Une occasion mise à nu Bavaria 50 Cruiser
Et si on voyait grand ? Pour un grand départ, un projet de charter ou tout simplement une famille nombreuse, il faut ce qu’il faut ! Et le marché de l’occasion permet de choisir dans les séries les plus éprouvées, à l’image de cet increvable Bavaria 50 Cr
QUAND ON EVOQUE
les Bavaria, et le Bavaria 50 en particulier, il importe de bien savoir de quelle génération on parle.
Beatles Song, le 50 Cruiser de Fabien Clauw que nous découvrons à La Rochelle, est un plan J&J des meilleures années Bavaria, c’est-à-dire d’avant le rachat du chantier allemand par un fonds d’investissement dont les premières décisions allaient donner naissance à une génération moins réussie de plans Farr/BMW Design. Le Bavaria 50 Cruiser a été construit de 2004 à 2009 à 450 unités environ – le chiffre précis n’est pas facile à trouver –, mais il a été produit pendant trois années supplémentaires sous le nom de Bavaria 51 Cruiser, et diffusé au rythme d’une centaine d’unités par an… Jusqu’au rachat du chantier en 2011. Ce rachat mettait fin – provisoirement, souhaitons-le – à un âge d’or initié dans les années 1990, quand Bavaria défiait les grands chantiers français avec des méthodes industrielles inédites dans le nautisme, méthodes permettant de réellement conjuguer productivité et qualité, coûts modérés et robustesse.
GENEREUSEMENT ECHANTILLONNE
Et pour ce qui est de la robustesse, tous les propriétaires de ces années-là, disons 1990-2004, peuvent en témoigner. Le contre-moule marron qui affleure aux pasde-porte et sous les meubles n’est peut-être pas du dernier chic, mais il est généreusement échantillonné, tout comme les fonds de coque.
Beatles Song, impeccable à bientôt quinze ans, est un témoin de ces belles années Bavaria. On pourra bien sûr trouver des boiseries à poncer et vernir, un plafonnier à changer par-ci, un bout de vaigrage un peu humide par-là, autant de bricoles qui tiennent de l’entretien courant d’un bateau de cet âge. Mais les fonds sont nickel, tout comme la carène et le gréement. Tout ce qui compte, en termes de sécurité ou de gros entretien, est parfaitement rassurant. La particularité de Beatles Song, c’est que ce n’est ni un bateau de vacances ni un caprice de son propriétaire ; c’est à la fois sa maison et son outil de travail. Fabien Clauw (voir par ailleurs) vit en effet à bord depuis l’acquisition du Bavaria 50 il y a quatre ans, et il l’exploite en tant qu’école de croisière. Autant dire que l’entretien est suivi au jour le jour, et le niveau d’exigence professionnel. Les panneaux solaires inclinables et l’éolienne montés sur le portique arrière racontent un autre épisode de la vie de Fabien et Lauren et nous rappellent qu’au départ, le projet était de partir en voyage, aux Antilles ou plus loin encore. L’arrivée d’un premier mousse, puis d’un deuxième, les a finalement conduits à rester à La Rochelle ! Mais si un nouveau propriétaire est attiré par les alizés, Beatles
Song est fin prêt. Cet arceau très équipé contribue, avec le bimini, la capote,
les cagnards et les hautes hiloires, à donner l’impression – justifiée – d’un cockpit très protecteur. La table, un peu étriquée d’origine, a été sensiblement allongée par Fabien : elle comporte un volume de rangement impressionnant. Les postes de barre, isolés derrière une console rehaussée d’une solide main courante, ont chacun leur compas et leur cale-pieds parfaitement dimensionné. Les winches (Lewmar) sont placés classiquement sur l’hiloire, une première paire pour la trinquette ou le génois (chacun sur son étai et monté sur enrouleur), voire le gennaker (sur emmagasineur).
DEUX WINCHES DEDIES AUX BASTAQUES
Les winches les plus reculés servent surtout pour les bastaques, qui reprennent les efforts de la trinquette, et occasionnellement pour les enrouleurs. L’écoute de grand-voile, quant à elle, reste au rouf. On vit bien dans ce cockpit, malgré les dossiers arrondis qui empêchent de s’adosser confortablement au rouf en quart de nuit, et ce par presque tous les temps. Mais c’est sous le pont que le Bavaria sort le grand jeu. Au pied de la descente aux marches incurvées, on découvre un espace généreux et étonnamment lumineux. C’est l’avantage des grands bateaux : ils peuvent multiplier les cabinets de toilette (trois sur Beatles Song) et les cabines (quatre), reculer la cloison avant pour en proposer une immense à l’avant, le volume habitable reste considérable. A tribord, un premier cabinet de toilette, puis la table à cartes – une vraie ! - et la cuisine en U. A bâbord, le carré formant un ovale brisé de part et d’autre de la banquette centrale, laquelle recèle un gros coffre de rangement. Entre les deux, une porte solidement charpentée dont les montants en massif jouent
le rôle d’épontille. Il en existe une autre, plus classique en inox, mais elle est dans la vaste cabine avant et sert aussi de main courante. Structurellement, tout cela inspire confiance et ergonomiquement, chaque élément trouve bien sa place. Soyons clairs, cette disposition et le design général n’ont rien de révolutionnaire. Ces Bavaria ne faisaient pas trop dans le marketing, plutôt dans les solutions éprouvées.
UNE SACREE LUMINOSITE
Ce qui n’empêchait par le bureau d’études bavarois de travailler la luminosité, à travers les hublots zénithaux et les multiples panneaux de rouf et de pont : cinq dans le carré, quatre dans la cabine avant. Généreux, le Bavaria 50 l’est aussi côté rangements, notamment dans le varangage très profond et parfois équipé, sous certains planchers, de gros bacs très pratiques. Les cabines arrière, très spacieuses, sont parfaitement symétriques. Faites le compte : cela fait quand même trois grandes cabines doubles et une cabine décalée à bâbord comportant deux couchettes superposées, idéales pour les enfants. A noter enfin, entre les deux cabines arrière, une cale moteur très accessible via la descente sur vérins, mais aussi les panneaux latéraux qui s’enlèvent en un tournemain. En navigation, pas de surprise mais un sentiment de puissance bien agréable au portant dans la brise. Fabien a déroulé le grand gennaker sur emmagasineur : on déboule à 9 noeuds dans les pertuis en toute sérénité. Au près, on passe sous trinquette, toujours à poste sur son enrouleur, et on garde évidemment le ris dans la grand-voile : il y a quand même 25 noeuds établis. Bien lancé, le bateau passe comme une fleur dans ce petit clapot. S’agissant de la version petit tirant d’eau (1,85 m) du Bavaria, Fabien veille à porter la toile du temps et son bateau reste docile. Mais si c’était à refaire, il nous confesse qu’il n’aurait rien contre le grand tirant d’eau (2,10 m) ! Mais ce n’est pas le motif de la vente. La vraie raison serait plutôt la vie familiale qui le conduit à mettre le cap sur un cata… En tout cas, on ne peut qu’apprécier le soin qu’il a visiblement apporté à l’entretien de l’accastillage et le renouvellement régulier des cordages, tous récents et de bonne qualité. On note aussi quelques astuces issues de son passé de figariste, à l’image de la protection de descente textile… Les déplacements à bord ne posent pas de problème particulier une fois enjambée l’hiloire qui ceinture la totalité du cockpit. Les cadènes rentrées ne font pas obstacle dans les passavants agréablement sécurisés par un petit pavois en teck. Les lattes du pont sont bien un peu creusées mais l’ensemble demeure en bon état, à l’image des panneaux dont les plexis sont tous impeccables. Sur la plage avant, l’examen de la baille à mouillage, très profonde, inspire confiance comme le reste. On note, le long du mât, un tangon en carbone – s’il vous plaît – utilisé pour établir le génois en ciseaux. De quoi vous faire rêver de la route des alizés, surtout par ce froid de canard ! Quand on vous dit que c’est un bateau pour partir…
Sous gennaker, Beatles Song déboule tout en puissance !