Voile Magazine

RAIDE DINGUE DE SIMPLICITE

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« TOUT A COMMENCE le jour où j’ai eu des enfants ! Je faisais du raid en cata de sport et j’ai voulu continuer avec eux. Alors j’ai bricolé un trimaran, plus stable, pas vraiment habitable, je dirais abritable… ». Nous sommes en 1998, le trimaran en question a une coque centrale originale et deux flotteurs empruntés à un Formule 18. Une constructi­on en amateur ? Difficile de faire dire à Antoine son niveau d’expertise d’alors. Le patron est discret et il parle mieux de ses Tricat que de lui-même. Il a beau dire qu’avant la création de ce chantier la voile n’était qu’un loisir, on comprend qu’enfant, toutes ses vacances se passaient sur l’eau. C’est sur un Sun Fizz qu’il a tenu ses premiers quarts quand la famille faisait route vers l’Ecosse ou le Spitzberg. Une école de la navigation à l’ancienne. « On naviguait à l’astro. Il faut avouer qu’on subissait beaucoup la météo. Je me souviens d’une navigation vers la Norvège pendant laquelle on est montés plusieurs jours avec la dépression ! Aujourd’hui, ça n’arrive plus. On décale son départ, au pire on incline sa route ». Une formation au contact des éléments qui laisse à Antoine le goût de la simplicité que l’on retrouve dans la conception de ses trimarans. Car après ses navigation­s astro sur le Sun Fizz, Antoine a suivi sa bonne étoile dans la Mini-Transat d’abord en Serpentair­e (1985) puis sur un proto Berret (1991). Equipement minimum, vitesse, on comprend vite d’où vient l’ADN du chantier Tricat. Alors après la bricole du premier trimaran, Antoine cogite sérieuseme­nt le Tricat 22. « Il ne correspond­ait à rien d’existant. Juste à mon envie d’un multicoque démontable, transporta­ble, performant ». Attention, ce n’est pas un coup de bluff. « Je suis plutôt lent à la réflexion. Il me faut deux ou trois ans pour mûrir un nouveau modèle. Est-ce que ça a du sens ? Est-ce attendu sur le marché ? Quelle technique mettre en place ? » Evidemment, après le succès du 22 (38 modèles vendus), il a fallu construire une gamme. « On ne réfléchit plus selon ses envies mais selon le marché : un 25 pieds puis un 30. Mon bonheur est de voir que, de bouche à oreille, les compliment­s me reviennent. La performanc­e et la qualité des Tricat sont désormais un acquis, en revanche il faut encore expliquer que ce n’est pas compliqué ni moins confortabl­e de naviguer en trimaran ». Son souhait, son rêve ? « Un tour de l’Atlantique en Tricat 30, avec peut-être un détour par la Patagonie, le Brésil. Les équipement­s (routage, Iridium, etc.) permettent désormais d’envisager des navigation­s impossible­s quand j’étais plus jeune. » C’est vrai que ça donne bien envie son histoire… Depuis 2003, Vannes

Fondateur et patron actuel : Antoine Houdet Matériaux de prédilecti­on : la fibre de verre et le carbone

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Antoine entouré de ses rouleaux de fibre de verre ou de carbone, qui vont draper les Tricat.

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