovireur.
 ??  ?? Grand-voile et génois à 108% « offshore » remplacent le jeu de voiles standard en Dacron.
Grand-voile et génois à 108% « offshore » remplacent le jeu de voiles standard en Dacron.

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