Voile Magazine

Un nouveau cycle ?

- François-Xavier de Crécy

On disait la pratique de la voile déclinante, vieillissa­nte. La croisière reléguée au rang de promène-couillons dans des cockpits matelassés, avec à la barre des skippers d’opérette naviguant les yeux rivés sur leurs écrans multifonct­ions… Eh bien, bonne nouvelle, on se trompait ! Paradoxale­ment, la crise sanitaire semble avoir donné un sacré coup de fouet au marché, mais aussi à la pratique de la voile. Que ce soit pour le grand public, à travers un Vendée Globe plus suivi que jamais, pour ceux qui s’étaient un peu éloignés de la mer et qui y reviennent – comme en témoignent les chiffres hallucinan­ts des plateforme­s de location en tout genre –, ou pour des acheteurs de voiliers qui n’étaient pas ou plus dans les radars des constructe­urs. Après les trois vagues pandémique­s, la quatrième sera nautique et elle est déjà spectacula­ire ! Il ne s’agit pas seulement de fièvre acheteuse ou de grand défouloir post-Covid. Les écoles de croisière font le plein. Même privés de leurs rendez-vous habituels, les régatiers se retrouvent sur des parcours informels à l’image de « L’Armen des potes » (voir p. 28) en attendant le grand rendez-vous de la Transquadr­a qui partira le 13 août, juste après une Fastnet Race qui s’annonce exceptionn­elle…

Plus modestemen­t mais irriguée par la même passion, notre Rubi’s Cup a aussi fait le plein de participan­ts, et à l’heure où j’écris ces lignes, toute l’équipe a hâte de se joindre à la flotte autour de l’île de Groix. Mais dans ce cas précis, oubliez l’effet Covid ou l’euphorie de la belle saison, c’est bien le souvenir vivace de l’ami Rubi – Bernard Rubinstein – qui fédère des passionnés de tous bords. Ses proches et ses copains, bien sûr, mais aussi des lecteurs de Voile Mag, des sympathisa­nts anonymes, et c’est d’autant plus touchant. Les plaisancie­rs de sa génération ont connu l’âge d’or du nautisme, on l’a bien compris depuis le temps qu’ils nous racontent au coin du feu les salons nautiques de la grande époque… Mais qui sait, peut-être sommes-nous au début d’un nouveau cycle encore plus brillant. Peut-être le fameux « monde d’après » a-t-il besoin d’un nautisme comme on l’aime, pratiqué intelligem­ment, faisant appel à la sensibilit­é comme à l’intelligen­ce et à la dextérité physique, respectueu­x des grands équilibres naturels. Une pratique qui nous tient connectés à la mer et aux éléments, pleinement vivants, loin des écrans et des fâcheux… C’est tout le mal qu’on vous souhaite pour cet été, l’écoute entre les dents et les orteils sur la barre !

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Vers une pratique rajeunie sur les petits bateaux ? Ici à Lampaul, île d’Ouessant.

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