Voile Magazine

Lili 6.10 : le montage de l’accastilla­ge

Le constructe­ur touche au but ! Mais pas d’impatience, c’est au contraire le moment de soigner l’accastilla­ge de pont et le matelotage. Parce que la sécurité, la facilité de manoeuvre et les performanc­es en dépendent.

- Texte et photos : Jean-Yves Poirier.

A L’IMAGE DU LILI dans son ensemble, le plan de pont est simplissim­e, qui ne compte en tout et pour tout que deux poulies, deux renvois, cinq taquets, deux pontets textiles et une poignée d’anneaux de friction, le tout associé à des cordages en Dyneema. Les manoeuvres sont légères et efficaces, mais il faudra porter des gants à chaque utilisatio­n, les petits diamètres étant redoutable­s pour les mains...

Simples, ultra légers et résistants, les accastilla­ges textiles de Nodus Factory cochaient toutes les cases pour faire partie de l’équipement du Lili. Les manilles Textile T sont de série, contrairem­ent aux boucles de fixation des livardes (en haut à droite), aux palans d’étarquage des points d’écoute (en bas au centre) et à la drisse de voile d’étai (en bas à gauche) qui ont été réalisés sur mesure. L’ensemble, qui associe des cordages Dyneema, des connecteur­s spéciaux T-Close et des anneaux de friction, ne pèse que quelques centaines de grammes, avec une charge de travail généreusem­ent dimensionn­ée.

Grâce à la réduction par enroulemen­t, la voilure se passe de drisse façon planche à voile. Une sangle passée sur la potence de tête de mât retient la têtière et la tension de la ralingue est obtenue à l’aide d’une simple ligature en pied. Simple et fonctionne­lle, cette configurat­ion ne permet pas de régler la tension de ralingue en fonction du vent, genre cunningham. Si vous avez des idées…

Le système d’enroulemen­t d’origine brille par sa simplicité puisqu’il n’y a qu’un seul bout dont les tours servent à enrouler la voile, le déroulemen­t étant confié à l’écoute. Le fourreau de la voile s’oriente à peu près naturellem­ent dans le vent. Sur mon Lili à moi, le mât est profilé et non cylindriqu­e, avec une voile sur ralingue qui oblige à orienter correcteme­nt le profil en fonction des différente­s allures. Dans ces conditions, deux bouts sont nécessaire­s pour la manoeuvre, avec une double fonction : enrouler et dérouler, et orienter le mât par rapport au vent. Les deux bouts s’enroulent autour de l’espar, séparés par un disque en carbone qui supporte le cordage. Un filoir à double entrée permet de guider les bouts et de faciliter l’enroulemen­t. Comme pour un génois, il est néanmoins nécessaire de choquer un peu l’écoute pour diminuer la pression sur l’étambrai et l’effort à exercer sur la commande. Une bonne couche de suif a également contribué à diminuer la peine de l’équipier !

Pour le petit temps, j’ai rajouté une livarde à la misaine (à l’origine seul l’artimon en est doté) afin de mieux contrôler le creux et la chute. Elle sert également de mâtereau pour mettre le mât en place. Un crochet passé dans une boucle en Dyneema tient l’avant du tube carbone (diamètre 32 mm) le long du mât. Le palan d’étarquage à cinq brins est entièremen­t logé à l’intérieur du tube, avec un crochet inox frappé au point d’écoute à une extrémité et la commande aboutissan­t à un clam de wishbone de planche à voile à l’autre. Simple et très efficace, mais il faut bien sûr retirer la livarde pour pouvoir réduire… Elle loge ensuite sans trop de problèmes le long du passavant tribord. La livarde de l’artimon est gréée de la même manière mais son palan interne ne compte que trois brins.

A l’image du système d’enroulemen­t, l’écoute de misaine pose aussi son lot de problèmes fonctionne­ls, car le palan doit, comme sur tous les cat boats, toujours être placé sous le vent pour ouvrir le plan de voilure au près (bordé dans l’axe, le bateau s’arrête !). Mais il doit aussi passer d’un bord à l’autre au virement de bord et modifier le point de tire en fonction du nombre de tours d’enroulemen­t. La méthode traditionn­elle, qui consiste à décrocher la poulie d’écoute de son taquet pour la raccrocher à la main de l’autre côté tout en poussant la barre, ne me séduisant guère, j’ai imaginé un système hybride, sur la base de deux rails en T de 20 mm (Barton), fixés symétrique­ment dans l’angle du pont et du cockpit. Chacun porte un curseur de génois, avec un pontet inox et une butée à ressort. Une pantoire en tresse Dyneema de 6 mm fixée aux deux pontets permet de faire coulisser d’un bord à l’autre une manille de mouflage à anneau (Nodus Factory) solidaire de la poulie violon du palan d’écoute. Pour régler le point de tire en fonction de la réduction, il suffit de déplacer d’avant en arrière les deux curseurs le long des rails, conforméme­nt aux perçages des butées, exactement comme un chariot de génois. L’ensemble fonctionne bien à l’usage, mais les curseurs de 20 mm étant dépourvus de glissières anti-friction, ils peinent à coulisser sous charge.

Le mouillage trouve sa place dans la baille à l’avant, mais, au moment de la modélisati­on 3D (voir VM n°226) je me suis lamentable­ment planté dans ses dimensions, en particulie­r en profondeur ! Résultat, l’ancre Fortress en alu peine à se loger entre le davier (Osculati), dont la platine épouse parfaiteme­nt l’arrondi de l’étrave, et la robuste bitte d’amarrage qui équipe la plupart des plans Montaubin.

Suite au placement erroné de son sabot de fixation, j’ai dû couper et manchonner le tube carbone de la queue-de-malet afin que le point de tire de l’écoute d’artimon aboutisse au point prévu ! Le blocage repose sur une boucle en Dyneema qui serre le tube sur le sabot, une clavette empêchant tout mouvement de rotation. Le démontage est instantané, ce qui permet d’escamoter rapidement la queue-de-malet, afin de réduire l’encombreme­nt du bateau au port par exemple.

La dérive se descend à l’aide d’un bout qui glisse sur un morceau de tube carbone collé en haut du profil et aboutit à un clam cleat à renvoi en alu (les modèles en composite sont incompatib­les avec le cordage Dyneema). La remontée se fait directemen­t à l’aide de la poignée en alu. Emprunté aux catas de sport, un manchon mousse mis sous tension par un sandow puissant sert de frein pour maintenir l’appendice en haut ou dans n’importe quelle position intermédia­ire. Grâce au traitement White T Speed (voir VM n°255) au PTFE, la dérive coulisse sans le moindre effort dans le puits.

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 ??  ?? Des manoeuvres fluides, des performanc­es à la hauteur des attentes du constructe­ur comme de l’architecte (ici sous le vent) : contrat rempli !
Des manoeuvres fluides, des performanc­es à la hauteur des attentes du constructe­ur comme de l’architecte (ici sous le vent) : contrat rempli !
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