La pose d’un joint d’arbre
Une avarie sur le presse-étoupe et l’arbre d’hélice (à cause d’un tourteau mal serré) nous oblige à remplacer ces deux éléments. Nous en profitons pour installer un joint d’arbre.
ALORS QUE NOUS SOMMES
à quelques encablures du port de Bénodet que nous approchons au moteur, le bateau se met à vibrer et un bruit de choc répété contre la coque retentit. En soulevant les planchers, nous constatons une voie d’eau que la pompe de cale automatique parvient heureusement à étaler. Nous mettons au point mort. Nous terminons la manoeuvre remorqués par un agent du port. Que s’est-il passé ? Nous avons failli perdre l’arbre d’hélice ! Lors de notre dernière intervention sur le presseétoupe (cf. n°260), nous avons sûrement mal resserré le tourteau.
UNE AVARIE QUI AURAIT PU MAL FINIR
C’est lui que l’on entendait taper sur la coque ! Mal assuré, l’arbre d’hélice s’est voilé et le presse-étoupe a bougé, entraînant une voie d’eau. Moralité : remonter le presse-étoupe avec soin, c’est bien. Serrer correctement le tourteau, c’est mieux ! Comme c’est souvent le cas cette avarie, qui aurait pu être très sérieuse en pleine mer, a tout de même été positive. Le diagnostic de l’arbre d’hélice avec un mécanicien professionnel nous a permis de constater un défaut sur le tube d’étambot : une boursouflure à l’intérieur, causée par une soudure extérieure, écrasait la bague hydrolube. Celle-ci a usé prématurément l’arbre d’hélice. L’écrasement empêchait par ailleurs la bonne irrigation du presse-étoupe. L’arbre s’est donc creusé au niveau des tresses par échauffement. Obligés de changer le tourteau (déformé), l’arbre d’hélice (creusé et voilé), la bague hydrolube (usée et écrasée) ainsi que le presse-étoupe (endommagé), nous avons opté, sur les conseils du mécanicien, pour un joint d’arbre en caoutchouc. Ce type de joint se généralise aujourd’hui et se place comme une alternative intéressante entre le presse-étoupe traditionnel et les joints tournants haut de gamme de type PSS (système où l’étanchéité est assurée par une bague tournante en inox qui frotte sur une bague fixe en carbone). Ces derniers n’existant pas pour des arbres d’hélice de 22 mm de diamètre, cette solution était d’emblée exclue. Comparé au presse-étoupe, le joint d’arbre présente plusieurs avantages : il est facile à monter, facile à entretenir (graissage deux à trois fois par saison), ne fuit pas, ne nécessite pas de resserrage, use moins l’arbre d’hélice (friction inférieure) et réduit les vibrations. Il existe deux systèmes équivalents en termes de qualité. Le joint d’arbre Volvo (disponible uniquement pour les arbres de 25 mm) est alimenté en eau par un piquage sur le circuit de refroidissement du moteur (c’est le cas sur les Océanis et les Sun Odyssey) ou par un passe-coque ou une crépine.
Le joint d’arbre Radice nécessite quant à lui le perçage de l’étambot pour augmenter l’alimentation en eau et dispose d’un système de mise à l’air libre (tuyau placé au-dessus de la ligne de flottaison) qui permet une purge automatique lors des sorties d’eau et de l’échouage. Ayant un arbre de 22 mm, nous n’avions d’autre choix que d’opter pour ce dernier. Le constructeur garantit une durée de vie de cinq ans ou 500 heures moteur. Si vous conservez le joint d’arbre au-delà de cette limite (ce qui est déconseillé à cause des risques de fuites), prenez garde à vérifier l’état du caoutchouc.
Des craquellements et/ou une couleur blanchâtre doivent vous alerter.
Le comparateur permet de vérifier l’usure et le voilage de l’arbre d’hélice.