Un géant pas comme les autres
Carlo Gullotta (voir par ailleurs) porte en lui depuis longtemps ce grand bateau de voyage en aluminium à quille relevable. Soucieux du strict respect de son cahier des charges, le concepteur amateur a décidé de devenir professionnel en construisant lui-même le Gulliver dans un chantier d’assemblage installé par ses soins à Milan, la chaudronnerie étant confiée à un spécialiste italien du bateau de travail en aluminium – et validée par l’ICNN. Le résultat est assez bluffant. Le rouf légèrement arrondi est latté de teck– du très beau travail –, tout comme le cockpit et les passavants. Le plan du cockpit est relativement classique, avec de gros winches d’hiloire, mais comporte aussi un imposant winch central sur l’arrière, motorisé et dédié à la grand-voile. La large jupe donne accès à une zone technique comportant notamment un réservoir de gasoil dit « journalier ». Le réservoir principal est en effet placé si bas qu’il ne permet pas d’alimenter le moteur passé un certain angle de gîte. Il faut donc pomper le carburant dans ce réservoir journalier de 90 l, tandis que les 450 l du réservoir principal contribuent à la stabilité du bateau. Car la performance n’est pas une option pour Carlo qui compte bien courir des classiques méditerranéennes comme la Middle Sea Race. Raison pour laquelle tous les emménagements sont réalisés dans un sandwich très léger ce qui, combiné à une quille relevable dont le bulbe plonge à 3,50 m, a permis de rester sous les 15 tonnes de déplacement, fait remarquable pour un bateau de voyage. Remarquables aussi, les emménagements très marins qui fourmillent de bonnes idées. On est clairement sur un bateau de mer. Le carré arrière évoque les Cigale et ce n’est pas innocent, puisque cette carène signée Marc Lombard pourrait devenir celle d’un futur Cigale 18. Mais c’est une autre histoire !