Voile Magazine

CODE 1 FOILER Plus léger pour décoller

- Texte : Emmanuel van Deth. Photos : Black Pepper et l’auteur.

de Black Pepper ont démarré leur saga en 2011 avec le 0. Le concept : des voiliers ultra-rapides avec un design néorétro. Une touche qui se limite à un dessin de rouf en dog-house à l’ancienne et quelques essences de bois. Parce que pour le reste, c’est carbone à tous les étages ! A tel point que la version du Code 1 que nous découvrons à Hyères gagne 500 kg par rapport aux premiers modèles « classiques ». Et c’est précisémen­t cette légèreté qui apporte toute la cohérence à ce projet foil. Il n’est pourtant pas question de « voler », les foils sont ici conçus pour générer une portance sous le vent de façon à contrer la gîte et l’enfoncemen­t de la carène. L’exercice n’est pas évident : relevés, les foils tentent de se faire oublier au près – il convient d’éviter un effet chasse-neige avec la quille – tandis que l’appendice sous le vent est sorti dès le reaching. Là, on obtient une force qui correspond à 6% du déplacemen­t par 12 noeuds de vent et 31% par 20 noeuds. C’est donc par bonne brise que l’effet foil se fait sentir… Mais il y a forcément une limite, faute d’un plan porteur sur les safrans et de volets ; à très haute vitesse, on s’attend à un effet de cabrage trop marqué, qui réclamera de rentrer progressiv­ement le foil pour stabiliser l’assiette longitudin­ale. Et le gain de vitesse attendu, au débridé, est de 1 à 3 noeuds. Le caractère radical du Code 1 Foiler apparaît dès les premières manoeuvres au port : le moteur de 30 ch ne pousse pas très fort et les foils qui débordent les bordés réclament une grande attention pour ne pas accrocher les amarres ou les bateaux voisins. En eau libre, autre ambiance : un accastilla­ge irréprocha­ble permet d’établir facilement les voiles et les grandes surfaces planes permettent à l’équipage de manoeuvrer avec fluidité.

UN RIS DANS LA GRANDVOILE EN VUE DU MISTRAL

C’est la toute première sortie sous voiles pour le Code 1 Foiler. Michel de Franssu, patron de Black Pepper, opte pour un ris dans la grand-voile en prévision de la poussée du mistral prévue en fin d’après-midi. Pour l’heure, nous relevons 12 à 13 noeuds de vent. Le bateau marche à plus de 7 noeuds au près – nous sommes très proches des polaires de l’architecte qui, pourtant, intègrent plus de surface de voilure. Une fois parvenus au vent de la rade, nous choquons les écoutes et descendons le foil sous le vent. L’effet sur l’assiette de la coque est immédiat. On avait déjà un confortabl­e rapport de lest de 56%, une quille pivotante profonde en navigation et un ballast de 600 l sur chaque bord... Mais le foil bloque littéralem­ent la gîte. La vitesse monte à 10 noeuds, bateau pratiqueme­nt à plat. De quoi motiver l’envoi du gennaker et le largage du premier ris… Las, dans les caissons qui intègrent les puits des foils, l’eau de mer s’invite façon geyser. Un système d’évacuation est prévu, mais il fonctionne… à condition de fermer les caissons. Sur chaque bord, une feuille de carbone préimprégn­ée sera mise en place dès le lendemain pour une nouvelle sortie sous gennaker – et foil – bien au sec. Pour l’heure, les fameux foils sont donc rentrés et l’eau s’invite avec moins de vigueur à bord grâce à quelques bourrages de Sika sur les bouts de commande. Nous sommes déjà tout à l’est du plan d’eau et le vent dépasse les 20 noeuds. Le solent est roulé ; place à la trinquette. Encore une fois, les manoeuvres de notre bolide s’avèrent étonnammen­t faciles. A l’intérieur, même si le Code 1 Foiler se veut plus sportif encore que la version classique, un net effort a été entrepris pour offrir plus de conviviali­té et de confort. Le rouf, par exemple, a été rehaussé de 5 cm. Le puits de la quille pivotante et les caissons des foils n’entravent pas trop la circulatio­n. Mais l’imposant varangage de fond de coque réclame de l’attention pour placer les pieds aux bons endroits. La cabine de l’étrave est plus facile d’accès grâce à la table du carré en plexi. Si l’effort pour gagner du poids est omniprésen­t, la finition est nette avec de belles surfaces blanches et du carbone pour les mains courantes, panneau de descente, etc. Avec sa cuisine, sa table à cartes et ses volumes de rangement, le Code 1 Foiler offre le minimum requis pour la croisière. Si ce bolide survitamin­é ne joue pas la carte du confort cossu des croiseurs de grande série de même taille, il en donne bien plus qu’un coursier pur et dur. Plus qu’un weekender, le Code 1 Foiler est un voilier d’exception, avec un programme au final assez large.

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Même sous grand-voile arisée, le Code 1 affiche un plan de voilure impression­nant.

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