Un amour de transportable
ANTOINE MAINFRAY se taille année après année une sacrée réputation. Après le succès rencontré par l’Aloès 18 au moment de sa présentation au Grand Pavois 2016, l’architecte et patron du chantier Atelier Interface récidive cette année avec le Flow 19, plus ponté que son prédécesseur et armé pour la croisière rapide. Les erreurs de jeunesse ont été gommées avec ce nouveau petit transportable de même pas 6 mètres à l’allure éminemment sympathique. Il suffisait de voir l’intérêt des lecteurs pour cette jolie carène verte pour s’en persuader. Sur les pontons des Minimes, on se bousculait pour aller tirer quelques bords dans les pertuis. Et les chanceux qui embarquaient revenaient avec la banane ! Il faut dire que les sensations vivifiantes offertes par ce petit croiseur au planing facile se retrouvent sans surprise dans les notes très positives octroyées par un jury et des lecteurs sous le charme. Un plan de pont simplifié au possible avec retour de toutes les drisses au pied de mât, un bout-dehors rétractable, un solent sur enrouleur et une embraque qui se maîtrise manuellement apportent beaucoup de fluidité dans les manoeuvres. Les performances sous voiles sont au rendez-vous grâce à un ratio poids-surface de voile équilibré et surtout une superbe carène. Le bouchain immergé diminue la surface mouillée et le rocker (courbe longitudinale de la carène) prononcé soulage l’étrave au portant. La stabilité assurée par une dérive lestée de 70 kg plongeant à 1,35 m de profondeur joue également pour beaucoup dans le comportement marin du bateau. Le Flow 19 assume également un objectif environnemental fort puisqu’il fait le plein d’innovations en termes de construction écologique, surtout au niveau du rouf réalisé en biocomposite (un sandwich fibre de verre et de bambou/mousse recyclée). Tissu qui a l’avantage d’être dégradable mais aussi du meilleur effet esthétique à l’intérieur où il est visible sur une partie du rouf qui a été simplement verni. Sous le pont justement, l’habitabilité n’est pas oubliée avec la présence d’un triangle avant confortable et de belle dimension (2 m de long pour 1,50 de large aux épaules), rempli de mousse pour assurer la flottabilité en cas de retournement du bateau, d’une table escamotable, de nombreux petits rangements astucieux le long de la porque (le renfort transversal continu en fibre de carbone) et de deux couchettes cercueil au pied de la descente. Ce dériveur intégral de 400 kg lège, équipé de ballasts liquides (60 l sous chaque couchette) permet de passer du mode petit temps avec 120 kg de moins à pousser, au mode venté en remplissant les deux ballasts pour gagner en stabilité. Même chose au moment de le mettre sur sa remorque, on gagnera ainsi quelques centaines de kilos. Un permis routier ne sera pas nécessaire pour transporter son voilier : le maître bau est limité à 2,30 m et le PTAC avec remorque n’excède pas les 750 kg. Vive la liberté... Conçu pour le nomadisme, le Flow 19 ne demande pas non plus une logistique éprouvante pour les opérations de mâtage-démâtage : après passage de l’axe dans l’empreinte du pied de mât, il suffit de soulever le mât de 9,5 kg à la main puis de s’aider de la drisse de solent pour finir de le dresser. Toujours et encore la simplicité : qu’on se le dise, il ne l’a pas volé son prix de Transportable de l’année !
Planant, mignon, économique et transportable... Que demander de mieux ?