Voile Magazine

Pour un coup de mistral

Pas besoin d’aller très loin ni de partir longtemps pour faire le plein de sensations fortes et lumières du Sud. Il suffit d’un peu de culot et d’un loueur dont la souplesse de planning se prête à tous les coups de tête. Quelle claque ...

- Texte : François-Xavier de Crécy. Photos : Thibault Desplats.

ON NE POURRA

pas dire qu’on n’était pas prévenus. Depuis une semaine, tous les sites météo affichent ces deux journées de février en rouge, avec des nuances orangées et autres variantes mais on a compris le principe : ce sera mistral. Pas le mistral de fin du monde à faire claquer les aussières des ferries au port de la Joliette, mais quand même 25 à 30 noeuds établis aux dires de ces fichiers qui, il faut le reconnaîtr­e, se trompent de moins en moins. Du brutal, donc. Faut-il renoncer ? Avancer notre croisière – nuages et même bruine au programme – ou au contraire la décaler, quitte à chasser désespérém­ent la risée de Niolon à Cassis ? Pas question… Non seulement nous allons faire avec, mais nous allons nous régaler ! Un coup de mistral sur un coup de tête, avec la complicité d’un loueur qui n’impose aucune contrainte de planning et compte dans sa flotte des unités capables d’encaisser la brise, à l’image du Pogo 36 sur lequel embarque l’équipage de Voile Mag. Les locaux, quant à eux, seront sur le MMW 33 floqué aux couleurs du loueur. Et vogue ! Dès la sortie du Vieux-Port, l’entrée en matière est assez rude, d’autant que nous avons décidé de tirer tout de suite un bord de près vers la Côte Bleue, ses blanches roches et ses fameux viaducs ferroviair­es. Les unes et les autres sont encore loin quand une première rafale nous cueille pour ainsi dire à froid… Bigre, nous serions aussi bien sous deux ris. Mais à tout prendre, on est mieux sur le Pogo que sur le 33 pieds de Mestral Marine, dédié à la régate en IRC et logiquemen­t moins puissant. Nous le voyons encaisser de gros coups de gîte à quelques longueurs dans le sillage. Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas de pointer au moins cinq degrés plus haut que nous sur ce bord de près… Mais le principe de cette navigation bord à bord n’est pas de comparer nos performanc­es. Les programmes n’ont pas grand-chose à voir. En revanche, nous avons là deux bons bateaux de brise

– une fois établie la toile du temps – disponible­s à la location à Marseille. Deux bateaux parfaits pour une échappée belle de quelques jours entre rade et calanques. Mais il faut d’abord nous faire la main et, pour l’heure, nous tâtonnons encore un peu sur le Pogo. Il a pour lui sa raideur à la toile, son efficace trinquette endraillée sur le bas-étai volant que nous avons étarqué au port, mais a souvent tendance à taper dans le clapot. Il faut essayer de le garder lancé, notamment quand les crêtes s’espacent un peu pour le laisser passer, et en profiter pour lofer. A l’inverse, quand une série de vagues courtes menace de l’arrêter, il faut laisser porter un peu et passer en puissance, tout en gardant la main sur la drosse de chariot. Car si la mer s’aplanit à mesure que nous approchons du massif de l’Estaque, le vent se fait irrégulier et forcément sournois. A ce jeu-là, nous sommes alternativ­ement sous-toilés, puis soudain sur la tranche ! A intervalle­s réguliers, le MMW nous dévoile d’ailleurs son lest, ce qui ne semble pas émouvoir plus que cela l’équipage absorbé par le spectacle de cette Côte Bleue et de ses ouvrages d’art formidable­s : vingt-trois tunnels, dix-huit viaducs très spectacula­ires à l’image de celui de La vesse dont les voûtes colossales surplomben­t les eaux turquoise de la calanque éponyme (voir encadré). Mais les mouillages ici sont difficiles à prendre, les fonds peu propices et les ports minuscules. Pour la pause déjeuner, mieux vaut abattre vers les îles du Frioul dont le havre, fermé à l’ouest par la grande digue reliant les îles de Pomègues et de Ratonneau, sera parfaiteme­nt abrité.

LA RADE SUD PLUS VENTEE

Pour l’atteindre, nous contourner­ons les îles par le sud en pensant que tout sera plus facile au portant, ce qui n’aura finalement rien d’évident ! D’abord parce que le mistral se renforce sérieuseme­nt entre le nord et le sud de la rade – un classique. Dans ces conditions, notre Pogo devient assez fougueux sous un seul ris, même en choquant en grand, et il faut réduire ! Ce que nous faisons de notre mieux dans une mer devenue chaotique aux abords de la pointe sud de Pomègues, le cap Caveaux. Bref, moyennant un peu de gymnastiqu­e et une bonne douche salée, nous finissons par nous glisser sous le vent des îles et dans le port du Frioul, pour un casse-croûte bien mérité. Les vestes de quart tombent,

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 ??  ?? Des claques à 40 noeuds et plus sous le vent des calanques, c’est brutal mais c’est bon !
Des claques à 40 noeuds et plus sous le vent des calanques, c’est brutal mais c’est bon !
 ??  ?? A Port-Pin, à deux pas de Cassis, le mois de février est bien doux.
A Port-Pin, à deux pas de Cassis, le mois de février est bien doux.
 ??  ?? En quittant le Vieux-Port, nous avons un peu été cueillis à froid. Mais après quelques culbutes et un ris supplément­aire dans la grand-voile, nous aurons notre Pogo 36 bien en main.
En quittant le Vieux-Port, nous avons un peu été cueillis à froid. Mais après quelques culbutes et un ris supplément­aire dans la grand-voile, nous aurons notre Pogo 36 bien en main.
 ??  ?? Fab peut faire le malin sur les barres de flèche du MMW, aucune patate de corail à l’horizon !
Fab peut faire le malin sur les barres de flèche du MMW, aucune patate de corail à l’horizon !
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