Course et régate
Les objectifs de cet Asian Tour sont largement atteints, non ?
Mission accomplie effectivement ! Nous avons réalisé une superbe campagne de records même si ce ne fut pas de tout repos. Je tiens avant toute chose à remercier mon équipage et mon bateau… Je garderai des souvenirs inoubliables de la Mauricienne, surtout de ces journées passées assez sud au moment de contourner Bonne Espérance, qui m’ont rappelé mon appétence pour ces endroits isolés du Globe. Sur la Route du Thé, nous finissons par battre le record de Maserati de plus de quatre jours après avoir eu plus de 100 milles de retard lors du passage du pot au noir. La faute à une situation météo compliquée dans la zone de convergence tropicale qui nous a obligés à naviguer très mollement avant de raccrocher les perturbations de l’Atlantique Nord. Et de finir à fond !
La Route du Thé a failli vous échapper ?
Oui, on en a bavé. Pendant plusieurs jours nous avons même serré les fesses dans la crainte de voir le record nous échapper. Mais dès les Açores, le vent est rentré très fort, bien pour la moyenne mais à l’origine de creux de plus de 7 mètres et d’une mer croisée difficile à naviguer. L’arrivée sur les chenaux de la Tamise et sa remontée resteront comme l’un des moments les plus durs de ce périple. Nous avons dû gérer la fatigue de plus de trente jours de mer, le trafic intense mais surtout multiplier des dizaines de virements pour atteindre la ligne d’arrivée située sous le pont Elizabeth II. Nous avions peur de manquer à virer avec ce multi au centre de voilure très reculé. Un échouement aurait signifié pour nous la perte du record car aucune assistance n’est autorisée pour valider le temps de référence. Je peux vous dire que l’arrivée a été un véritable soulagement pour tout le monde. Alors oui, nous le savourons ce record !
Quel est le bilan technique ? Visiblement Idec Sport a tenu le coup…
Après l’équivalent d’un tour du monde et demi dans le sillage, Idec Sport a bien mérité un gros chantier d’hiver. Le bateau a été secoué dans tous les sens de nombreuses fois ! Lors de l’acte 2 le long du Vietnam au près serré dans plus de 25 noeuds de vent et sur une mer de Chine très agitée par la mousson, le bateau tapait sans cesse et nous avons plusieurs fois attrapé des filets dans nos appendices. Ils ont laissé de sacrées marques. Dans l’Indien sur la Route du Thé, la présence d’une dépression atypique circulant à la latitude de Maurice nous a forcés à descendre au sud mais toujours à des allures proches du vent. Des bords très durs avec, cerise sur le gâteau, la rupture de la drisse de GV dans une mer mauvaise. Heureusement que mes gars connaissent le bateau comme leur poche, on a pu renvoyer la grand-voile sans perdre trop de temps. De nombreuses pièces d’accastillage sont à changer, des poulies en passant par les winches sans compter les petits trous dans le tableau arrière et le mât…
Vous allez prendre quelques vacances bien méritées ?
Dormir pour commencer ! Je rentre tout juste du convoyage retour entre Londres et le port de La Trinité-sur-Mer qui ne fut pas facile, loin de là. Un front avec rafales à 45 noeuds sur la pointe bretonne, un passage du Four costaud en pleine nuit, des soucis de hook de GV et de la grosse mer ne nous ont laissé aucun repos. Dans quelques jours j’irai suivre la mise en chantier d’Idec. On va lui refaire une beauté avant de voir plus loin. Cela fait un an et demi que mon bateau n’est pas sorti de l’eau, y’a du boulot ! Du coup ne comptez pas sur moi pour The Transat, c’est beaucoup trop proche...