Les potins des pontons
C’est un sujet qui resurgissait régulièrement en interne, façon serpent de mer, depuis un an. On évoquait des discussions qui commençaient, échouaient, reprenaient… Mais maintenant, c’est du sérieux : le rapprochement stratégique entre Dufour et Fountaine-Pajot est bel et bien lancé. Officiellement, les deux chantiers rochelais « étudient leur rapprochement », mais on se doute bien que s’ils communiquent sur le sujet auprès de la presse financière et nautique, c’est qu’un accord de principe – au moins – a été trouvé. Cet accord, qui devrait être signé dans les prochaines semaines, prévoirait une prise de participation majoritaire de FountainePajot au sein de Dufour, ce qui semble logique au vu de la santé financière des deux sociétés. Dufour n’a jamais recouvré la « forme » qui était la sienne avant la crise de 2008, malgré son renflouement par les collectivités locales. Le chantier Fountaine-Pajot, en revanche, est peu endetté et a connu un début d’année tonitruant en bourse (marché Euronext)… Soyons clairs, même si les chantiers présentent leur rapprochement comme un mariage de coeur, il s’agit donc bien, financièrement parlant, d’une prise de contrôle de Dufour par Fountaine-Pajot. Dans ces conditions que va-t-il advenir, à terme, de la direction de Dufour, et de la gamme de catamarans – développés et construits par une filiale italienne – annoncée au Nautic ? L’avenir le dira. Après tout, le nouveau groupe pourrait conserver Dufour Catamaran et positionner cette marque en haut de gamme, comme son concurrent Lagoon envisage de le faire avec une nouvelle marque… Pour le reste, le projet est très cohérent sur le papier. Cohérence régionale bien sûr, mais aussi complémentarité des gammes et des réseaux, Dufour étant très bien représenté en Europe et Fountaine-Pajot fortement implanté aux Etats-Unis. Rappelons enfin que le géant rochelais aurait aussi des liens capitalistiques forts avec Dream Yachts Charter, via Fountaine-Pajot. Le nouveau groupe serait en mesure de peser sur la scène européenne. Il deviendrait le deuxième groupe nautique du continent, assez loin de Bénéteau mais devant les groupes Hanse et Bavaria. Il ne manquerait à son offre qu’une ou deux marques de bateaux à moteur pour vraiment défier les Vendéens.