Voile Magazine

Un monde en chantiers

- François-Xavier de Crécy

C’est décidé, puisque les chantiers ne viennent plus à Paris, Cannes ou La Rochelle… c’est nous qui viendrons à eux ! Alors bien sûr, il n’était matérielle­ment pas possible de faire la tournée des grands-ducs de Caen à La Rochelle et de Canet-en-Roussillon à Villefranc­he-sur-Mer. Mais on s’est quand même offert un joli road-trip en Bretagne, Vendée et Charente-Maritime à la rencontre des petits, grands et moyens chantiers navals sans qui, disons-le, nos vies de marins de plaisance seraient bien ternes. Et vous savez quoi ? C’était bien sympathiqu­e de revoir ces profession­nels dans leur antre, au milieu de leurs équipes. C’était passionnan­t de partager un peu de leur quotidien, leurs angoisses d’entreprene­urs, leurs fiertés d’artisans. Leur passion. C’était bluffant de voir à l’oeuvre leur talent, leur énergie et cet optimisme actif sous toutes ses formes : volonté, imaginatio­n, innovation. Evidemment, ce n’est pas simple de traverser cette crise, d’aborder une deuxième saison pour le moins incertaine. Mais ils s’accrochent, les petits chantiers, ils s’arrachent côté commerce et côté atelier, les mains dans la colle, les pieds dans les copeaux et la tête dans les devis ! Ils y croient toujours, et ils ont raison. Car ce qui ressort de cette tournée des constructe­urs, c’est que l’envie de mer, la joie de naviguer sont toujours là. Nous les avons plus que jamais chevillées au corps quelle que soit notre pratique, il n’y avait qu’à voir François Gabart en « prof’ de voile » tout sourire sur le RM 1180 du chantier ! Au plan sanitaire, les vacances en croisière, avec l’équipage qu’on a choisi, ne sont pas perçues comme une activité à risques. Au point que comparé à d’autres loisirs, le bateau apparaîtra­it presque comme une valeur refuge – c’est du moins ce qu’on nous dit chez Dufour où semble régner une certaine euphorie commercial­e. Pas vraiment un petit chantier ? Certes, mais soyez-en sûr : grands et petits sont, sans mauvais jeu de mot, sur le même bateau. C’est ce qu’on appelle un écosystème.

Alors oui, si le Nautic devient virtuel, si le Multihull Show de La Grande Motte est en sursis, on a des raisons d’y croire. Et crise sanitaire ou pas, c’est dit, nous repartiron­s sur la route à la rencontre d’autres artisans du nautisme !

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Après sa journée de travail Mikaël reprend le rabot pour restaurer son plan Cornu de 1949.

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