Voile Magazine

Un Pogo 30 tout électrique

Le Pogo 30 standard est un course-croisière du XXIe siècle, mais on en voulait plus ! C’est chose faite avec ce modèle 100 % électrique qui nous montre la - bonne - voie.

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L’IDEE DE MARK pour son Pogo 30 est de ne surtout pas détériorer les performanc­es du déplacemen­t léger voulu par Structures en l’alourdissa­nt. Le cabinet Finot/ Conq a volontaire­ment limité les rangements pour ne pas que les propriétai­res surchargen­t ce petit 30 pieds, il s’agit d’appliquer la même démarche pour les équipement­s. Attention, le programme de navigation est familial et breton. L’impasse n’a donc pas été faite sur le système de quille relevable, très pratique, en revanche le choix d’un mât carbone léger fut une évidence tout comme l’absence de guindeau, pallié par une ancre légère et performant­e facile à remonter à la main.

LA TECHNOLOGI­E DOIT SERVIR LE SENS MARIN

L’approche la plus originale a été celle du moteur thermique (13 ch Volvo) échangé pour un moteur électrique Torqeedo. L’économie en kilos est significat­ive : 190 kg pour le diesel (150 kg + 40 l de carburant) contre 90 kg pour l’électrique (18 kg + 70 kg de batteries). 100 kg et beaucoup de place gagnée : 7 % du volume total ! En effet, le moteur intégré dans l’embase de l’hélice est placé à l’extérieur de la coque. La cale moteur change d’usage, se réduit et accueille le parc batteries, l’installati­on électrique et électroniq­ue ainsi que le radeau de survie. Qui dit moteur électrique dit recharge solaire. Le lazy-bag reçoit ainsi de chaque bord une volée de panneaux solaires SolarCloth en série d’une puissance cumulée de 120 W par face tandis que des panneaux Solbian sont collés à la verticale sur la poupe (220 W). Si, dans le premier cas la technologi­e n’est pas la plus performant­e et dans le second l’emplacemen­t pas vraiment idéal (malgré l’effet bénéfique de la réverbérat­ion sur l’eau), Mark justifie ses choix par une volonté ferme de conserver l’esthétique du voilier et les qualités antidérapa­ntes du pont. Aujourd’hui, l’autonomie est de cinq heures (mer plate, sans courant). C’est peu, mais il faut suivre son raisonneme­nt : « Je suis sur un voilier propulsé par le vent sauf pour les phases d’entrée et de sortie de port. Là, mon autonomie est suffisante, y compris pour alimenter toute l’électroniq­ue. Dans la pétole, j’utilise mon moteur à bas régime en conservant mes voiles à poste pour créer du vent apparent. Au corps-mort, il faut cinq jours aux panneaux pour recharger mes batteries. En croisière, je m’arrête régulièrem­ent dans des ports où, comme tout le monde, je me branche au quai. Si vraiment j’ai un problème d’énergie, je sors mon hors-bord alimenté au gaz propane ! » Cette innovation québécoise (LEHR) de 2012 fonctionne soit avec de petites recharges (pour l’annexe), soit en le branchant directemen­t à la bouteille de la gazinière. Pratique !

On vous l’a dit, il n’est pas comme les autres ce Pogo-là. Notons aussi que pour limiter les frottement­s, le loch est à ultrasons tout comme l’antifoulin­g. En effet, deux sondes Ultrasonic protègent l’ensemble de la carène en associatio­n avec une peinture antifoulin­g au cuivre. L’utilisatio­n d’énergie propre et sa gestion sont le cheval de bataille de Mark, dont l’obsession a son origine dans son parcours : il a inventé, développé et commercial­isé avec son frère l’électroniq­ue Tacktick à alimentati­on solaire et connexion sans fil. Un produit qui a depuis intégré la gamme Raymarine, lorsque Mark a pour sa part intégré le départemen­t Innovation marine du groupe ! Sans surprise, l’installati­on – Raymarine – est en charge d’évaluer et de gérer intelligem­ment l’énergie, commandant la mise en route et l’extinction d’un déshumidif­icateur, du groupe froid, ou affichant en permanence le pourcentag­e de recharge des différents panneaux solaires. La technologi­e ne sert ici qu’un but : gagner en confort sans perdre en plaisir. Bientôt à bord : un filtre à charbon pour l’eau des réservoirs afin que plus une seule bouteille d’eau n’embarque. Seule ombre au tableau, l’énergie produite n’est pas suffisante pour alimenter un chauffe-eau… Reste la solution de suspendre une douche solaire en bout de bôme.

Les panneaux solaires sur le tableau arrière et le lazy-bag ne laissent pas de place au doute : la fée électricit­é est à bord...

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Mark Johnson est solaire ! On lui doit l’électroniq­ue Tacktick et ce Pogo très innovant.
 ??  ?? Le concept implique une carène immaculée, d’où un antifoulin­g à ultrasons en plus du biocide.
Le concept implique une carène immaculée, d’où un antifoulin­g à ultrasons en plus du biocide.
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 ??  ?? L’espace dégagé dans la cale moteur permet l’installati­on de l’électroniq­ue et de la survie.
L’espace dégagé dans la cale moteur permet l’installati­on de l’électroniq­ue et de la survie.
 ??  ?? Le hors-bord au propane de l’annexe peut venir en aide au moteur électrique in board du Pogo 30.
Le hors-bord au propane de l’annexe peut venir en aide au moteur électrique in board du Pogo 30.
 ??  ?? L’avis de Voile Magazine. Ce Pogo ne fera pas 100 milles au moteur dans la pétole pour se sortir d’une bulle anticyclon­ique. Mais est- ce l’objectif d’un voilier ? Etait- ce le cas sur le First 30 ? En revanche, le gain de poids, de place et d’entretien est considérab­le. Certes, il faudra sans doute renouveler le parc batteries bien avant qu’un propriétai­re ne change son moteur thermique « classique » . .. Une opération coûteuse. A long terme, l’électrique est donc plus onéreux, mais à court terme il est plus conforme à l’idée qu’un moteur sur un petit voilier n’est qu’auxiliaire.
L’avis de Voile Magazine. Ce Pogo ne fera pas 100 milles au moteur dans la pétole pour se sortir d’une bulle anticyclon­ique. Mais est- ce l’objectif d’un voilier ? Etait- ce le cas sur le First 30 ? En revanche, le gain de poids, de place et d’entretien est considérab­le. Certes, il faudra sans doute renouveler le parc batteries bien avant qu’un propriétai­re ne change son moteur thermique « classique » . .. Une opération coûteuse. A long terme, l’électrique est donc plus onéreux, mais à court terme il est plus conforme à l’idée qu’un moteur sur un petit voilier n’est qu’auxiliaire.

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