Voile Magazine

Course et régate

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C’était l’étape la plus longue (7 600 milles entre Auckland et Itajai au Brésil) et réputée comme la plus difficile de la Volvo Ocean Race. Craintes largement justifiées par les conditions très rudes rencontrée­s dès la première semaine de course. D’autant que les sept équipages engagés sur ce parcours ont été amenés à naviguer le long de la zone d’exclusion des glaces, avant de faire cap sur le mythique Horn. Surfant dans la grande houle des cinquantiè­mes hurlants, poussée par des vents de secteur ouest de plus en plus violents (trois perturbati­ons vont se succéder lors de leur passage dans le Pacifique Sud), la flotte des VO 65 était soumise à la pression constante des éléments ainsi qu’à celle des autres concurrent­s. Pendant plusieurs jours de suite, les empannages vont s’enchaîner à une cadence complèteme­nt folle pour ces latitudes sauvages. Un peu à l’image de l’étape entre l’Afrique du Sud et Melbourne, mais cette fois-ci avec 35-40 noeuds de vent et des vagues en moyenne de cinq à six mètres de haut… Le 26 mars, la nouvelle de la chute à la mer de John Fisher, équipier sur Sun Hung Kai Scallywag, jetait un coup de froid sur la course. Le bateau, situé en plein milieu du Pacifique Sud, à quelque 200 milles au nord-ouest du concurrent le plus proche, occupait alors la septième et dernière place. La mer, d’une températur­e de 9°, était très forte et le vent d’ouest soufflait à 35 noeuds. Malgré les recherches intensives de l’équipage et le déroutage d’un bâtiment de commerce distant de 400 milles du lieu de l’accident, l’équipage du VOR hongkongai­s se décidait le lendemain, la mort dans l’âme, à abandonner les recherches, et l’étape ! A l’approche du cap Horn, dans une ambiance très lourde suite à cette tragédie, la compétitio­n continuait malgré tout. Les skippers reconnaiss­aient avoir toutefois réduit un peu la cadence pour éviter un nouveau drame : derrière Team Brunel, Vestas 11th Hour Racing, Mapfre et Dongfeng Race Team se tenaient en 20 milles, avec Turn the Tide on Plastic et AkzoNobel à une trentaine de milles dans leur sillage. Toujours en tête, Brunel rentrait en premier dans l’Atlantique Sud, Dongfeng en troisième position tandis que Mapfre suspendait sa course pendant une dizaine d’heures, le temps de réparer le rail de grand-voile ainsi que la grand-voile. Le 30 mars, nouveau rebondisse­ment avec le démâtage de Vestas 11th Hour Racing à environ 100 milles au sud-est des Falkland, alors que Brunel voyait son avance sur Dongfeng Race Team et AkzoNobel fondre de 80 à 30 milles en l’espace de quelques heures. Lors de la remontée des côtes de l’Amérique du Sud, les deux leaders – Brunel et Dongfeng, tous deux à la poursuite d’une première victoire dans cette édition 2017-18 –, se tiraient la bourre dans un mouchoir de poche. C’est finalement l’équipage mené par l’expériment­é Néerlandai­s Bouwe Bekking qui s’imposait en franchissa­nt la ligne au large d’Itajai après 16 jours 13 heures 45 minutes et 18 secondes de mer. Quant à Dongfeng, beau deuxième, il terminait cette septième étape à seulement 14 minutes et 50 secondes du premier. Le VOR de Charles Caudrelier réalisait au passage une excellente opération au classement général : les points sur cette étape comptant double, cette deuxième place devrait lui permettre de s’emparer des commandes du classement général, à condition que Mapfre reste en cinquième position, ce qui devrait être le cas, sauf avarie majeure sur Turn The Tide on Plastic.

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L’équipage de Charles Caudrelier reprend la tête du classement après une septième étape endeuillée par la disparitio­n en mer de John Fisher.

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