Combat de coques
On compte une quarantaine de concurrents dans cette catégorie hétéroclite. En parcourant les noms des bateaux, puis en suivant le sillage des différents propriétaires et leurs palmarès, nous passons en revue une page d’histoire de la course au large.
POUR CONCOURIR
en catégorie Rhum, rien est plus « simple ». Les multicoques doivent faire entre 39 et 60 pieds, les monocoques doivent au moins faire 39 pieds et ne pas entrer dans les autres classes participant à la course. Voilà pour les présentations. Pour le reste, on peut se demander si l’histoire ne bégaie pas. Les deux plus anciens bateaux de la flotte ont participé aux deux premières éditions du Rhum.
Kriter V, d’abord, a été construit en 1978 pour Michel Malinovsky qui a pris départ de la première édition du Rhum. Pendant les vingt-trois jours de la traversée, Malinovsky, grand favori, domine la course et garde à distance son poursuivant Mike Birch qui navigue sur un petit trimaran, un plan Newick. On connaît la suite : 98 secondes d’avance et la naissance d’une légende toujours à l’honneur dans la catégorie Rhum. Le 4 novembre, c’est Bob Escoffier qui prendra la barre de Kriter V pour la cinquième participation au Rhum du solitaire. Le destin de Kriter VIII est intimement lié au V. Deux ans après sa défaite face à Mike Birch, Malinovsky fait construire Kriter VIII. Son ambition ? Prouver que, malgré la tendance, les monocoques ne sont pas relégués à l’histoire ancienne de la course au large. Alors certes, il finira premier dans la catégorie monocoque mais loin derrière les multicoques. Dans le sillage de Malinovsky, Wilfrid Clerton naviguera sur Kriter VIII (rebaptisé Cap au Cap Location). Soit dit en passant, Clerton avait fini quatrième en 2014, sur la même monture. Du côté des multicoques, il y a de quoi rejouer cette arrivée mythique de 1978 puisque les « petits jaunes », les sisterships du fameux
Olympus Photo de Mike Birch prendront le départ de cette édition. Charlie Capelle à la barre d’Acapella, bateau qu’il a entièrement reconstruit et qu’il connaît sur le bout des ficelles à force de multiplier les Rhum (cinquième) et les régates. Pour sa huitième participation (sur différentes montures), Loïck Peyron manoeuvrera Happy qu’il devait mener à la dernière édition du Rhum avant de devoir remplacer Armel Le Cléac’h, blessé, sur Banque Populaire VII. Enfin, Friends
and Lovers sera barré par François Corre, un amateur passionné.
CIGARE ROUGE, UN BATEAU MYTHIQUE
Parmi les autres bateaux mythiques au sillage long comme l’histoire de la course au large, on trouve Cigare Rouge, ex- Sofap Helvim sur lequel Jean-Luc Van Den Heede avait pris le départ du Vendée Globe en 1992 et fini deuxième en 1993. Sa ligne fine et très allongée lui avait valu le surnom de « cigare rouge ». En 1996, Catherine Chabaud prend la barre du désormais Whirpool-Europe 2 pour le Vendée Globe et termine sixième. L’année suivante, VDH reprend du service à bord de son historique cigare rouge et finit 10e sur la Route du Rhum et 2e monocoque. Ajoutez à cela deux autres Vendée (2004 et 2008) et ce bateau aura au compteur au moins cinq tours du monde et huit transats… Après un long chantier à Caen (V1D2), il a été remis à niveau et est prêt à reprendre l’Atlantique barré par Jean-Marie Patier, un grand amateur et ami de VDH. La boucle est bouclée ? Ce serait oublier
l’un des favoris, Vento di Sardegna, un plan Felci barré depuis 2014 par Andrea Mura qui a accessoirement décroché la deuxième place en catégorie Rhum cette année-là. Avec cette cinquième participation, Luc Coquelin est le grand récidiviste de cette classe Rhum. Il a régné longtemps sur le podium, aux deuxième et troisième places, exception faite de sa douzième place en 2014. On retrouve aussi l’ex-Multi 50 d’Anne Caseneuve, Lui, rebaptisé Air Antilles… La particularité de ce plan VPLP-Irens ? Le puzzle de sa construction ! Les flotteurs viennent de Groupama, la coque centrale du premier Fujicolor, l’ensemble a été raccourci… Le mât provient enfin de l’ancien
Nootka, un autre plan Irens. Anne Caseneuve a joué de malchance à bord de ce tri sur lequel elle a cependant enregistré un record de vitesse à défaut de faire des podiums. David Ducosson prendra le départ de sa première Route du Rhum sur cet ancêtre des Multi 50. Sidney Gavignet, skipper sur Oman
Sail de 2009 à 2017, a bien l’intention de trôner sur le podium avec Café Joyeux, premier monotype Veolia Oceans conçu pour participer à la SolOcéane, une course autour du monde en solitaire qui est... tombée à l’eau. Pour sa part, Jessica Rabbit – désormais
Jess – est l’un des multis les plus récents ; ce plan Martin Fisher a été mis à l’eau en 2012 et présentait alors de belles innovations comme un vérin hydraulique pour contrôler l’angulation d’un foil. De l’eau a coulé sous les foils depuis ! Notons la présence de bateaux de série, un Pogo 12.50 barré par Olivier Leroux, un First 40.7 manoeuvré par Christophe Souchaud, un Outremer 4X mené par Jean-Pierre Balmes, un 5X aux mains de Yann Marilley ou encore un TS 42 (Marsaudon) barré par Gérald Bibot...