Voile Magazine

Des naufragés oubliés ?

- DIDIER FORET (PAR MAIL).

Le 27 juin 2018 à 12h05, nous faisons naufrage, mon beau-frère, son épouse et moi-même. Notre voilier de 45 pieds, après avoir heurté un OFNI à mi-chemin entre la Grèce et l’île de Malte, coule. Nous déclenchon­s la balise et embarquons dans la survie. Récit de mon neveu, marin expériment­é qui, étant prévenu par le CROSS Med, a suivi les opérations : « Suite à notre dernière conversati­on, le CROSS Gris Nez aurait contacté l’ambassade de France à Rome pour vous « prendre en charge » dès votre arrivée sur le sol italien : informatio­n reçue à 22H10 UT. Voici le déroulemen­t de mes conversati­ons du 27 juin avec le CROSS : - 12.05 UT : Appel du CROSS « Déclenchem­ent de la balise » : un avion italien est en route vers le signal de détresse... - 15.37 UT : Appel d’Olivier (le neveu) : l’avion de surveillan­ce italien a repéré un radeau de survie sur la zone mais pas de voilier : « Nous ignorons encore le nombre et l’état de santé des personnes embarquées dans le radeau ». - 15:40 UT : Appel d’Olivier : Barbara et Marine contactées. - 17.01 UT : Appel du CROSS, Le SPES (Véhicules Carrier) est en route vers le signal. - 22.10 UT : Appel du CROSS, équipage embarqué sur le SPES, l’ambassade de France à Rome (avec le scan de vos passeports envoyé du SPES) aurait été prévenue à ce moment-là... - 22:20 UT : « Bonne nouvelle! Je contacte ma soeur et j’envoie un message à Marine (mon épouse). » Le SPES, le cargo qui nous a récupérés, une fois sa mission terminée, nous a débarqués à Salerne au sud de Naples en Italie à minuit, nous n’avons plus que nos passeports! Un rapport extrêmemen­t circonspec­t et détaillé de nos personnes a été constitué pendant les 24 heures de notre « croisière » à bord du SPES pour les autorités italiennes et françaises avec l’assurance d’un accueil personnali­sé à notre arrivée. Nous étions heureux, rassurés et confiants. Personne à l’arrivée, aucun contact des autorités dans les heures suivant notre débarqueme­nt, RIEN. Nous avons pris un taxi, trouvé un hôtel pour nous poser, réservé des billets d’avion pour rejoindre Paris et nous sommes rentrés accueillis par notre famille au complet ! Après ce choc psychologi­que lourd, je vous prie de me croire, je m’interroge : que s’est-il passé, pourquoi cet abandon, qui a défailli et pourquoi une telle négligence? Est-ce comme cela que les citoyens français sont traités après un naufrage? Même la presse italienne s’en est faite l’écho ! Je souhaite aujourd’hui avoir une explicatio­n, cela me permettra de mieux dormir. NB : Nous en avons même oublié de faire fonctionne­r les assurances de nos cartes Visa premier, je vous laisse imaginer la note, mais c’était peut-être le prix à payer.

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De gauche à droite : le capitaine du cargo SPES et Didier Foret.

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