Une classe de haut vol
Seulement six Multi 50 prendront le départ de la prochaine Route du Rhum dans la catégorie la plus ouverte de la course. Tous peuvent en effet prétendre à la victoire à Pointe-à-Pitre. Retour sur une flotte engagée.
BEAUCOUP DE FAVORIS
parmi les six Multi 50 engagés et un seul vainqueur à la clef : c’est bien connu, à Pointe-à-Pitre, seule la victoire sera belle ! De l’avis même des coureurs, jamais une flotte n’aura été aussi homogène au départ d’une transat. Il suffit de regarder les résultats de la classe depuis la dernière Jacques Vabre en 2017 pour s’en persuader : les écarts sont systématiquement minimes, que ce soit au large ou autour de trois bouées. Toutefois, Erwan Le Roux, sur FenêtréA-Mix Buffet, semble posséder un léger avantage puisqu’il s’est imposé sur la dernière Route du Rhum en 2014 tout en ayant consolidé de la confiance en 2018 après sa victoire sur le Grand Prix de St-Brieuc et sa deuxième place à l’occasion du Grand Prix Valdys couru à la fin de l’été dernier. En septembre, le skipper morbihannais a réalisé un check up complet de son Multi pour valider les modifications apportées à son bateau depuis sa deuxième place sur la Jacques Vabre en 2017 : installation de foils désormais autorisés par la jauge, changement de la dérive centrale réalisée en autoclave dans le même moule que celui de Ciela Village pour gagner en rigidité, rajout d’un hook de GV et achat de nouvelles voiles à l’image du gennaker All Purpose et du solent 3DI de chez North. Erwan ne cache pas ses ambitions forcément élevées à la barre d’un Multi 50 (l’ex- Crêpes Whaou, un plan VPLP racheté en 2011) qui a fait ses preuves au large. « Sur une Route du Rhum, tout va se jouer sur l’équilibre à trouver entre la sécurité et la vitesse ou comment aller plus vite que les autres sans se retourner… Le binôme bonhomme/bateau sera primordial ! » Pour parfaire cette relation, une grosse période de navigation en solitaire est prévue en octobre pour se frotter aux conditions automnales. Toujours du côté des grands favoris, Arkema, skippé par Lalou Roucayrol, devrait tenir la dragée haute aux cinq autres concurrents engagés. Le bateau basé à La Trinité-sur-Mer – vainqueur de la dernière Jacques Vabre –, a été remis à l’eau fin septembre suite à certaines modifications apportées en vue de la Route du Rhum. Ces dernières ont porté sur l’équilibre longitudinal du plan de voilure (réduction de la quête) pour gagner en stabilité et se donner une marge de sécurité en cas de vent soutenu. Idem avec l’installation d’un prototype de pilote automatique de la marque Madintec. Aux dires de l’intéressé : « Celui-ci équipe déjà les bateaux de Sam Davies et de François Gabart avec la particularité d’accepter tous types de capteurs (Garmin, B&G, NKE et Central Bravo) tout en développant un algorithme plus efficace avec à la clef une capacité d’anticipation dans les relances assez incroyable ! Cerise sur le gâteau, ce pilote se commande depuis mon smartphone… ». Toujours côté sécurité, le système antichavirage avec largage automatique ou manuel a été optimisé puisqu’il est couplé au pilote : de quoi se donner de l’air et pousser encore un peu plus le bateau. Pour sa quatrième Route du Rhum, le skipper d’Arkema veut d’abord arriver entier de l’autre côté de l’Atlantique même si la première marche du podium est évidemment dans son viseur : « Les bateaux sont très proches
en matière de performances. Nous allons vivre une superbe Route du Rhum en Multi 50, le match va être très serré ! Sur les six participants engagés, je dirais que nous sommes au moins quatre à pouvoir prétendre à la victoire. Il est bien difficile de faire des pronostics et l’issue se jouera sur des détails ». Armel Tripon, à la barre de Réauté Chocolat, fait partie des quatre prétendants sérieux à la victoire. Son bateau a subi pendant l’hiver une révision poussée : réglage du mât, travail sur le pilote avec NKE, sur les voiles et l’ergonomie des manoeuvres pour centraliser encore plus le piano tandis que les carènes ont été refaites pour que les trois coques glissent de manière optimale. La casquette centrale a aussi évolué pour avoir un vrai poste de veille bien protégé : « Elle est fixe, réalisée en composite, assez légère avec un panneau coulissant que
Les écarts de vitesse entre Multi 50 restent très faibles.
tu viens tirer quand tu es en veille et que tu peux repousser quand tu es en manoeuvre. Quand tu es en veille sous pilote, ce qui est très souvent le cas en solo, tu es maintenant hyper protégé, à l’abri, prêt à choquer les écoutes. C’est un point fondamental sur une course en solo de longue haleine comme la Route du Rhum ». Course sur laquelle Armel espère bien mener sa monture au maximum de ses capacités après une année hautement compétitive. En effet, ce dernier a participé à dix événements de la classe Multi 50 en 2018, c’est peu dire qu’il connaît son bateau sur le bout des écoutes… Pour Thierry Bouchard, malheureux lors de la dernière Jacques Vabre et obligé d’abandonner la partie suite à la découverte d’une fissure sous la coque centrale de Ciela Village, cette Route du Rhum aura un goût de revanche. A la barre de l’un des Multi 50 les plus récents de la flotte (mis à l’eau en octobre 2017), le seul non-professionnel des coureurs de la classe s’aligne avec un bateau prêt.
UN MATCH OUVERT SUR TOUTE LA TRANSAT
Pour parfaire sa préparation, des sorties en double avec Arkema (Lalou Roucayrol) sont prévues courant octobre. « Le plateau est plus relevé qu’en 2014 avec des bateaux tous très performants. Je suis sûr que nous allons naviguer au contact même après plusieurs jours de course. Pour moi le match restera ouvert jusqu’à l’arrivée ! » A bord du plus vieux multi de la flotte, un plan Irens fabriqué chez Marsaudon Composite en 2008, Gilles Lamiré est aussi celui qui a le plus d’expérience sur ce type de support. En 2013, il rachète l’ancien
Prince de Bretagne, Multi 50 avec lequel Lionel Lemonchois a gagné la Route du Rhum en 2010, qui est rebaptisé Rennes Métropole
Saint-Malo Agglomération. En novembre 2014, Gilles Lamiré se classe troisième à l’arrivée de la Route du Rhum, dans la catégorie Multi 50 après une course presque parfaite. A bord de son trimaran Rennes Métropole…, il rallie Pointe-à-Pitre en 12 jours 10 heures 44 minutes et 37 secondes et fait mieux que Lionel Lemonchois quatre ans auparavant. En septembre 2015, son bateau est rebaptisé
La French Tech Rennes St-Malo avant de s’imposer en 2016 sur la légendaire Transat anglaise ! Pour sa troisième participation à la Route du Rhum, le Cancalais sera à surveiller de près, surtout si les conditions météo ne permettent pas aux skippers d’exploiter au mieux les qualités technologiques de leurs Multi…