Voile Magazine

Grand format

Tricat 6.90

- Texte : F.-X. de Crécy. Photos : François Van Malleghem et l’auteur.

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Depuis près de vingt ans qu’il conçoit, construit et commercial­ise des trimarans repliables, Antoine Houdet a acquis une certaine expérience de ce type de week-enders survitamin­és. Expérience qui trouve ici une synthèse excitante, validée en mer et au bivouac.

MEME SI LA CRISE SANITAIRE

n’a jamais arrêté la production du chantier Tricat, Antoine Houdet, son patron, présente volontiers son petit dernier comme un bébé du confinemen­t. Peut-être parce que le ralentisse­ment de la vie sociale et économique s’est avéré propice à une réflexion plus approfondi­e sur la vocation de ces trimarans de poche réputés coûteux, et à la remise en question de certaines routines de conception. De fait, en découvrant le Tricat 6.90 à son mouillage d’Arradon, on est d’abord frappé par ce qui change, en particulie­r le cockpit dégagé et le volume de ce rouf très épaulé, très vitré, qui abrite un espace de vie étonnant. Mais quand la grand-voile est en tête, qu’on déroule le génois et qu’on tire la barre, on apprécie immédiatem­ent ce qui ne change pas sur ce Tricat : l’agilité, la facilité et une capacité d’accélérati­on qui donne tout de suite la banane à l’équipage. C’est un fait ! La justesse de ce bateau, nous la ressentons dans nos os dès les premiers bords.

PREMIERE SURVENTE, LES ETRAVES SIFFLENT

La première survente attrapée à l’approche de l’île de la Jument nous prend au dépourvu pour notre plus grand plaisir. On ne touche à rien, les étraves sifflent mais s’enfoncent à peine, les flotteurs à fond plat jouant pleinement leur rôle de « lift ». Plus on va vite, plus leur portance dynamique prend le pas sur la « simple » flottabili­té. Il est vrai que Jack Michal, qui dessine les carènes des Tricat depuis le début, est bien placé pour suivre ce qui se fait dans la course au large : il travaille au bureau d’études de Multiplast. De risées en veines de courant, nous sommes vite en sortie de golfe, entre Locmariaqu­er et Port-Navalo. L’intérêt de ce terrain de jeu, outre sa beauté changeante et ses courants ludiques, c’est qu’avec ce vent irrégulier on va vite « plusieurs fois par jour », façon de rappeler que comme dans les sports mécaniques, le plaisir n’est pas tant dans la vitesse que dans l’accélérati­on. Et de ce côté-là, notre Tricat en a sous le capot… une vraie mobylette ! Son secret, c’est la rigidité de la plateforme, notamment dans le plan latéral avec ses raidisseur­s de bras.

Parce que la plateforme est raide, les surventes sont immédiatem­ent converties en vitesse pour notre plus grand plaisir. Le plan de voilure, peu élancé, utilise toute la longueur du bateau avec un pied de mât plutôt avancé et une bôme très longue. Une logique qui prend plutôt à rebrousse-poil celle des multicoque­s de course au large d’aujourd’hui, avec leur grand-voile reculée, très élancée et leurs grands triangles avant. L’explicatio­n ? Antoine la fournit avec son flegme pragmatiqu­e coutumier : l’emplacemen­t du pied de mât est dicté par la structure du bateau, et la volonté d’avoir une bôme aussi légère que possible implique de lui imposer peu de contrainte. Donc d’aligner le point de tire de la grand-voile, son palan et la barre d’écoute. Ce qui fut fait, et ça fonctionne à merveille ! On pourrait craindre qu’une grand-voile à bordure aussi longue ne fasse un bateau ardent, ou en tout cas nécessitan­t une constante régulation à l’écoute : ce n’est pas le cas, le bateau est équilibré, tolérant, la barre reste douce. Sensible à la tension de la grand-voile, comme sur tous les bateaux, mais pas plus que cela. Certes, la bôme assez basse impose un peu de gymnastiqu­e au louvoyage. Mais sur le long bord qui nous mène vers la pointe de Saint-Jacques, on s’en soucie peu. On profite surtout des jolies pointes de vitesses que nous offre le Tricat sous son gennaker. Envoyé à la volée sous forme de boudin, il a été déroulé en un clin d’oeil et sera affalé de même. C’est aussi cela, le bonheur des petits bateaux : rien n’est dur, rien n’est compliqué. D’autant qu’Antoine s’est ingénié à simplifier le plan

En approche de la cale de Penerf, flotteur dûment protégé !

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 ??  ?? Devant Port-Navalo, le Tricat arrive lancé et se joue du jusant.
Devant Port-Navalo, le Tricat arrive lancé et se joue du jusant.
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 ??  ?? Le gennaker sur emmagasine­ur, c’est simple comme un coup de drosse.
Le gennaker sur emmagasine­ur, c’est simple comme un coup de drosse.

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