Voile Magazine

La bataille de la Manche

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Imaginez 80 embarcatio­ns, lancées à travers le Channel.

Une opération commando menée par des non-marins sous le commandeme­nt impératif de passeurs criminels suivant la technique bien rodée de la saturation du plan d’eau dès que le temps est clair. Une opération digne de la Grande Guerre : à la fin, il en passera bien quelquesun­s… Beau temps, belle mer.

L’expression est désormais un triste présage pour les sauveteurs français et anglais.

Des navires qui – on n’ose en douter – répondent à la totalité des appels de détresse. Mais la simultanéi­té des détresses génère la confusion : comment savoir si l’on secourt l’embarcatio­n qui a émis la détresse ? S’il n’y a pas une autre embarcatio­n non repérée, plus repérable… A la détresse des migrants, s’ajoute alors la détresse psychologi­que des sauveteurs qui repêchent aujourd’hui le corps inerte de celui ou celle qui avait parfois été sauvé quelques semaines plus tôt. Des sauveteurs dont les tâches dépassent aujourd’hui leur mission initiale et dont le manque de moyens se fait plus criant. On ne peut ignorer que la quasi-totalité des opérations de la SMSM ou de l’Abeille Languedoc, pour ne citer qu’eux, est consacrée au sauvetage des migrants. La solution ne nous appartient pas. Mais il faut témoigner de cette bataille éreintante que mènent nos sauveteurs en mer et dont on vous épargne les statistiqu­es macabres. Que faire ? A terre : s’en émouvoir, soutenir et encourager les stations placées en première ligne. En mer : alerter, rester en veille et éventuelle­ment offrir le secours de son radeau de sauvetage.

Voici le triste quotidien des interventi­ons en Manche.

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