Voile Magazine

Les potins des pontons

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C’est fait ! En vertu du jugement rendu par le tribunal de Bordeaux le 12 février dernier, le groupe Grand Large est aux commandes du chantier RM. Nous avons demandé à son président quels étaient les projets du groupe à court et à moyen termes pour la marque rochelaise.

Vous voilà à la barre de RM, septième chantier du groupe Grand Large… Qu’allez-vous faire de la marque, du site, du personnel ?

RM est une marque magnifique, ce sont des bateaux qui nous ont tous fait rêver. Leur histoire liée à la grande croisière, leur caractère unique, leur design, leur cote d’amour… Je trouve qu’avec leur côté fun, performant et distinctif, ils sont aux monocoques ce que les Outremer sont au monde du multicoque. Les RM complètent à la perfection l’offre du groupe Grand Large Yachting avec des voiliers plus petits mais qui ouvrent déjà la porte de la navigation hauturière et de la grande croisière. C’est donc une grande satisfacti­on, et aussi une lourde responsabi­lité. Car nous reprenons un chantier dans une situation financière très dégradée. Cette situation nous a conduits à formuler une offre prudente, mais plus les choses avancent, plus l’enthousias­me et la confiance du personnel rochelais nous portent en avant. 80 % des postes sont maintenus, les savoir-faire internes préservés, ainsi que le site, bien sûr. L’engagement de tout le monde ici est remarquabl­e, les gens sont mobilisés pour transforme­r le chantier.

Qu’allez-vous changer pour ne pas tomber dans les mêmes travers que vos prédécesse­urs ?

Comme nous l’avons fait avec les autres chantiers repris ces dernières années, nous retrouvero­ns un équilibre sain grâce à l’apport de méthodes industriel­les rigoureuse­s et de notre puissance d’achat. Nous déployons d’une part le système informatiq­ue (ERP) du groupe qui permet d’organiser et de piloter finement les achats, les stocks et la production et d’autre part le système qualité mis en place dans les autres chantiers. C’est indispensa­ble pour tenir la promesse fondamenta­le que nous faisons à nos clients : livrer un bateau fini, conforme à la commande, testé… et dans les délais ! Les achats seront massifiés avec ceux du groupe pour obtenir de meilleures conditions. Au plan commercial, RM vend 80 % de sa production en France, nous allons nous appuyer sur notre réseau pour développer l’export et arriver à 50 % de ventes à l’internatio­nal. Sur ces sujets, tout le monde s’est mis en mouvement au chantier, et nous savons précisémen­t où nous voulons aller. Sur les bateaux et sur la gamme, nous nous donnons plus de temps. J’avais l’idée d’arrêter le RM 890. Après discussion avec un certain nombre de clients et de distribute­urs, je n’en suis plus aussi sûr. Faut-il aller vers le tout-composite, dans la continuité du 1180, ou revenir au contreplaq­ué ? Franchemen­t, ce n’est pas un sujet prioritair­e. Ce qui est sûr, c’est que le cabinet Lombard est indissocia­ble de la marque : nous comptons sur eux. Ils sont aussi dépositair­es du caractère performant, hauturier et familial des RM. Nous avons également acté le maintien des tarifs en vigueur auparavant, ceux d’octobre 2019.

Reste un sujet épineux : celui des clients ayant versé des acomptes. Comment allez-vous le traiter ?

C’est le sujet douloureux et même dramatique pour les clients emportés dans la faillite de Fora Marine. Financière­ment, l’équation est terribleme­nt simple : le montant des acomptes clients s’élève à 2,1 millions d’euros. Si nous l’assumons en totalité, nous sommes incapables de donner un avenir à l’entreprise… Il y avait 28 commandes passées par 25 clients. Nous les avons tous appelés. Nous leur avons tous tenu le même discours en toute transparen­ce. Leur commande n’existe plus. Elle a été emportée dans le dépôt de bilan et l’acompte avec. C’est une très mauvaise nouvelle, et la colère de certains est légitime, même si, en tant que repreneurs, nous n’y sommes pour rien… Ces commandes ont été passées à une société qui n’existe plus. Si les clients souhaitent poursuivre dans leur projet d’achat, ils doivent nous passer une nouvelle commande, sur la base du tarif catalogue et nous nous engageons à leur faire une remise correspond­ant à 50 % de l’acompte payé à Fora Marine. Ils seront prioritair­es sur le planning de production, qui a pris pas mal de retard – le chantier a quand même été arrêté trois mois. Vous vous en doutez, ce discours n’est pas toujours bien reçu, mais nous ne pouvons pas faire plus. Pour la reprise de RM, incluant cette offre de reprise partielle des acomptes clients, nous mettons sur la table un budget de 1,2 million d’euros finançant notamment 450 000 € de pertes au cumul des deux premiers exercices. Notre priorité, faute de pouvoir assumer la totalité du passif clients, c’est d’avoir une ligne de conduite claire. Et surtout de donner un avenir au chantier.

 ??  ?? La production du RM 1180, dernier-né du chantier et Voilier de l’année 2020, est relancée après trois mois d’arrêt.
La production du RM 1180, dernier-né du chantier et Voilier de l’année 2020, est relancée après trois mois d’arrêt.
 ??  ?? Xavier Desmarest et Stephan Constance ont créé Allures avant de ressuscite­r Outremer, Garcia, Alumarine, Ocean Voyageur, Gunboat et RM !
Xavier Desmarest et Stephan Constance ont créé Allures avant de ressuscite­r Outremer, Garcia, Alumarine, Ocean Voyageur, Gunboat et RM !
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