Championnat d’Europe parasailing
C’est une sacrée performance qu’ont réalisée nos jeunes sportifs français : Edouard Champault remporte la médaille de bronze juste devant deux autres Français, Tom Mallet et Ange Margaron, tandis que Gauthier Bril se place 7e.
C’EST EN ESPAGNE,
dans la baie de Javea, près de Valence, que s’est couru le championnat d’Europe Parasailing, du 5 au 9 février dernier. Les 27 participants ont profité de conditions légères à médium et d’un environnement aussi grandiose que tactique. Si le Polonais Piotr Cichocki a imposé sa patte en remportant presque toutes les manches, il a été mis sous pression tout au long de ce championnat par l‘équipe française coachée par Fred Magnier. Venue de Berck-sur-Mer, ce groupe de haut vol se compose de Jérôme Dard, le doyen de l’équipe, d’Ange Margaron, originaire de Nouméa et actuellement à l’ENVSN de Quiberon où il passe le BPJEPS, de Tom Mallet de Lyon, de Gauthier Bril et d’Edouard Champault de la région nantaise. Qu’on se le dise, il s’agit bien de haut niveau et il est difficile, après cette démonstration, de comprendre et d’accepter que le handisport voile ait été retiré des Jeux paralympiques ! Il suffit de partager un moment à terre et de suivre sur l’eau l’intensité des manches pour se rendre compte de l’engagement, de la détermination, du niveau de préparation de tous ces sportifs accomplis. Damien Seguin, multiple médaillé issu de cette filière et officiellement engagé en IMOCA sur le prochain Vendée Globe, en est la preuve : le handicap peut être une force !
LEUR HANDICAP N’EST JAMAIS EVOQUE
Certains de ces jeunes bénéficient d’ailleurs du soutien de l’association « Des pieds et des mains » créée en 2005 par Damien Seguin et notamment de son programme Jeune Pousse. Tels des cosmonautes s’arrachant à la gravité de Newton pour rejoindre avec plaisir la poussée d’Archimède, c’est sur l’eau que ces skippers se sentent libres. Ils se donnent alors à fond pour gagner quelques minutes ou quelques secondes, telle une revanche sur leur situation qui les a placés dans un monde parallèle à celui des valides, celui des personnalités à mobilité réduite. Tous n’ont pas la même histoire, les handicaps sont variés, mais ils ne sont jamais le sujet qui excuserait une contre-performance. Des performances réalisées sur un drôle de support monotype. Le Hansa 303 a été dessiné en 1992 par l’Australien Chris Mitchell pour son enfant handicapé et depuis près de vingt ans, plus de 1 000 bateaux courent à travers le monde. Il s’agit d’un dériveur lesté adapté au solo ou au double, gréé tel un cat boat avec la particularité d’un foc à fourreau sur un espar sans connexion avec la grandvoile, également à fourreau, sur son propre mât. L’assise est une sorte de hamac qui permet de barrer dans le sens de la marche avec un joystick. Ce voilier solide a été pensé avec simplicité, permettant de mettre en avant les qualités des coureurs et non le matériel. Un support importé par Handivoile Développement France géré par Jérémy Chauchoy. Mais le Hansa n’est pas un but en soi pour ces jeunes pousses et grâce à cette jolie performance, nous ne pouvons qu’espérer que des sponsors s’intéressent aux projets audacieux, mais raisonnables de chacun d’entre eux. Gauthier s’imagine en mini 6,50 à travers l’Atlantique tandis qu’Ange souhaite passer au Class 40 et participer au Globe 40. Des rêves réfléchis, structurés pour ces talentueux intouchables qui méritent de mener à bout leur carrière sportive. Inspirés par Damien Seguin, souhaitons qu’ils réalisent leurs rêves et qu’à leur tour, ils inspirent d’autres jeunes en situation de handicap afin que tous dépassent et repoussent les limites de la normalité et de la différence.