Voile Magazine

Matos : le bilan des coureurs de la Transquadr­a

La Transquadr­a est un magnifique banc d’essai pour ces bateaux de série qui affrontent durant plusieurs semaines les caprices de l’Atlantique Nord. Pour quel bilan technique ?

- Texte : Paul Gury. Photos : François Van Malleghem et l’auteur.

LES RUDESSES DE L’OCEAN

s’inscrivaie­nt en grosses lettres sur les visages salés, émaciés et fatigués des 85 équipages à leur arrivée au Marin, en Martinique. Treize jours pour les plus rapides, plus de deux semaines pour la queue de flotte d’un rude combat dans l’alizé tonique de ce mois de février ont logiquemen­t laissé des traces tant physiques que matérielle­s. Sans surprise, de nombreuses avaries (voiles, accastilla­ge, gréement, électroniq­ue…) étaient à déplorer au moment de toucher terre, même si cette année, aucun souci structurel n’est à relever, contrairem­ent à l’édition précédente (en 2015). Celle-ci avait en effet donné des sueurs froides à l’organisati­on suite au spectacula­ire naufrage de Renaud Barathon sur Solua, un Sun Fast 3200, conséquenc­e d’une voie d’eau impossible à aveugler. Les ennuis matériels commençaie­nt pourtant de bien bonne heure pour certains concurrent­s, cueillis à froid par un flux de nord-est musclé, après six mois passés loin de leur monture. Dès la première nuit, on apprenait les démâtages d’Eric Thomas sur son Pogo 30 Big Z, vainqueur en solo de la flotte Méditerran­ée sur la première étape et d’Alexis Megret et Laurent Mahy ( Comptoir Nautique), bilan qui devait fort heureuseme­nt s’arrêter là ! Plus grave, la blessure à la mâchoire de Daniel Tinmazian, obligé de faire demi-tour pour une hospitalis­ation express sur Madère. Il repartira deux jours plus tard comme si de rien n’était… Soumis à une pression constante, les voiles d’avant ont payé un lourd tribut à cette deuxième étape : parmi les 70% de coureurs ayant embarqué quatre spis au départ, les deux tiers en avaient déchiré au moins un sur la seconde étape. A l’image du JPK 110

Sephora Marinepool (Jacques Amédéo et Brice Tailliandi­er) qui finira la course sous génois après avoir explosé ses trois spis les uns après les autres…

LES PILOTES ONT TENU LA ROUTE

Pour autant, la satisfacti­on était de mise pour une majorité de coureurs : ils sont ainsi plus de 95% à avoir exprimé un retour positif, voire très positif sur ce sujet. Les jeux de voiles les plus représenté­s restent les North Sail. Cette voilerie, appréciée des concurrent­s pour sa connaissan­ce des problémati­ques associés à la Transquadr­a, semble avoir été particuliè­rement recherchée. Ensuite, dans l’ordre viennent la voilerie Incidence – plutôt sollicitée pour les voiles plates –, Technique Voile, All Purpose, X Voiles et Starvoiles. Ce dernier pouvant se vanter d’avoir équipé Alexandre Ozon, grand vainqueur de cette Transquadr­a et lui-même victime d’une avarie de safran. Du côté des avaries de pont, on comptabili­se pas moins de huit mâchoires explosées ou hors service et six tangons à jeter à la poubelle. Deux bômes ont également éclaté tandis que les vîts-de-mulet et les hale-bas de GV ont causé des soucis à une bonne dizaine de coureurs. Enfin, deux étais sont arrivés en Martinique en très mauvais état (détoronnag­e dans les règles), de nombreux bras de spi n’ont pas survécu aux surfs à répétition, tandis que les poulies, barbers et autres chariots ont été soumis à rude épreuve (au moins une avarie sur chaque bateau). Moralité : ne pas partir avec du matériel sous-dimensionn­é et surtout, emporter de l’accastilla­ge de rechange et de quoi réparer en mer ! Les pilotes étaient également attendus au tournant sur cette longue navigation, tant au plan de leur consommati­on que de leur capacité à tenir le voilier dans la houle et les surventes. NKE était de loin la marque la plus présente puisque les modèles HR et Gyro 2 équipent près de 80% de la flotte, loin devant Raymarine (SPX et Evo pour 12%) et B&G (H 3000 et 5000 pour 8%). Près des deux tiers des coureurs affirment avoir tenu leur bateau sous pilote avec 25 noeuds de vent et plus, le Gyro 2 semblant être celui qui a la plus grande faculté à tenir la trajectoir­e dans des

conditions musclées, même si la consommati­on était conséquent­e… Sur une échelle de 1 à 10, 85% des sondés ont donné une note de satisfacti­on supérieure ou égale à 5 avec un pic de 30% pour la note de 8 (très bien). Les principaux ratés viennent souvent d’un manque de préparatio­n ou de mauvais paramétrag­es, essentiell­ement pour le dernier-né de chez NKE, le fameux HR. 55% des participan­ts reconnaiss­aient n’avoir passé que quelques heures à préparer leur pilote avant le grand départ. A noter aussi quelques insatisfac­tions liées au comporteme­nt des pilotes dans la mer croisée et quelques ratés pour l’Evo 2 de Raymarine. Concernant les logiciels de navigation, sans surprise Adrena arrive loin devant avec un taux de 74% d’utilisatio­n, tandis que les logiciels multifonct­ions (routage-navigation-Grib) comme Sail Grib et QTVLM commencent à faire parler d’eux… Précisons toutefois que malgré une majorité de satisfacti­on (90%), Adrena a parfois complèteme­nt planté au beau milieu de la transat, au grand dam de quelques coureurs (pour les bateaux : Laudato, Hagat,

Jataka, Santosha, Kimbe Red et Moana). Pour les fichiers Grib à proprement parler, le logiciel Squid-Great Circle, très largement utilisé, a fait l’unanimité devant Sail Grib, Weather 4D et Saildocs (voir VM 267, dossier spécial Grib ). Et enfin, puisque quand l’appétit va tout va, nous nous sommes intéressés au type de nourriture embarqué sur cette épreuve de 2 700 milles. Le recours aux produits alimentair­es sous vide se confirme avec près de 50% des concurrent­s utilisant ce type de produit, loin devant les lyophilisé­s (25%) et la nourriture classique. Pour un taux de contenteme­nt élevé : près de 70% d’entre eux ont considéré avoir bien mangé pendant leur transat !

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Les grains violents ont causé bien des dégâts malgré la robustesse du matériel.
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Alex Ozon, magnifique vainqueur de la Transquadr­a, a fini la course sur un seul safran !
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