Voile Magazine

ELLE EST GONFLEE

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Depuis 2012, Vannes Fondateurs et dirigeants : Marion Excoffon, Emmanuel Bertrand

Matériaux de prédilecti­on : le Drop Stich

C’EST L’HISTOIRE D’UNE FILLE

à qui l’on refuse de prêter le First 30 familial et qui imagine alors son propre voilier... Fallait pas la mettre au défi ! Marion sort d’une école de design, ce qui l’habite c’est l’analyse, le prototypag­e, l’équation irrésolue, l’écueil à contourner, à détourner, à utiliser. Il y a quelque chose qui relève d’un art martial dans sa démarche : utiliser les forces et les faiblesses de la matière pour mieux résoudre son équation et aboutir au résultat escompté. Evidemment, ça demande du temps, de la réflexion et le Tiwal qui en découle incarne alors le parfait exemple de l’innovation faussement simple et qui paraît pourtant évidente. Mais remontons le fil du Drop Stich, ce fil ou plutôt cette multitude de filaments reliant les deux peaux d’une chambre à air et permettant de sortir des structures gonflables d’une étonnante rigidité. Une innovation qui a révolution­né nos loisirs nautiques, mais qui est, soit dit en passant, issue de l’industrie militaire puisqu’il s’agissait de concevoir des ponts de campagne gonflables... Bref, si la technologi­e gonflable est au coeur du produit imaginé par Marion, il n’en est pas aux fondements. « Je n’avais aucun avis sur le comment. Pendant mes études de design, j’ai appris à raisonner usage et problémati­que client. » Je veux faire de la voile, mais ce n’est ni simple ni rapide : il faut stocker, transporte­r, gréer et mettre à l’eau son voilier. En somme, avant de prendre du plaisir, faire de la voile c’est beaucoup d’emmerdes. « Mes premières recherches ont été pour le pliable, le démontable, le transporta­ble. En même temps se développai­ent les premiers paddles gonflables. Zodiac avait rassuré. Les paddles allaient séduire. Sauf que moi je ne voulais pas d’une forme simple, plate, mais d’une carène en V avec une hydrodynam­ique qui va bien ! » Voici l’innovation majeure du Tiwal ou plutôt des Tiwal, puisque le chantier en produit désormais deux. Très proche, usant du même principe, l’idée est de permettre une évolution des usages. Du plus simple : une carène gonflable, une voile, pas de bôme au plus performant (offrant bientôt les mêmes outils de réglage qu’un dériveur classique). Un produit techniquem­ent très bien pensé par Marion et commercial­ement très bien orchestré par son compagnon Emmanuel. Ensemble, ils passent du prototype au produit finalisé, en prenant le temps de peaufiner les détails. Car là-dessus Marion ne plaisante pas : « Pour le Tiwal 2 j’avais loué un gîte sur l’île de Groix. En 48 heures j’avais dessiné à la craie sur le sol, étalé des matières un peu partout, transformé l’évier de la cuisine en bassin de carène ! Le plus dur c’est de finir la conception, d’arrêter de cogiter ». Pourtant, dans l’après-conception Marion avoue trouver son autre passion : l’industrial­isation et l’échange avec tous les fournisseu­rs régionaux (seule la coque est importée). De nouvelles équations sont à résoudre pour optimiser la fabricatio­n, minimiser les coûts, sans devoir revoir l’âme du produit. « J’apprends en permanence, et c’est de nos discussion­s dans l’atelier que les solutions émergent». Le Tiwal, fruit de toute cette matière grise est-il le bateau idéal ? « Ah non, ce serait trop nul ! Je n’aurais plus rien à faire. »

L’intelligen­ce d’un produit est dans le détail, ça m’obsède !

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Marion, ingénieuse designeuse cogite, perfection­ne, dépose ses brevets et s’amuse avant toute chose !

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