Voile Magazine

1982 : PAJOT GAGNE ET PUIS S’EN VA

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UNE PAGE SE TOURNE.

La victoire de Mike Birch en 1978 a définitive­ment clos le débat monocoque/multicoque même si Michel Malinovsky fait de la résistance en s’engageant sur Kriter VIII, un grand mono de 23 mètres en aluminium, toujours dessiné par l’architecte marseillai­s André Mauric. Tris ou catas, ce sont désormais les multicoque­s qui occupent le haut du pavé dans le bassin Vauban où cinq d’entre eux dépassent les 20 mètres, la palme revenant à William Saurin d’Eugène Riguidel avec 27 mètres. En quatre ans, la Route du Rhum est entrée dans une autre dimension. Oubliés les problèmes de positionne­ment. Chaque bateau est désormais équipé de sa balise Argos complétée d’une fonction détresse. La flotte est divisée en cinq classes, monos et multis confondus, en fonction de leur longueur. Absent de la première édition, Eric Tabarly mène son foiler Paul Ricard, détenteur du record de la traversée de l’Atlantique. Mieux encore, sur idée du bouillonna­nt Yves Devillers, les journalist­es et le public ont désormais la possibilit­é d’écouter les conversati­ons en direct de l’océan, de suivre les positions des solitaires depuis un lieu magique, la bulle Thomson. Une structure gonflable implantée au pied de la tour Montparnas­se. La communicat­ion fait une entrée fracassant­e dans le monde de la course. C’est une première, tout comme l’arrivée dans la voile d’une grande puissance industriel­le, Elf Aquitaine. Son poulain Marc Pajot dispose cette fois d’un cata en aluminium de 20 mètres équipé d’un mât aile. Une première. C’est l’un des favoris. Marc l’a déjà mené à la victoire dans La Baule-Dakar, battu le record de la traversée de l’Atlantique, et terminé deuxième en 1982 de la course La RochelleLa Nouvelle-Orléans. Jusqu’à la bouée de Fréhel qu’il vire en tête, deux vedettes lui ouvrent la voie. Elle sera royale. Avec dix heures d’avance sur Bruno Peyron, Marc remporte la Route du Rhum malgré la poutre avant de son cata affaiblie par une fissure, lui imposant avant l’arrivée un arrêt éclair. Il n’empêche que cette victoire ne saurait faire oublier que le Rhum ne se résume pas à une simple traversée par les alizés. Qu’au mois de novembre, le golfe de Gascogne peut se montrer impitoyabl­e. En tout cas, Guy Delage fait la une le 7 novembre, jour du départ. Cinq minutes après avoir coupé la ligne devant Saint-Cast, son prao Rosières s’est plié en deux avant de chavirer. « Le prao désaccordé » titre le magazine Neptune. Déjà, après quelques heures de course, bon nombre de concurrent­s doivent rentrer réparer sur panne de pilote à l’image de Florence Arthaud, dont le tri Biotherm a bien failli entrer en collision avec le Jacques Ribourel d’Olivier de Kersauson. Marquée par le mauvais temps du début de course, l’édition aux 22 abandons connaît son premier chavirage. Au douzième jour de course, celui du trimaran Rennie, mené par l’Australien Ian Johnston. Son sauveur, Olivier Moussy, est surnommé le saint-bernard des mers. En effet, en1979 il avait déjà récupéré Pierre Follenfant dans la Course de l’Aurore. Il a donc récidivé avec Ian qu’il a embarqué durant huit jours avant de le débarquer en baie de Fort-de-France. A l’heure du bilan, il faut bien admettre que le classement fait la part belle aux catas qui occupent les trois premières places. Ils ont fait la preuve de leur hégémonie, mais pour combien de temps ? 52 concurrent­s au départ, 30 classés. 1er : Marc Pajot ( 18 j 1 h, 2e : Bruno Peyron ( 18 j 11 h, 3e : Mike Birch ( 18 j 13 h.

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Première sur le Rhum. Marc Pajot a équipé son cata Elf Aquitaine d’un mât aile tournant en carbone.

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