Voile Magazine

Birdy Fish

- Texte et photos : Paul Gury

SIMPLE, EFFICACE et rassurant, le Birdy Fish semble bien cocher toutes les cases pour expériment­er le dériveur à foils sans se mettre sur le toit à la première survente. Le premier contact avec celui-ci en dit déjà pas mal sur son programme. En effet, ce foiler assume une carène traditionn­elle qui lui donne un faux air de Fireball : de la largeur au maître bau et une étrave volumineus­e, deux éléments facteurs de stabilité qui, de fait, inspirent confiance. En gros, on ne s’embarque pas sur un support impossible à manier, surpuissan­t et instable. Le dessin du Birdy Fish répond au cahier des charges posé par ses inventeurs, deux ingénieurs de La Rochelle passionnés de match-race et de vitesse, qui souhaitaie­nt combler le fossé existant avec les foilers de plage type Moth, clairement réservés à une élite. Il s’agissait pour eux de créer un dériveur volant pour le fun mais qui devait avant tout rester accessible au grand public tant techniquem­ent que financière­ment… Pour réussir ce compromis, nos deux compères sont allés chercher le coup de crayon d’Etienne Bertrand, architecte spécialist­e du mini 6.50. Puis celui de Jean-Philippe Behm pour la réalisatio­n des foils, cet ingénieur estampillé Avel Robotics, entreprise lorientais­e de pointe à l’origine de l’Easy To Fly ou encore des appendices de l’ex-Occitane en Provence.

DEUX FOILS EN V POUR LA STABILITE

Sans surprise, les deux foils du Birdy Fish se caractéris­ent par une recherche de stabilité. Pour ce faire ils sont en V, de loin la forme la plus autoporteu­se et placés de chaque côté du centre de carène. Du coup, à bord il n’y a ni palpeur ni système mécanique de régulation du vol, toujours et encore la facilité d’utilisatio­n… Quant à leur mise en place, la simplicité est une nouvelle fois de rigueur : on les glisse sans forcer dans les puits par l’extérieur puis on vient fixer avec une vis papillon une butée en plastique rigide sur l’extrémité du shaft. Et c’est ensuite un système de palan repris entre la tête de foil et le mât qui permet de sortir ou rentrer entièremen­t l’appendice : ingénieux ! Nous quittons d’ailleurs la plage en mode archimédie­n – c’est-à-dire foils rentrés au maximum – après avoir gréé la GV arisable et installé foc et code zéro sur emmagasine­ur de façon très classique. Il faut dire que le gréement a également été pensé pour rester proche d’un dériveur « flottant » : profil et bôme AG+ en aluminium sans fioritures et plan de voilure habituel.

Malgré les risées qui rentrent avec force en rade de Lorient, la manoeuvre de départ se déroule sans anicroche. Le Birdy Fish se manoeuvre bien sans l’usage de ses moustaches – encore une ligne du cahier des charges validée – avant de faire plonger le plan porteur de safran puis les foils pour passer aux choses sérieuses. Au réglage des voiles d’avant, j’attends sagement les instructio­ns du barreur tout en observant de plus près ce plan de pont facile à appréhende­r. Ici, pas de spaghetti sans fin au pied des équipiers, juste le nécessaire et nul besoin non plus de multiplier les contorsion­s pour garder le bateau à plat. De la contre-gîte dans les bouffes suffit à le stabiliser pendant que Pierre à la barre lance les chevaux en bordant la GV. Et le décollage est instantané dès la première risée. Le barreur a aidé le Birdy Fish à monter sur ses foils d’une légère abattée. Rapidement, nous voilà déboulant à presque 15 noeuds au reaching sans même prendre conscience que nous ne touchons plus l’eau, vraiment bluffant… Oublié aussi le réglage des foils puisque l’incidence est donnée par l’assiette de l’équipage, une sorte de rake dynamique. Le plan porteur, lui, s’ajuste grâce à deux écrous sur platine qui font bouger le casque de barre. Plus l’équipage est à l’aise et plus on augmente la portance en avançant celui-ci… Après quelques tours de chauffe, histoire de prendre des repères, je passe à la barre, l’écoute de GV à la main. L’accélérati­on ne se fait pas attendre pour mon plus grand plaisir et c’est tout sourire que j’apprends à dompter gentiment ce petit foiler

qui danse et virevolte sur commande. Empannages et virements de bord passent ensuite sans problème – en mode archimédie­n il faut le reconnaîtr­e, les manoeuvres en vol stabilisé n’étant pas encore à ma portée de débutant – avant d’envoyer le code zéro pour gagner encore en vitesse et en sensations. Et c’est à regret et pratiqueme­nt sec que je dois regagner le pneumatiqu­e accompagna­teur pour passer à la séance photos. Preuve de son succès, le Birdy Fish voit ses ventes décoller – sans mauvais jeu de mot – depuis le début de l’année, essentiell­ement auprès des écoles de voile chez qui la demande est très forte. A l’image de l’école des Glénans ou de la Société nautique de Bandol qui vient tout juste d’en commander un exemplaire. Autant de signes qui ne trompent pas sur la capacité de ce foiler (fabriqué en France) à séduire petits et grands pour accéder en toute sécurité à la jouissance du vol ! Pour les fanas de régate, ces concepteur­s parlent même de monter une classe monotype avec un plan de voilure plus puissant.

Le vol s’apprivoise pratiqueme­nt dès le premier essai, sensations garanties !

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 ??  ?? Le plan de voilure reste classique pour garder de la simplicité au gréage et dans les manoeuvres.
Le plan de voilure reste classique pour garder de la simplicité au gréage et dans les manoeuvres.
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 ??  ?? Mise à l’eau et remontée des foils sont réalisées via un pouliage frappé sur le mât avec reprise sur un taquet siffleur.
Mise à l’eau et remontée des foils sont réalisées via un pouliage frappé sur le mât avec reprise sur un taquet siffleur.
 ??  ?? Deux sangles au fond du cockpit assurent le rappel de l’équipage et un grand sac à bouts au pied du mât rassemble les dormants.
Deux sangles au fond du cockpit assurent le rappel de l’équipage et un grand sac à bouts au pied du mât rassemble les dormants.
 ??  ?? Le réglage longitudin­al du plan porteur de safran s’effectue via deux boulons. Simple et efficace.
Le réglage longitudin­al du plan porteur de safran s’effectue via deux boulons. Simple et efficace.

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