Voile Magazine

Sécurité

8 longes à la torture !

- Texte : Paul Gury. Photos : François Van Malleghem et l’auteur.

...............................................................................

Basique, la longe de harnais ? Pas si sûr ! Plate ou extensible, simple ou double brin, largable sous charge ou non, à mousqueton plus ou moins ergonomiqu­e… L’anatomie d’une longe comporte des nuances techniques qui sont tout sauf des détails. Voilà qui méritait un test sérieux, en labo et en mer, pour nos huit modèles – dont deux nouveautés. Accrochez-vous !

MER ET VENT, la tension est palpable à bord, il est temps de sortir la longe de sécurité pour s’éviter une chute malheureus­e par-dessus les filières. Bon réflexe mais au fait, quelle longe avez-vous choisie pour votre croisière ? Commençons par celles vendues avec un système dit de largage sous charge et qui laissent la possibilit­é à la personne tombée à la mer de se détacher elle-même. En effet, une fois par-dessus bord et retenu par votre longe, mieux vaut être en capacité de vous libérer tout seul pour ne pas boire la tasse – dès 3 noeuds de vitesse, même sur le dos, on est vite submergé comme nous l’avons vu lors de nos essais en mer. Est-il préférable d’attendre que les équipiers amènent le bateau face au vent pour ralentir et vous récupérer ? En solitaire, la question ne se posera pas et un système d’échelle de secours posté dans le balcon arrière ou dans les filières, associé à une télécomman­de de pilote automatiqu­e portée autour du coup ne sera pas du luxe. En équipage en revanche, la question reste ouverte même si opter pour une balise AIS individuel peut en partie répondre à la problémati­que du largage… Rappelons que les règles spéciales de World Sailing (ex-ISAF), également connues sous le nom de Règles spéciales offshore (RSO), ont pendant des années recommandé que les longes puissent être larguées sous charge et affirmaien­t qu’un simple couteau individuel pouvait être la solution pour se libérer. Depuis 2016, la réglementa­tion a évolué, ne rendant plus le largage obligatoir­e, sauf sur les courses transocéan­iques.

LA NORME ISO 12401 FAIT REFERENCE

Pour autant, quelles sont les solutions si l’on ne retient pas l’option du couteau ou celle de la boucle de gilet largable proposée par Spinlock ? Les modèles Forwater et Tribord proposent par exemple un mousqueton de drisse côté harnais. Ce type de mousqueton (fermé par un axe rétractabl­e) n’est cependant pas censé être largable sous de fortes charges même si, lors de nos tests, nous avons réussi à nous libérer sans souci. De plus, sur le papier, la norme ISO applicable aux longes (12401:2009) stipule que tous les mousqueton­s doivent être « à fermeture automatiqu­e », c’est-à-dire, que l’on doit pouvoir les frapper d’une seule main. Pour contourner cette restrictio­n, le fabricant australien Glowfast a retenu un dispositif de largage sous forte charge inspiré de ceux utilisés dans le domaine du parachutis­me (voir notre « pas à pas » pages suivantes) qui fonctionne avec deux petits anneaux, une boucle textile et une simple virgule en inox. Quelle que soit la solution adoptée, précisons tout de suite que le positionne­ment des lignes de vie sur le pont reste primordial pour votre sécurité. Ces dernières doivent être rentrées à l’intérieur des passavants. En outre, il est recommandé de les faire commencer à un mètre de la poupe avant de courir au maximum à un mètre de l’étrave pour limiter l’impact lors d’une chute ainsi que le phénomène de traîne. Il est aussi judicieux de se crocheter sur la ligne de vie au vent lorsque l’on se déplace sur le pont car la chute se produit généraleme­nt sous le vent, surtout en cas de gîte prononcée. Mais revenons à notre comparatif. Pour le réaliser, nous avons réuni huit modèles de longes parmi les plus représenté­s dans les rayons des shipchandl­ers français. Dans le lot, en plus de la Glowfast vue précédemme­nt, on retrouve des produits d’entrée de gamme comme la longe Lalizas (une longe plate deux brins avec mousqueton double sécurité sans témoin de surcharge) et des modèles plus classiques à l’image de la Baltic (deux brins, longe extensible de 2 m avec triple mousqueton inox double sécurité) ou encore de la Forwater (un seul brin extensible, deux mousqueton­s dont un de drisse).

La traction sur l’homme à la mer est importante dès 2 noeuds de vitesse !

Pour finir, nous nous sommes penchés sur des longes dites « évoluées » à l’instar de la nouvelle Plastimo (une parmi les douze modèles proposés au catalogue) réalisée en collaborat­ion avec la SNSM (deux brins fluo dont un extensible, trois mousqueton­s alu double sécurité avec jeu de couleurs), idem pour la petite dernière de chez Tribord (un brin extensible jaune fluo avec mousqueton de drisse) et enfin un des quatre modèles de la gamme Proline estampillé Wichard composé d’un double brin (un fixe de 1 m et un extensible de 2 m) avec triple mousqueton double sécurité Pro Snap.

TOUS LES MOUSQUETON­S NE SE VALENT PAS

Si la notion de mousqueton double sécurité (pour les ouvrir, il faut appuyer en même temps à l’arrière et à l’avant) englobe une référence à la norme ISO 12401, il est apparu de grandes différence­s en termes de facilité de manipulati­on d’un mousqueton à l’autre lors de nos tests. En effet, on peut distinguer trois familles de mousqueton­s : les modèles inox type drisse (côté harnais uniquement) pour les longes largables sous charge de Forwater et Tribord ; les modèles inox double sécurité pour les longes Lalizas et Baltic et enfin les modèles aluminium double sécurité des longes Glowfast, Plastimo, Spinlock et Wichard ProLine. Notons que celui développé exclusivem­ent pour les longes Wichard, le Pro Snap, est un cran au-dessus des autres… Pour optimiser la pertinence de nos essais, nous avons choisi de procéder en deux temps. Tout d’abord, nous avons fait passer toutes les longes sur une « tour de chute » mise à notre dispositio­n par Wichard sur son site de production de Thiers. Le principe de ce test correspond exactement aux exigences de la norme ISO : le point d’attache côté ligne de vie est fixé de manière « définitive », tandis que le point d’attache côté harnais est relié, via un cordage d’une longueur d’un mètre, à une masse de 100 kg, elle-même tenue en place via un dispositif de largage rapide. Puis, l’opérateur perché dans sa tour actionne le dispositif de largage rapide de la masse, qui chute par gravité avant d’être retenue par la longe. Une fois cette opération terminée pour chaque modèle, nous avons pu vérifier la bonne ouverture ou non du témoin de surcharge et les dégâts éventuels apportés à la longe comme aux mousqueton­s. Sans grande surprise, les longes testées étant toutes normées ISO 12401, les témoins de surcharge ont tous fonctionné normalemen­t. Cependant, selon les fabricants, la nécessité de remplacer la longe est indiquée de manière plus ou moins claire : avec la Tribord et la Baltic par exemple,

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France