Voile Magazine

La Bretagne en cata

On dirait le Sud

- Texte et photos : Pierre-Yves Poulain.

Loin des clichés de carte postale aux lagons cristallin­s et aux palmiers verdoyants, la Bretagne Sud offre un magnifique terrain de jeu pour une croisière de quelques jours. Un cabotage rafraîchis­sant, d’autant plus attractif en multicoque, grâce à des tirants d’eau compatible­s avec des marnages qui pimenteron­t vos navigation­s.

AVEC UN RECORD

d’ensoleille­ment cet été – merci la canicule – la Région Bretagne a repris des couleurs aux yeux des nombreux vacanciers qui en découvrent le littoral le temps d’une pause estivale. Les navigateur­s ne sont pas en reste, en témoignent les records d’affluence dans les ports du sud de la région. Les ports, parlons-en, puisque nos multicoque­s préférés n’y sont pas toujours les bienvenus et, de toute façon, se voient appliquer des tarifs forcément plus élevés, au point d’en devenir dissuasifs. Qu’à cela ne tienne, les multis représente­nt justement de véritables plateforme­s de vie, qui sont encore plus appréciabl­es au mouillage… Et des mouillages, la Bretagne Sud n’en manque pas ! Petit tour d’horizon des plus belles escapades à programmer dès maintenant pour le printemps et l’été prochains.

Un rapide coup d’oeil à la carte SHOM 7067L offre un panorama complet de cette zone de navigation avec, pour faire simple, un couloir allant du nord-ouest au sud-est, articulé autour de la presqu’île de Quiberon. Au nord, le mythique archipel de Glénan, et toute la baie reliant le port du Guilvinec à Concarneau, en passant par Bénodet et Port-la-Forêt.

Au sud, la baie de Quiberon qui s’ouvre sur Belle-Ile, Houat et Hoëdic, et tourne le dos à un golfe du Morbihan toujours aussi enchanteur. Au centre de cette carte, l’île de Groix, à 5 milles du continent, qui est donc souvent une première escale de choix au départ de Lorient, pour amariner un équipage tout juste sorti du TGV. Entre falaises de 40 mètres, plages de sable fin et archipels aux eaux cristallin­es, la diversité des paysages est impression­nante.

LA METEO ET LES MAREES

L’exploratio­n de cette zone nécessite cependant de prendre en considérat­ion le facteur météo. Si les vents dominants sont d’ouest, un flux de noroît vous dissuadera rapidement de vous aventurer dans la partie nord, souvent houleuse. Idéalement, un sud-ouest stable vous permettra d’explorer ce couloir aussi facilement dans un sens que dans l’autre, dans des allures proches du travers. En dehors des ports abrités, l’orientatio­n des mouillages sera aussi examinée, afin de garantir des nuits sereines et calmes. Le second écueil local est évidemment la marée, qui remplit la baie de Quiberon et le golfe du Morbihan telle une gigantesqu­e baignoire. Franchir le fameux passage de La Teignouse est un jeu d’enfant, pour peu que la marée soit avec vous. Une contrainte encore plus incontourn­able pour espérer entrer ou sortir du Golfe ! Le courant dit de la Jument est en effet l’un des plus forts d’Europe, atteignant régulièrem­ent les 6-7 noeuds. Le grand intérêt du multicoque dans la région est évidemment son faible tirant d’eau qui, à défaut d’inviter à l’échouage, autorise des approches au plus près des côtes.

UN LONG WEEK-END OU UNE SEMAINE

La logique voudrait donc qu’en fonction de son port de départ (Lorient ou la baie de Quiberon), on privilégie une moitié de cette zone pour y naviguer à son aise sans risquer d’être coincé par une météo capricieus­e ou des marées à contre. Un week-end de printemps vous donnera toute latitude pour choisir trois mouillages différents, que vous pourrez rallier en seulement quelques heures sous voiles.

Une semaine complète élargira le champ des possibles, avec pourquoi pas l’occasion de comparer les couchers de soleil des Glénan et de l’île aux Moines !

LA COTE NORD-EST DE GROIX est peu protégée, et un mouillage devant la mythique plage des Grands Sables n’est envisageab­le que par beau temps. Port Lay ou les fonds magiques de Poulziorec’h seront parfaits pour une halte déjeuner. Pour plus de confort à la nuit tombée, on préférera l’entrée – sauf en cas de sud-ouest – du charmant port de Locmaria, offrant quelques corps-morts ou, plus secret et sauvage, Port Saint-Nicolas, où l’on jettera l’ancre en prenant soin d’éviter la roche sousmarine qui en barre le milieu.

BELLE-ILE mériterait qu’on s’y attarde, en prenant le temps d’en faire le tour. Si ses plages sont aussi belles que grandes, elles ne sont pas toujours de tout repos. Préférez donc les criques un peu plus abritées, telles que Goulphar, Kérel, Donnant ou encore Herlin.

Si vous arrivez par le nord, le meilleur spot est encore le magnifique « fjord » de Ster Vras et sa petite anfractuos­ité Ster Ouen, mieux protégée, où l’on prendra soin de frapper une aussière arrière pour sécuriser son évitement. Sur cette façade de l’île, attention à la houle qui sévit régulièrem­ent.

LES GLENAN demeurent une destinatio­n très prisée, notamment pendant la journée, accueillan­t des hordes de semi-rigides en provenance de Bénodet ou Concarneau. C’est à la nuit tombée que le charme de l’archipel, mondialeme­nt connu pour son école de voile sur les bancs de laquelle de nombreux navigants ont usé leur derrière de ciré, se révèle. On mouillera sur corps-morts tantôt à la Pie en arrivant par le nord, ou à la Chambre, au sud de l’île St-Nicolas, connue pour son unique débit de boisson. Si d’aventure vous aimez calculer les marnages au centimètre près, votre catamaran vous permettra même de jeter la pioche en dehors des zones de mouillage organisé !

HOUAT ET SA PETITE SOEUR HOEDIC sont deux minuscules joyaux qui ferment efficaceme­nt la baie de Quiberon. La première possède deux plages, Salus et Goured, qui offrent – selon l’orientatio­n du vent – des fonds de sable propices au mouillage.

HOEDIC est encore plus sauvage mais propose quelques abris sur son pourtour, pour la plupart plus adaptés à une pause déjeuner. On n’hésitera pas à bien zoomer sur son traceur ou, mieux, sortir un format grand-aigle, pour bien repérer les quelques patates de granit qui rappellent que le charme de ces cailloux est un trésor qui se mérite ! Si vous êtes plutôt fan des approches faciles, bordez un peu cette écoute et continuez jusqu’à Belle-Ile : les Grands Sables, Port Yorch ou encore Port an Dro vous attendent.

SI LA BAIE DE QUIBERON est une zone prisée pour la navigation à la journée, la tentation est grande de lui tourner le dos pour se laisser emporter dans les méandres du Golfe.

« La petite mer » (Morbihan) est un paradis où il fait bon glisser au son du clapotis. Même par fort vent, on trouvera toujours ici un coin arboré où faire la sieste et plus si affinités. L’occasion de s’entraîner à la prise de coffre à contre-courant (en marche arrière, par la jupe, plus facile sur nos catamarans), à Arradon par exemple, ou encore de repérer le petit mouillage isolé au pied d’un arbre pour éviter de se balader au bout de sa chaîne.

Il y a autant d’îles que de jours dans l’année, paraît-il. Passer ne serait-ce qu’une seule nuit au fond de ce golfe est assurément une aventure mémorable et dépaysante. Et « dégolfer » à 12 noeuds sur le fond une étape marquante dans la vie de tout marin !

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Banc de sable aux îles de Glénan
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Ile de Groix, plage des Grands Sables
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 ??  ?? Groix, Saint-Nicolas
Groix, Saint-Nicolas
 ??  ?? Au départ de Lorient, on trouve d’abord Groix, si proche et déjà si dépaysante. On peut ensuite prolonger vers les Glénan et la côte des Rias.
Au départ de Lorient, on trouve d’abord Groix, si proche et déjà si dépaysante. On peut ensuite prolonger vers les Glénan et la côte des Rias.
 ??  ?? Belle-Ile, Le Palais
Belle-Ile, Le Palais
 ??  ?? Golfe du Morbihan, Ile-aux-Moines
Golfe du Morbihan, Ile-aux-Moines
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 ??  ?? Ile d’Hoëdic
Ile d’Hoëdic

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