Voile Magazine

« L’Allemagne à la traîne ! »

Jan Maas est l’un des rédacteurs de la revue nautique allemande Segeln. Nous lui avons demandé en trois questions comment étaient vues la production nautique et la course au large françaises de l’autre côté du Rhin. Eloquent…

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Comment sont perçus les voiliers français en Allemagne ?

Vu d’ici, l’Allemagne semble souvent à la traîne en termes d’innovation et de marché. Vous avez une offre très complète, de telle sorte que l’image de marque française recouvre différents aspects de la voile. En croisière, presque tout le monde a déjà loué et apprécié le confort d’un Jeanneau ou d’un Bénéteau en vacances. Idem pour les multicoque­s. Ils sont de plus en plus populaires pour les personnes qui veulent vivre et travailler à bord. Pour ce qui concerne le haut de gamme, il y a les voiliers de longue distance comme les Amel, qui font aussi beaucoup rêver. Ensuite, on pense aux dériveurs qui sont bien adaptés à l’échouage et au stockage à terre, comme les Feeling dans le passé ou les Allures actuelleme­nt.

De plus, il existe un certain nombre de petits chantiers navals qui proposent des bateaux innovants en petites séries, comme les Mojito. Enfin, pour l’aspect performanc­e, on pense aux bateaux plus sportifs comme les First et les Figaro, les Pogo, JPK… et bien sûr la course au large.

Pourquoi, selon toi, la course au large, notamment en solitaire, reste un sport largement franco-français ? L’Allemagne a un littoral beaucoup plus court que la France. La voile en Allemagne se fait donc en grande partie sur les eaux intérieure­s. Par conséquent, il y a très peu de courses au large. Cependant, Boris Herrmann a bénéficié d’une plus grande couverture médiatique, d’une part grâce aux nouveaux médias qui facilitent la diffusion via les réseaux sociaux, et d’autre part du fait de la pandémie.

En effet, comme la plupart des compétitio­ns sportives ne peuvent pas avoir lieu, ou de manière limitée, il n’y a jamais eu autant de visibilité pour la voile. Ce Vendée Globe peut-il changer la donne ? C’est possible, mais il faudrait que l’exemple de Boris Herrmann soit suivi par d’autres... La voile reste un sport marginal en Allemagne.

Les gens aiment les sports d’équipe comme le football et le handball, et les Jeux olympiques. Les sports que l’on peut suivre à la télé, comme le biathlon ou le saut à skis, sont également populaires. Du coup, il n’est pas forcément évident pour les grandes entreprise­s de s’engager en tant que sponsors. Il n’y a donc pratiqueme­nt pas de profession­nels en Allemagne. Les projets allemands comme Illbrück, qui a remporté la Volvo Ocean Race 2001/02, sont rares. Dans ces cas-là, les entreprene­urs étaient eux-mêmes des marins et donc surmotivés. Enfin, l’Allemagne n’a jamais eu de véritables équipes de course actives dans différente­s classes, comme c’est le cas de Macif ou Banque Populaire en France. Quelles seraient pour toi les marques leaders dans l’équipement ?

Je suppose que Plastimo est la marque française d’équipement la plus connue en Allemagne. Je pense que la plupart des gens l’associent à un équipement à la portée de tous. Cela contraste avec l’image élitiste que la voile a souvent en Allemagne. Récemment, Tribord a semblé suivre un modèle similaire, mais Décathlon n’est pas présent ici depuis assez longtemps pour que la marque soit vraiment connue.

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Jan vient souvent faire des essais en France pour son magazine, Segeln.

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