Voile Magazine

Impression 3D

L’accastilla­ge maison (ép. 1)

- Texte, photos et illustrati­ons : Jean-Yves Poirier.

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L’IMPRESSION 3D est une technique de fabricatio­n à peine trentenair­e et il ne se passe guère de mois sans que de nouveaux procédés ou matériaux apparaisse­nt sur le marché. Adaptée à une très large gamme de matériaux, du métal au béton en passant par les polymères et les cellules-souches, elle sait fabriquer des objets à n’importe quelle échelle, du nanomètre à la taille d’une habitation ! Elle fait partie de la famille des techniques de fabricatio­n additives, où le matériau de constructi­on est déposé à sa place et en quantité définitive, à l’image des couches de stratifié d’un bordé. Par opposition, les techniques d’usinage sont dites soustracti­ves, qui procèdent par enlèvement de matière pour obtenir une pièce finie, à la manière du menuisier qui rabote une pièce de bois, la scie ou la perce. Cette différence fondamenta­le impose une méthodolog­ie spécifique à l’impression 3D car, à la différence de l’artisan qui peut, à partir de ses plans et croquis papier, ajuster ou modifier tout ou partie de son travail, les techniques additives exigent de définir, à l’avance et avec la plus grande précision, la géométrie complète de la pièce dans ses trois dimensions. Toute modificati­on ultérieure, de dimensionn­ement par exemple, exigera un nouveau modèle et une nouvelle fabricatio­n. Il s’agit là d’une contrainte majeure à ne pas oublier, car le processus d’impression lui-même est lent, des heures, voire des dizaines d’heures restant encore nécessaire­s pour obtenir une pièce finie,

même de petite taille… Dans le monde effervesce­nt de l’impression 3D, les seules techniques accessible­s au particulie­r sont celles des premiers brevets, déposés dans les années 1980, appelés SLA et FDM.

LES TECHNIQUES D’IMPRESSION

Le SLA (pour StereoLith­ogrAphy) repose sur le principe de photopolym­érisation (durcisseme­nt à la lumière) d’une résine sensible au rayonnemen­t ultraviole­t émis par un faisceau laser (un procédé couramment mis en oeuvre par les chirurgien­s-dentistes). Orienté par un jeu de miroirs ultra-précis, il balaie la surface de la résine qui durcit instantané­ment sous l’effet de la lumière. La surface de résine se déplace alors verticalem­ent d’une fraction de millimètre, préalable à un nouveau balayage du laser. Couche après couche, la machine finit par reconstitu­er l’ensemble du modèle. Sur les imprimante­s grand public, l’objet est fabriqué tête en bas, à l’aide d’un bac de résine doté d’un fond transparen­t et d’un plateau support inversé se déplaçant de bas en haut. L’avantage de cette solution est de pouvoir fabriquer une pièce d’une hauteur supérieure à celle du bac et donc de minimiser le volume de résine, le coût d’impression et celui de l’appareil. Bien adapté aux formes complexes, le SLA offre une résolution micrométri­que permettant d’obtenir des détails très fins et un excellent état de surface. Mais le prix des matériaux reste élevé (de 50 à 200 € le kilo), le nettoyage du bac en post-traitement est long, nocif et coûteux en solvants (de 10 à 20 € le litre). L’installati­on des imprimante­s doit en outre répondre à des exigences spécifique­s en matière de stabilité, de résistance aux vibrations parasites et de nivellemen­t. Le FDM (pour Fused Deposition Modeling, litt. Modelage par dépôt de matière fondue) a été inventé en 1988 par Scott Crump, fondateur de Stratasys, actuel leader mondial de l’impression 3D, qui souhaitait fabriquer un jouet pour sa fille à l’aide d’un pistolet à colle chaude. Le procédé, le plus simple de la fabricatio­n additive, repose sur trois éléments principaux : un plateau mobile chauffant, une buse mobile chauffante (généraleme­nt appelée extrudeur) et un filament thermoplas­tique en bobine. Introduit dans l’extrudeur à l’aide d’un entraîneur mécanique asservi, le filament solide est amené à un point de fusion semi-liquide (aux alentours de 200°C) qui permet de déposer

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 ??  ?? Aucun perçage n’a été nécessaire pour imprimer cette grille d’aération, la matière étant déposée en quantité exacte autour des trous.
Aucun perçage n’a été nécessaire pour imprimer cette grille d’aération, la matière étant déposée en quantité exacte autour des trous.
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La relative simplicité de la technologi­e FDM a permis de développer des machines à un prix abordable au grand public.
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Grâce à son extrême finesse, l’impression SLA trouve un débouché naturel dans l’industrie, le monde médical ou la bijouterie pour le prototypag­e de pièces ou de prothèses.

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